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Viande de cheval dans les lasagnes Findus : de quoi faut-il vraiment avoir peur ?
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Heureusement...

De la viande de cheval dans des lasagnes aux bœufs, des millions de plats retirés du marché partout en Europe et les autorités qui s'affolent : psychose ou risques réels?

Charles Pernin

Charles Pernin

Charles Pernin est chargé de mission alimentation et santé pour l'association Consommation logement cadre de vie (CLCV).

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Atlantico : De quoi faut-il vraiment avoir peur dans le scandale de la viande de cheval dans les plats préparés ?

Charles Pernin : D’abord, il faut rappeler qu’il n’y a pas de risques sanitaires pour l’instant donc pas question d’avoir peur. Ce qu’il faut, c’est se poser des questions et tirer des enseignements de cette crise. Il faut faire progresser les choses car cette affaire montre un certain nombre de déficiences. On n’a pas réussi à faire respecter la traçabilité et ni à prendre les mesures de gestion de crise. En effet, les signaux d’alerte remontent à plus de trois semaines en Angleterre puisque c’est là qu’on a repéré la présence de  cheval à la place du bœuf

On ne sait pas encore comment tout ça a été découvert. Pour l’instant rien n’est clair mais le 15 janvier,  l’autorité de sécurité alimentaire britannique annonçait qu’elle avait fait des contrôles montrant la présence de cheval au lieu de bœuf dans des steaks hachés. Ce qui est frappant, c’est qu’il a fallu trois semaines pour prendre la mesure du problème et organiser les retraits : c’est beaucoup trop long !

La gestion de cette crise n’est pas optimale et l’information ne circule pas ou alors de façon opaque. On a besoin de mettre en place des réflexes et des procédures pour gérer de façon plus coordonnées et européennes ces situations

Le deuxième élément frappant,  c’est la difficulté à identifier le problème. On a en plus des répercussions en cascade dans de nombreux états membres (16) et ça concerne potentiellement des millions de consommateurs. Ca montre qu’on a une chaîne alimentaire vulnérable : on a un problème à un endroit donné et des  répercussions gigantesques. Alors bien entendu, il n’y a pas de risques mais si on se projette dans une situation avec des risques sanitaires, là ça devient embêtant.

Dans ce cas précis, on constate une vraie fragilité dans l’organisation du circuit alimentaire avec des opérateurs capables d’approvisionner des clients à travers l’Europe. Beaucoup plus de rigueur et de contrôles sont nécessaires et ces contrôles ne peuvent pas être organisés uniquement par des professionnels. Ils doivent aussi être indépendants et officiels et mis en œuvre par les pouvoirs publics.

Faut-il des cas de vache folle en France pour que les contrôles alimentaires soient plus nombreux et plus efficaces ?

C’est une question provocante et ce n’est pas la question ! Il faut qu’on tire de vrais enseignements chaque fois qu’une crise grave ou pas éclate sur le plan de la santé. On a cru qu’avec la vache folle, on avait amélioré la fiabilité et la sécurité mais on voit bien que le système est loin d’être parfait. Il suffit d’une fraude ou d’une défaillance pour avoir des conséquences importantes. Le système mérite d’être renforcé par des pressions de contrôle en identifiant points stratégiques, là où des questions de sécurité se posent : il faudrait en fait un audit global européen des filiales pour analyser les faiblesses et ainsi trouver des solutions.

A cela doivent s'ajouter des sanctions dissuasives car avec ce genre de scandale, il faut des sanctions exemplaires (financières) qui ont une vraie signification pour les groupes. Dans le code de la consommation, on lit que pour tromperie, on encoure 37.000 euros d'amendes. Une telle somme pour Findus, cela ne ait ni chaud ni froid. C'est dérisoire. Il faut revoir cela.

Doit-on renforcer les normes qui encadrent l'industrie agroalimentaire ?

On devrait peut-être exiger des contrôles de la part des professionnels sur les origines des matières premières car là, il y a clairement  tromperie sur matière première.

Normalement, sur la traçabilité, c'est déjà une exigence. Les entreprises comme Findus sont censées suivre l'origine de leurs produits mais là, on a l'impression qu'entre cette exigence et la réalité, il y a un écart très important quand on voit à quel point le retrait des produits est compliqué. Tout doit être remis à plat et revu au plus vite.

Propos recueillis par Mathilde Cambour

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