Mariage des prêtres, contraception, place des femmes... : ces points qui font passer l'Eglise pour ringarde et qui pourtant ont une vraie signification spirituelle<!-- --> | Atlantico.fr
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Certains points font passer l'Eglise catholique pour ringarde : son opposition au mariage des prêtres, sa position contre la contraception, la place des femmes...
Certains points font passer l'Eglise catholique pour ringarde : son opposition au mariage des prêtres, sa position contre la contraception, la place des femmes...
©Reuters

Old school

L'Eglise est là pour apporter une réflexion sur le sens de la vie, les questions essentielles. Raisons pour lesquelles nous n'aurons jamais un pape de 30 ans rock star et sexy.

 Koz

Koz

Koz est le pseudonyme d'Erwan Le Morhedec, avocat à la Cour. Il tient le blog koztoujours.fr depuis 2005, sur lequel il partage ses analyses sur l'actualité politique et religieuse

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Atlantico : Certains points font passer l'Eglise catholique pour ringarde : son opposition au mariage des prêtres, sa position contre la contraception, la place des femmes... quelle est la vraie signification spirituelle de ces positions ?

  • Le mariage des prêtres

Koz : Le célibat consacré le signe du don total du prêtre, il se donne totalement à l'Eglise et à sa vocation. Il est pleinement consacré à cette dernière. Le prêtre est à l'image du Christ. C'est particulièrement vrai lorsqu'il célèbre la messe. En cela il se différencie du pasteur,qui est marié et cela transparait dans l'ensemble de sa mission et de sa vocation.

Même si ce point-là ne relève pas spécifiquement de la signification spirituelle, le prêtre doit aussi être disponible. Cela fait partie de cette manière de se donner entièrement à l'Eglise.Cette disponibilité totale est une conséquence du don. Le don est premier, c'est comme dans le mariage. Dans le mariage religieux, on a un don exclusif et total, ce qui s'inscrit un peu dans la même perspective.

  • La place des femmes

Il y a deux aspects : celui de l'accès à la prêtrise pour les femmes, puis celui de l'accès aux postes à responsabilité. Sur ce dernier point, les choses peuvent être améliorées. Cela ne repose sur rien d'autre que sur les habitudes, les préférences personnelles, ça n'a pas de signification particulière.

Le Christ a bravé les interdits et les conventions sociales de son époque, ce qui a à plusieurs reprises choqué. Ce n'est donc pas par conformisme que le Christ a désigné des hommes comme apôtres. Il est vrai que les évêques, cardinaux,… ont une visibilité particulière, mais on ne peut vraiment pas minorer le rôle des femmes, que ce soit dans l'Evangile, ou dans l'Eglise aujourd'hui.

Beaucoup d'entre elle sont citées en tant que témoins de la foi. A cet égard, il n'y a pas du tout de réticence à l'égard des femmes. Benoît XVI avait aussi rappelé à de nombreuses reprises que ce sont les femmes qui étaient au pied de la croix lors de la mort du Christ, qu'elles sont les premières à découvrir qu'il est ressuscité et les premières auxquelles le Christ ressuscité s'adresse.

On a en tête Sœur Emmanuelle et Mère Thérésa, et d'un point de vue spirituel elles sont présentes dans l'esprit de tous. La place des femmes est donc largement égale à celle des hommes. Cependant, je comprends parfaitement que l'absence de visibilité et d'accès à la prêtrise donne le sentiment que les femmes sont sur un second plan. Mais il n'y a pas que la prêtrise, le rôle des femmes est assez éminent dans l'Eglise.

  • La contraception

 L'Eglise a une position de principe à cet égard : on doit être ouvert à la vie, et on ne doit pas chercher à la maitriser ou lui faire obstacle par des méthodes non naturelles. Il faut être en mesure d'accepter la vie comme un vrai don. On ne contrôle pas la vie, on n'en est pas maître. C'est une disposition d'esprit qui a des implications fortes par la suite : quand un enfant naît, il est un don. Et de la même manière qu'on ne maîtrise pas la vie, on ne cherche pas non plus à maîtriser les enfants. C'est une façon d'envisager la procréation qui est globale et très cohérente avec le refus de l'eugénisme pour prendre un exemple extrême. On refusera de choisir un enfant avec de traits prédéfinis: blond, aux yeux bleus, grand… parce que l'on ne maîtrise pas la vie.

