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La guerre des primaires
n’aura pas lieu
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Parti socialiste

Et si la poussée du Front national aux élections cantonales faisait une victime collatérale inattendue ? C’est le sort qui semble se dessiner pour les primaires du Parti Socialiste, prévues les 9 et 16 octobre prochains...

Martin Aurenche

Martin Aurenche

Martin Aurenche est blogueur politique sur "Le Mal Pensant" et amateur de droit électoral.

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Annoncées tambour battant par un Montebourg triomphant aux Universités d’été du Parti Socialiste à La Rochelle, les primaires devaient permettre de désigner le candidat de la gauche à l’élection présidentielle, à l’issue d’élections ouvertes à tous les sympathisants électeurs de gauche. C’était l’occasion pour le PS de trancher une bonne fois pour toutes et longtemps à l’avance la guerre des egos qui le mine depuis la mort de Mitterrand, et d’arriver enfin à l’élection porté par une large dynamique populaire. C’était la fin de l’été, les socialistes se prenaient encore à rêver.

Depuis, deux éléments sont venus changer la donne. L’appareil de la rue de Solférino s’est finalement posé la question de la légalité du système de désignation de son candidat, et les sondages ont pour la première fois donné durablement la gauche en situation de l’emporter en 2012. Deux facteurs qui pourraient pousser Martine Aubry à saisir l’occasion d’un Montebourg isolé dans l’affaire Guérini et prendre l’excuse du danger républicain représenté par l’extrême droite pour envoyer aux oubliettes des primaires devenues dérangeantes.

Des primaires hors-la-loi

En France, rien ne réglemente le déroulement des primaires ouvertes comme c’est le cas aux Etats-Unis. Si un système d’élection à l’intérieur d’un parti est tout à fait autorisé, l’ouvrir à l’ensemble des sympathisants de gauche et non plus aux seuls adhérents ouvre un réel problème juridique. Pour tenir les listes d’émargement des bureaux de vote, les socialistes auront recours aux listes électorales qui sont publiques. De là, ils pourront constituer au soir du vote un fichier local des sympathisants de gauche. A l’inverse et en creux, il y aura de fait un fichier des personnes n’éprouvant pas suffisamment de sympathie pourla gauche pour se déplacer et voter. L’existence et la détention par le PS de tels fichiers, reposant sur les opinions politiques de chacun, ne sauraient évidemment être autorisées par la CNIL. Elle a d’ailleurs été interrogée sur le sujet en début d’année. Sa réponse risque de remettre en cause à six mois des primaires leur légalité.

Le principe des primaires ouvertes est que chaque citoyen peut y prendre part. Au PS, il suffira de signer une charte d’adhésion aux valeurs de gauche puis de s’acquitter d’au moins un euro en guise de participation aux frais d’organisation. Le PS compte ainsi lever près d’un million d’euros pour sa campagne (au moins un million d’électeurs sont visés). Seulement le Parti Socialiste a préféré faire la sourde oreille aux Cassandre du parti qui assuraient dès le début que le volet financier des primaires posait un problème insurmontable.

Dans les campagnes, toutes les recettes et toutes les dépenses électorales doivent être intégrées dans un compte de campagne qui ne doit pas excéder un certain plafond (13,7 millions d’euros au premier tour en 2007). Les dépenses électorales s’entendent selon l’article L.52-12 du code électoral comme « l'ensemble des dépenses engagées ou effectuées en vue de l'élection ». En 2007, la CNCCFP (Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques), l’organe qui contrôle et approuve les comptes de campagne, est encore venue préciser le périmètre de ces dépenses électorales en englobant les dépenses de pré-campagne. Selon elle, « les dépenses de pré-campagne externe au parti politique en vue de la désignation d’un candidat commun à un même courant de pensée, sont admissibles au compte de campagne des candidats qui ont participé à cette pré-campagne, dès lors que les manifestations auxquelles ils participaient étaient ouvertes au public et non pas seulement aux militants des partis ou des mouvements représentés ». Cela signifie que toutes les dépenses engagées pour l’organisation des primaires (campagne des primaires, meetings, matériel de vote) devront être inscrites au compte de campagne. En bref, le candidat qui sortira vainqueur de ces primaires partira avec un retard sur son adversaire de l’UMP de plusieurs centaines de milliers d’euros déjà dépensés pour sa désignation, ce qu’aucun candidat ne souhaite évidemment.

« Analyser la pertinence des primaires dans le contexte des mois à venir »

Depuis le début de l’année, les ténors socialistes ne cachent donc plus leurs inquiétudes face à des primaires qui risquent de tourner à la bérézina. C’est le président de la région PACA Michel Vauzelle qui le premier a sonné la charge, en lançant une pétition en ligne pour demander leur annulation. Elle a déjà été signée par plus de 18 000 personnes. Récemment, ce sont les strauss-kahniens qui ont commencé à voir rouge. Agitant la menace du Front National au second tour, Moscovici a appelé au début du mois de mars à « analyser la pertinence des primaires dans le contexte des mois à venir ». Mais c’est à Claude Bartolone, proche de Martine Aubry que semble revenir la palme de la transparence sur l’avenir des primaires au micro de RMC : « quand on a sorti l'idée des primaires, on n'imaginait pas qu'on pouvait gagner en 2012 ». Prémices d’une retraite annoncée ?

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