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G20 : le yuan, nouveau dollar
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De Bretton Woods à Nankin

Réformer le système monétaire international. Voilà l'un des objectifs du G20 qui se tient actuellement en Chine. La suprématie du dollar pourrait être remise en cause au profit de la monnaie chinoise.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Au début de l’année 2011, la Banque de la République populaire de Chine, la Banque du Japon et la Banque de Russie possédaient respectivement 2600, 1100 et 485 milliards de réserves de changes, principalement en dollar. Ce schéma, dit de Bretton Woods II, dans lequel les pays exportateurs ont massivement acheté des dollars, contribuant au maintien du billet vert comme monnaie de référence, est désormais sur la sellette. Lui trouver un successeur est sur toutes les lèvres.

La présidence française du G20 a obtenu, de haute lutte, la tenue d’un séminaire ce jeudi 31 mars, à Nankin, rassemblant les dirigeants des pays membres autour du sujet des flux de capitaux et de la réforme du système monétaire international. Mais, après tout, pourquoi s’inquiéter de ces gigantesques réserves de change ? Car elles sont le signal d’une inquiétante tendance de l’économie mondiale.

La balance commerciale est très négative aux Etats-Unis et dans d’autres économies matures (Espagne, France, Italie, Royaume-Uni…) alors que les pays exportateurs n’ont jamais été aussi riches. Les raisons de ces déséquilibres persistants sont d’abord et avant tout de nature politique. Les dirigeants chinois savent que les exportations sont nécessaires pour absorber les capacités productives du pays et fournir des emplois. Et pour cela, ils maintiennent le taux du yuan artificiellement bas, propre à améliorer la compétitivité de leurs produits et donc favoriser ces exportations.

L'inflation gagne la Chine

Il y a un mois à Paris les dirigeants du G20 ont établi une liste de critères pour évaluer l’ampleur des déséquilibres, mais ceux-ci ne sont pas contraignants et personne n’ose contrarier les autorités chinoises en mettant résolument le problème des déséquilibres sur la table. Pourtant la situation se tend aussi en Chine, vers laquelle se dirigent massivement des capitaux spéculatifs qui cherchent des rendements plus élevés qu’en Occident, ce qui génère de l’inflation et in fine du mécontentement social.

L’Empire du milieu a commencé à réagir dès 2010, en essayant de stimuler la demande intérieure en remplacement des exportations comme moteur de la croissance. En juillet 2010, sous la pression internationale, elle a accepté que le yuan puisse flotter de 0,5% par jour. Puis en janvier 2011, elle a autorisé les entreprises américaines à acheter et vendre des yuans, bien que dans des volumes faibles.

Le temps presse

Mais le géant avance à pas comptés. En l’absence de mouvement d’ampleur sur le thème de la protection sociale, l’épargne publique chinoise restera élevée et la consommation intérieure ne pourra décoller [1]. Pire encore, à Nankin, aujourd’hui, ne siègeront pas les instances les plus influentes du pays, et le vice Premier ministre, Wang Qishan, ne restera même pas toute la journée à ce séminaire.

Or le temps manque. En l’absence de réaction, l’ajustement brutal viendra et il se traduira par des conséquences dramatiques. L’idée d’élargir le panier des monnaies de référence qu’utilise le FMI, aujourd’hui, le dollar, l'euro, le yen et la livre britannique, aux monnaies de pays émergents comme la Chine n’est assurément pas suffisante. L’Europe est hors jeu affirment les analystes anglo-saxon, et bien il est temps que le couple Etats-Unis / Chine, ce fameux G2, assume les responsabilités qui lui incombent.


[1] Rappelons-nous qu’à Taiwan en 2002, la création d’une assurance maladie publique a permis de faire chuter le taux d’épargne de 17 à 12%.

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