Taxer les entreprises est-il vraiment le meilleur moyen de lutter contre les inégalités salariales hommes/femmes ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Najat Vallaud-Belkacem souhaite sanctionner les entreprises qui ne luttent pas efficacement contre les inégalités de salaires hommes/femmes.
Najat Vallaud-Belkacem souhaite sanctionner les entreprises qui ne luttent pas efficacement contre les inégalités de salaires hommes/femmes.
©Flickr/Victor1558

Eureka (?)

La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem souhaite sanctionner les entreprises qui ne luttent pas efficacement contre les inégalités de salaires hommes/femmes.

Valérie Tandeau de Marsac

Valérie Tandeau de Marsac

Valérie Tandeau de Marsac est avocat d'affaire, fondatrice du cabinet VTM, membre du centre d'expertise Jeantet Family dédié aux entreprises familiales. Elle est fondatrice et présidente de l'association VoxFemina, créée en 2010 pour améliorer la représentation des femmes dans les médias.

Elle est l’auteur du Guide Pratique des Entreprises Familiales, paru en 2011 aux éditions d'Organisation, et professeur affilié auprès de l’EDHEC Center for Family Business.

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Dans une interview accordée au Parisien le 8 mars 2013, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du Gouvernement, a annoncé des sanctions pouvant aller jusqu’à 1% du chiffre d’affaires des entreprises qui ne respecteront pas l’égalité salariale entre hommes et femmes dans les six mois.

Cette annonce a valu à la ministre une forte audience médiatique, largement relayée en cette journée de la femme.

Sur le plan économique, le moment ne semble pas véritablement bien choisi pour accroître (encore !) la pression fiscale sur les entreprises. Une telle mesure aggraverait l’instabilité et la complexité fiscale en France, allant ainsi à l’encontre de l’objectif pourtant affiché par le gouvernement d’accroître la compétitivité du territoire.

Mais, au-delà de cette première observation macroéconomique, la mesure envisagée est-elle tout simplement efficace ?

Cela est d’autant moins certain qu’une grande partie de la différence de rémunération est liée au fait que les femmes sont, plus que les hommes, victimes du travail à temps partiel subi, particulièrement les moins qualifiées d'entre elles.

Une lecture attentive de l’étude de l’Insee invoquée par la ministre à l’appui de son annonce révèle que « l’écart des salaires entre les femmes et les hommes pourrait encore baisser, à condition de trouver les leviers qui feront changer les comportements et les choix professionnels. »On voit que le « remède » à ce déplorable état de fait relève sans doute plus du champ culturel et sociétal que de la responsabilité financière des entreprises, déjà lourdement handicapées par une fiscalité chaque jour plus imprévisible et plus illisible.

De surcroît, est-il opportun de stigmatiser à nouveau les chefs d’entreprise, alors que la France a plus que jamais besoin de réhabiliter leur rôle dans l’équilibre économique, et même politique, du pays ?

La France semble acquise à l’idée que chaque problème rencontré peut se régler par une nouvelle loi ou par une nouvelle augmentation de la dépense publique. Les politiques sont d’ailleurs largement encouragés dans cette voie par les médias, qui se nourrissent de cette frénésie législative. Mais a-t-on jamais chiffré l’augmentation de la dépense publique générée par la complexité ainsi engendrée ? Quel est le coût négatif occasionné par la mise en place de toutes ces nouvelles taxes, le contrôle des conditions d’application, les vérifications, le recouvrement, les contentieux ? Est-on seulement sûr que cette inflation fiscale génère une recette nette et non pas simplement un surcoût de dépense publique ?

De mon point de vue, il est plus important d’approfondir l’analyse pour mieux identifier et quantifier les causes de ces inégalités hommes-femmes, qui sont complexes, et encore méconnues ou même niées par beaucoup. Cela permettrait d’élever le niveau de conscience individuel et collectif sur ces sujets, ce qui est le préalable indispensable à tout changement, et de proposer des mesures correctives ponctuelles adaptées à chacune des causes ainsi identifiées.

Au lieu de désigner  les entreprises comme des coupables à livrer à la vindicte médiatique, il faut soutenir les initiatives privées, et en particulier, toutes les organisations, telles que le Laboratoire de l’égalité, qui œuvrent pour un meilleur équilibre hommes-femmes, et luttent par tous moyens contre les stéréotypes qui influent encore considérablement sur les orientations professionnelles.

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