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The 20/20 Experience : Justin Timberlake en fait trop
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7/20

Son nouvel opus vient de sortir et porte le doux et simple nom de "The 20/20 Experience". Rien que ça pour marquer son grand retour après sept ans d'absence sur la scène musicale. Regard de braise, costard de crooner : Justin Timberlake ne lésine pas sur les moyens pour son come-back... Au risque d'en faire trop ?

Talia Soghomonian

Talia Soghomonian

Talia Soghomonian est une journaliste américaine basée à Paris, ex-Metro et New-York Times, aujourd'hui freelance. Elle écrit sur le cinéma, la mode et la musique, et a été publiée dans Rolling Stone, InStyle, Marie Claire.

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A précisément minuit et quart dimanche 17 mars, 750 fans ont assisté a un concert "surprise" d’une heure de Justin Timberlake au festival South by Southwest (SXSW) au Texas. Il s’agissait d’une soirée pour promouvoir le relooking de MySpace, dont le chanteur est l’un des investisseurs, mais le shw, en fait a servi à nous rappeler son grand retour à la musique, après sept d’années d’absence.

Franchement, qui a remarqué sa longue absence des bacs ? Il a fait quelques morceaux – des parodies – avec Andy Samberg dans Saturday Night Live. Leur titre "Dick in a Box" a même obtenu un Emmy Award ! Donc pas totalement absent de la musique. En fait, il est omniprésent depuis des années : cinéma, égérie de parfums Givenchy, businessman.

Il s’est forgé une vraie carrière au cinéma, un acteur qui a gagne en légitimité en tournant sous la direction de cinéastes comme Nick Cassavetes dans "Alpha Dog" ou David Fincher dans "The Social Network". Dans ce dernier film, il s’est mis dans la peau de Sean Parker, le fondateur de Napster. Le rôle semble lui avoir collé à la peau puisqu'il s’est lancé aussi dans la carrière d’un entrepreneur dans la vraie vie en investissant dans MySpace. Il a aussi fondé la marque de jeans William Rast en 2005 avec son associé Trace Ayala. Au cas où la musique ne marcherait plus ?

L’ex-membre du boys band ‘N Sync ne prend aucun risque pour son retour a la musique, même s’il sait que ses millions de fans sont toujours aussi fidèles : à 32 ans, il compte déjà plus de vingt ans de carrière. Et c’est en grande pompe (bien cirées, pour aller avec son costume sur-mesure) qu’il a débuté le grand compte à rebours pour la sortie de "The 20/20 Experience". Juste avant le festival SXSW, il a été l’invité de Saturday Night Live et a fait une résidence d’une semaine, nommée Timberweek, sur l’émission Late Night With Jimmy Fallon, où il a l’habitude de faire un medley de l’histoire du rap avec le présentateur, lançant ainsi ce regard de braise qui en dit long : "Je suis déjà une légende, je n’ai rien à prouver, je suis un touche-à-tout sans faille. Et je vois loin." Ce même regard figure sur la pochette de son album.

Le titre de son album, "The 20/20 Experience", suggère qu’il serait bien visionnaire ou parfait, à vous de voir. En fait, Justin Timberlake connaît sa juste valeur – il vaut cher et il se voit comme le Jay-Z blanc avec la garde-robe de James Bond. Ça tombe bien, à part le premier single "Suit & Tie", le rappeur aurait aussi enregistré "beaucoup de chansons" avec Justin, alimentant ainsi les rumeurs d’un album de duos signés J&J. Pour l’instant, ils vont passer l’été ensemble sur la route aux États-Unis. Le nom de leur tournée est sans fausse modestie : "Legends of the Summer". Pour moi, David Bowie ou Bob Marley sont les légendes. Justin et Jay, nettement moins. Ils ont encore du chemin à parcourir. Aujourd’hui, la médiatisation et le marketing suffisent-ils pour élever un artiste au rang de légende ? Non, mais le talent ne suffit pas non plus. Il faut être OTT – "over the top", ou "too much" comme on dit en France. Il faut savoir se vendre, y compris les droits exclusifs de son mariage excessif de 6,5 millions de dollars au magazine People, montrer qu’on a des facettes différentes, multiplier ses talents, faire croire que le monde du showbiz coulerait sans lui sans se prendre trop au sérieux. Son point fort est donc son sens du second degré. Il n’hésite pas à se mettre en scène dans des sketchs loufoques et se moquer de sa propre image. Les Américains adorent ça.

Justin Timberlake a certes fait des bons choix de carrière, deux premiers albums excellents et a un bon sens du charme... euh, du marketing. Mais honnêtement, durant ces sept années sans album, il n’a pas laissé un grand vide dans le monde de la musique tellement il en a rempli d’autres. Donc calmons-nous, il s’agit d’un troisième album, pas du second avènement.

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