Cela concerne toutes les formes de contraception. Il faut tout de même relever que l'Eglise distingue deux plansdans son enseignement et son attitude: il y a le caractère dogmatique d'un côté, et le caractère pastoral de l'autre. Celui-ci concerne les questions liées autour de l'accueil des personnes  et leur souffrance, leur parcours particulier. Il y aura une application progressive et graduée vis-à-vis des moyens de contraception.

Il faut aussi voir que l'Eglise met en avant le critère ultime qui n'est pas la technique de contraception en elle-même, mais le bien ultime du couple, à supposer qu'il soit correctement discerné. Ni la femme, ni l'homme dans le couple ne doit imposer à l'autre de méthode de contraception,naturelle ou chimique. C'est beaucoup plus complexe et l'on ne peut pas évoquer cette question en ignorant l'application pastorale, humaine qui est faite. Assez souvent, les médias ont tendance à s'arrêter au seul plan dogmatique, certes le plus visible.

  • La consommation

    L'Eglise est aussi en marge sur le rapport à la consommation. Lors du débat sur le travail dominical, elle a régulièrement expliqué que ce n'est pas la consommation qui permettra d'accomplir l'homme, et il faut savoir faire preuve de sobriété dans sa consommation. On ne doit pas s'abrutir dans une consommation qui  peut aboutir sur des satisfactions superficielles. Il faut tenter de garder une distance par rapport à certains éléments, qui permet d'être disponible à l'écoute de Dieu, à l'essentiel et d'être dans une proximité avec son prochain.

    Bien sûr, il n'y a pas de contradiction automatique. Cela ne veut pas dire que si l'on consomme, on n'en a plus rien à faire de ses voisins. Mais c'est un état d'esprit général qui permet de se consacrer à l'essentiel, et pas à des satisfactions agréables mais très transitoires et qui ne vont pas changer la vie.

  • L'argent 

Quand en 2008 le Pape est venu à Paris, il a fait son homélie sur la lecture du jour , qui n'est donc pas une lecture choisie exprès pour sa venue, mais prévue dans toutes les églises du monde ce jour-là. Elle portait sur le culte des idoles.

Cette venue du pape s'est fait le même week-end que la chute de Lehman Brothers. D'un côté, on avait la fébrilité financière, la course à la rémunération, aux bonus, ce dernier établi comme critère d'appréciation d'une personne et de l'autre, une lecture vieille de 2000 ans mais toujours d'actualité, qui dit que l'on doit s'éloigner des idoles que l'on va adorer qui nous éloignent de l'essentiel, de Dieu, de ce que l'on doit adorer en premier lieu.

L'argent n'est pas en soi un mal, il n'est pas maudit mais doit être mis à sa place comme un outil utile et utilisé à bon escient.

L'arrivée de Benoît XVI à la succession de Jean-Paul II a-t-elle contribué à diffuser une image plus ringarde de l'Eglise ?

On a la mémoire courte, car on oublie ce qu'on a fait subir à Jean-Paul II à un moment. On a toujours été très agressif avec lui sur la question du préservatif, on n'a pas non plus cessé de le caricaturer en vieillard sénile lorsqu'il était malade. Après sa mort, on s'est mis à redécouvrir toutes ses qualités. Il y a avait déjà des difficultés à l'époque. Benoît XVI, lui, n'a pas prêté particulièrement attention au fait d'être aimablement perçu. Son critère est davantage le sens de la vérité, de la justesse.

J'aime autant que l'Eglise soit bien perçue, mais aujourd'hui qu'elle soit perçue comme ringarde m'importe peu. La question de la communication joue un rôle, mais attend-on de l'Eglise qu'elle s'empresse de copier les moyens de communication des uns et des autres ? Ce ne serait pas forcément très crédible, ni très souhaitable.

L'Eglise est là pour la réflexion sur le sens de la vie, les questions essentielles. Il y a toujours une juste mesure entre les deux, mais quand Benoît XVI fait état d'une position plus souple et pourtant très conforme à ce qui s'est toujours dit que le préservatif, on oublie très vite ce dernier aspect. On n'aura jamais un pape de trente ans rock star et sexy.

Pourquoi a-t-on l'impression que l'Eglise catholique est la seule religion à être en retard sur les sujets cités ci-dessus ?

Dans la religion juive, ce n'est pas différent, voire pas beaucoup plus laxiste. Je n'ai pas non plus ce sentiment chez les musulmans. Les protestants, eux, sont une myriade d'Eglise, il n'y a donc pas de position uniforme chez eux. Je ne vois pas quelle religion serait véritablement différente de l'Eglise catholique vis-à-vis de l'avortement, la contraception,...

Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois

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