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Selon les indicateurs de l'OCDE, la croissance serait en passe de redémarrer dans la zone euro.
Selon les indicateurs de l'OCDE, la croissance serait en passe de redémarrer dans la zone euro.
©Reuters

Faux espoir

L'OCDE y croit : les indicateurs signalent une possible reprise dans la zone euro. Rien n'est pourtant gagné, tant les dissonances politiques et stratégiques sont multiples entre les pays membres.

Marc Touati

Marc Touati

Marc Touati est économiste et président fondateur du cabinet ACDEFI (aux commandes de l'économie et de la finance). Il s'agit du premier cabinet de conseil économique et financier indépendant au service des entreprises et des professionnels.

Il a lancé en avril 2013 la pétition en ligne Sauvez La France.com pour diminuer "les impôts", les "dépenses publiques superflues" et "retrouver le chemin de la croissance" afin de "sortir par le haut de cette crise".

Il est également l'auteur de Quand la zone euro explosera, paru en mars 2012 aux Editions du Moment. Son dernier livre est Le dictionnaire terrifiant de la dette (Editions du moment, mars 2013).
 

 

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Atlantico : Selon les indicateurs de l'OCDE, publiés ce lundi, la croissance semble en passe de redémarrer en zone euro. L'économie européenne va-t-elle vraiment mieux ?  

Marc Touati : Malheureusement non. A l’exception de l’Allemagne, dont le climat des affaires s’améliore nettement depuis la fin 2012, tous les pays de la zone euro sont en récession et devraient le rester au moins jusqu’à la fin du printemps 2013. Et ce, y compris en France, où la récession est revenue dès le premier semestre 2012 et devrait s’installer jusqu’au deuxième trimestre 2013. Pis, la crise économique est devenue une crise sociale, avec des taux de chômage dramatiques : 11,9 % dans l’ensemble de la zone euro, 10,6 % dans l’Hexagone et 11,7 % en Italie. Que dire alors de l’Espagne et de la Grèce, avec des taux de respectivement 26,2 % et 27 %. La situation est encore plus grave pour les moins de 25 ans, avec des taux de chômage de 59,4 % en Grèce, 55,5 % en Espagne, 38,7 % en Italie et même 26,9 % en France. Dans ce contexte de chômage élevé, la consommation va donc continuer de se souffrir. Et ce d’autant que l’augmentation des impôts dans la plupart des pays eurolandais va aggraver la situation des entreprises et des ménages. D’où moins d’investissements et moins d’emplois. Nous sommes donc très loin d’être sortis de la crise.

Quels sont les facteurs qui soutiendraient l'hypothèse d'une reprise ?

Pour redémarrer, les solutions existent. Il suffit d’avoir la volonté et le courage de les mettre en place. Au niveau de la zone euro, cela doit d’abord passer par un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la BCE. Ensuite, l’euro doit se déprécier vers les 1,15 dollar pour un euro. Aux niveaux nationaux et notamment en France, il faut aussi abaisser la pression fiscale pour tous : les ménages et les entreprises. Dans le même temps, pour éviter un nouveau dérapage des déficits publics, il est indispensable de réduire les dépenses publiques de fonctionnement. Dans l’Hexagone, ces dernières ont augmenté d’environ 10 milliards d’euros par an depuis dix ans, soit un total de 100 milliards d’euros. A l’évidence, il y a de quoi « dégraisser le mammouth » sans toucher aux dépenses sociales.

Fort heureusement, en attendant de mettre en place ces mesures de bon sens, l’économie de la zone euro devrait bénéficier d’une croissance mondiale soutenue (3,5 % cette année et l’an prochain) et de cours des matières premières plutôt sages. C’est seulement grâce à ces deux évolutions qu’une petite reprise pourrait s’opérer au second semestre 2013. Mais elle sera hautement insuffisante pour inverser la courbe du chômage.

Le seul pays européen dont l' OCDE prévoit une reprise est l'Allemagne . Pour d'autres pays, elle ne prévoit qu'une stabilisation, notamment en France. N'est-ce pas un peu court pour conclure à une meilleure santé de l'économie européenne ? 

Tout à fait. On se rend bien compte que l’OCDE essaie de pratiquer la méthode Coué, chère aux dirigeants politiques français depuis des décennies. Seulement voilà, les Eurolandais veulent bien être bercés d’illusions pendant un certain temps, mais il faut désormais du concret. De plus, l’Allemagne ne pourra rester seule dans un concert d’atonie économique. Elle aussi commencera à pâtir de la récession eurolandaise.

La confirmation par l'OCDE de la récession en 2012 dans les pays les plus fragiles, notamment la Grèce l'Italie et le Portugal, ne va-t-elle pas, à la veille du sommet européen sur la croissance et la compétitivité, relancer le débat sur l'efficacité de la politique d'austérité ? 

Il est clair que la rigueur pour la rigueur est une grave erreur économique. En effet, comment peut-on demander à des pays en récession depuis plus de cinq ans de se serrer encore la ceinture ? Cela n’a pas de sens. En d’autres termes, il ne sert à rien de mourir guéri. En fait, les pays européens n’ont pas besoin d’une rigueur excessive, mais simplement d’un assainissement de leurs dépenses publiques, notamment en termes de fonctionnement. Malheureusement, que ce soit à Bruxelles, Berlin, Madrid ou Paris, le dogmatisme continue de l’emporter sur le pragmatisme.

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