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Le gouvernement face au difficile aveu du changement de scénario imposé par la croissance en berne
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Dur, dur...

L'Insee a annoncé jeudi matin que le PIB français s'était contracté de 0,3 % au quatrième trimestre 2012 et que la croissance avait été "nulle" sur l'ensemble de l'année. "Ce sont des chiffres préoccupants et négatifs", reconnaît le ministre de l'Economie Pierre Moscovici.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Ils auront tenu tant qu’ils auront pu, mais l’heure de vérité est en train de sonner : le  taux salvateur de 3% de déficit, celui à partir duquel la dette n’augmente plus, ne sera pas atteint en 2013, en dépit de la volonté affichée par le gouvernement, les (fortes) hausses d’impôts et les (plus maigres) économies réalisées sur les dépenses publiques. L’aveu du Premier ministre venu faire l’annonce sur le plateau de France 3 n’a surpris personne, car le terrain avait été préparé par les déclarations successives de Laurent Fabius et de Pierre Moscovici. Les deux ministres faisaient eux-mêmes écho à la sentence prononcée la veille par le président de la Cour des comptes. Didier Migaud reconnaissait "qu’on ne peut pas raisonner indépendamment de la situation économique", autrement dit que "la croissance en France, en Europe et dans le monde, est plus faible que prévu", comme l’a précisé Jean-Marc Ayrault qui savait que la France avait connu une croissance nulle en 2012, et qui sait qu’elle sera très faible en 2013. Le Premier ministre s’est cependant voulu rassurant : "l'objectif, et il sera atteint, c'est le déficit zéro à la fin du quinquennat de François Hollande ; ce qui compte c'est la trajectoire. Nous allons la poursuivre. Nous allons dans la bonne direction". 2017, c’est encore loin, et le gouvernement espère que la conjoncture se sera retournée - favorablement, cette fois - d’ici là, et que sa politique en faveur de l’emploi aura porté ses fruits.  

En attendant, la Commission de Bruxelles semble reconnaitre les efforts de la France et se dit prête à faire preuve d’indulgence à l’égard de la France : "Si la croissance se détériore de manière imprévue, un pays peut bénéficier d'un délai pour corriger son déficit excessif, à condition qu'il ait fourni comme convenu les ­efforts budgétaires demandés", a indiqué le commissaire en charge de l’Economie, Olli Rehn, qui a cité l’exemple de la Grèce et du Portugal qui ont engagé des réformes structurelles.

Cette politique de "cartes sur tables" devrait éliminer du coup la tentation de "maquillage" du déficit préconisée par certains élus socialistes qui  proposaient de "sortir" les dépenses d’investissements pour les grandes infrastructures du bilan que la France présentera à Bruxelles. Elle devrait aussi calmer les ardeurs de ceux qui, au PS, continuent de prôner une augmentation massive - provisoire, disent-ils - des impôts des plus riches pour contribuer à combler les déficits. Ceux-là, dont font partie l’économiste Thomas Piketty, et des députés comme Pierre-Alain Muet et Karine Berger, s’appuient sur l’exemple américain de l’époque de Franklin Roosevelt. On notera au passage que le fameux dispositif destiné à remplacer le taux de 75% d’imposition sur les revenus supérieures à un million d’euros annuel, régulièrement annoncé, est toujours en gestation.

De toutes façons, la Cour des comptes qui a donné quitus au gouvernement pour la réduction des déficits dans son ensemble, n’a pas manqué de souligner qu’il conviendrait de rééquilibrer les "prélèvements obligatoires", autrement dit les impôts par des mesures d’économies. "L’évaluation, systématique des politiques publiques est indispensable" martèle aussi Didier Migaud. Vaste programme, qui passe aussi bien par la suppression de ce que le président de l’Assemblée nationale appelle "les comités Théodule", que la réduction du train de vie de l’Etat, mais surtout par une politique économique qui fixe un cap. Jean-Marc Ayrault affirme que c’est chose faite mais elle a manqué de lisibilité pendant de longs mois !

C’est l’angle que l’opposition va exploiter. Jean-François Copé annonce en effet dans les Echos le dépôt d’une motion de censure contre la politique économique. La motion n’a aucune chance d’être votée, mais elle permettra à l’UMP de refaire son unité autour du procès de la politique économique de François Hollande. On entend d’ici ses ténors reprocher au gouvernement de ne pas avoir suffisamment réduit les dépenses réclamer des "réformes". Derrière ce mot de "réformes" se cache notamment la diminution du nombre de fonctionnaires. Nicolas Sarkozy a supprimé 150 000 emplois de fonctionnaires mais cette politique n’a commencé à porter ses fruits qu’à la fin de son mandat, car pour faire passer la pilule, l’ancien président a commencé par augmenter les salaires et les primes, ce qui avait d’abord fait augmenter le montant de la masse salariale de la fonction publique, au lieu de la réduire. Ne pas remplacer les départs à la retraite est une chose, en licencier en est une autre, car ces agents  viendraient grossir les rangs des chômeurs. Et dans ce cas, n’est pas réformes qu’il faudrait parler, mais de purge ! On n’en est pas là !

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