Les retraités, prochaine cible de la politique de rigueur<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Cette année, les départs en retraite concerneront 860 000 personnes, contre 570 000 précédemment.
Cette année, les départs en retraite concerneront 860 000 personnes, contre 570 000 précédemment.
©Reuters

Editorial

Les retraités sont devenus l’une des cibles prioritaires du gouvernement pour fournir une dîme confortable à la solution de la crise de la dette.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

Haro sur les retraités. Ils sont devenus l’une des cibles prioritaires du gouvernement pour fournir une dîme confortable à la solution de la crise de la dette. Le gouvernement joue sur du velours car il s’agit d’une population nombreuse, souvent isolée, ne disposant pas des moyens de défense des secteurs en activité et encline à une certaine résignation, comme l’indique une récente enquête du Cercle des épargnants. Ils sont deux fois plus nombreux qu’il y a trois ans à être persuadés qu’il faudra reculer à 65 ans l’âge de la retraite et qu’on devra prendre en compte la totalité de la carrière et non plus seulement les 25 meilleures années. Mais ils continuent de refuser énergiquement aussi bien la hausse des cotisations que la baisse du montant des pensions. Et pourtant c’est bien sur ces deux derniers points qu’ils verront changer la donne.

Mais comme toujours, ce gouvernement, qui n’ose pas s’attaquer frontalement à la lutte contre les déficits, avance masqué. Il met en avant au nom du débat démocratique les partenaires sociaux en leur faisant jouer une politique de poker menteur pour réduire en apparence le déficit prévisible des régimes de retraite sans être dupe sur les difficultés de parvenir à un compromis, en sachant pertinemment qu’il est impossible d’envisager une réforme de fond, mais qu’on procédera à des aménagements de bouts de ficelle sous la houlette du comptable de Bercy. D’autant que le système des retraites se complexifie d’année en année et devient proprement illisible, avec ses différentes strates correspondant aux régimes de base, assortis de régimes complémentaires, pour le secteur privé, tandis que le poids de la fonction publique avec son statut particulier conduit à une véritable paralysie du pouvoir politique.

Il y a pourtant urgence puisque  les sommes en jeu atteignent vite des proportions considérables. Cette année, les départs en retraite concerneront 860 000 personnes, contre 570 000 précédemment, en raison de l’incidence de la réforme de 2010 sur l’avancement de l’âge de la cessation d’activité. D’ici 2020, une trentaine de milliards d’euros pourraient manquer à l’appel. Les partenaires sociaux se sont donnés jusqu’au 7 mars pour négocier sur les régimes complémentaires, mais rien ne dit que l’on ne reculera pas la date. La discussion au Parlement prévue pour le deuxième semestre a d’autant plus de chance d’être différée que l’approche des élections municipales l’an prochain va compliquer la donne.

Le gouvernement va sans doute recourir à l’une de ces méthodes sournoises dont il a le secret, en cherchant le remède le plus indolore possible : la désindexation des prestations est sans doute le plus efficace : en période d’inflation douce, elle se montre moins perceptible dans l’amputation du pouvoir d’achat. Une solution  hypocrite qui représente seulement  un expédient, en attendant la véritable réforme qu’il  faudra bien accomplir un jour, celle qui consisterait à recourir à un système par points, comme l’appliquent depuis longtemps les pays scandinaves, en supprimant l’âge légal de la retraite, devenu obsolète et en prévoyant un système de taux variable en fonction de l’espérance de vie au moment de la retraite. Ce qui suppose une évolution des esprits qui n’est pas pour demain.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !