Pourquoi l’obsession du gouvernement pour les 75% maquille les véritables enjeux budgétaires<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement est bien déterminé à faire avaler une taxe à 75%.
Le gouvernement est bien déterminé à faire avaler une taxe à 75%.
©Reuters

Fiscalité idiote

Malgré la mise en garde du Conseil constitutionnel, le gouvernement est bien décidé à faire avaler, coûte que coûte, une taxe à 75%.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Le ministre de l’économie, Pierre Moscovici, vient de rappeler qu’en dépit de maintes tergiversations et de la claque du Conseil constitutionnel en décembre dernier, le gouvernement mettrait bien en œuvre sa fameuse « taxe à 75 % ». C’est une erreur économique, budgétaire, politique et philosophique. Au contraire, il faut réduire les impôts dès maintenant !

Le débat français montre régulièrement combien nos élites perçoivent l’Etat, providentiel et démiurge, comme l’alpha et l’oméga de la vie économique et sociale. Il n’existe pas une situation qui ne saurait le concerner, une activité qu’il ne pourrait légitimement contrôler, un problème qu’il ne devrait tenter de résoudre. Résultat, il se mêle de marché du travail, d’éducation, d’investissement et de tant d’autres activités privées, supportant rarement la concurrence mais échouant quasi-systématiquement. La France pourrait sortir de cette impasse qui place l’Etat au centre de tout si elle acceptait que la seule politique budgétaire qui vaille, c’est la baisse des impôts.

  • Le premier argument en faveur d’une baisse de la pression fiscale est économique. Le fardeau des impôts est un poids énorme sur les épaules de l’économie française, déjà bien moribonde. Notre pays a l’un des taux de prélèvements obligatoires les plus élevés de l’OCDE. Entreprendre est déjà un pari, si en plus l’aventurier économique sait, avant même de se lancer, que l’Etat lui prendra la majeure partie de son gain, il a toute chance de renoncer… Quant aux entreprises déjà établies, il va leur falloir redoubler d’efforts pour avoir une rentabilité, après impôts, honorable. La conséquence est que, souvent, elles réduisent l’investissement ou l’emploi. Baisser les impôts, c’est redonner de l’air aux acteurs productifs !

  • Le deuxième argument est budgétaire. En France, gauche et droite vont à quelques nuances près dans le même sens : celui d’une augmentation continue de la pression fiscale, par idéologie ou par facilité ! Il est plus simple de presser les contribuables que de s’engager dans la voie courageuse d’une baisse des dépenses publiques dont le pays a pourtant cruellement besoin. Plutôt que de se mettre à la diète, l’Etat Pantagruel s’empiffre et festoie : aux contribuables de faire tous les efforts ! Aux Etats-Unis, jusqu’en janvier, aucun membre républicain du Congrès n’avait voté en faveur d’une augmentation de l’impôt sur le revenu depuis 1990 ! Cette stratégie, qui consiste à « affamer la bête » (« starve the beast ») pose comme principe que l’Etat ne pourra pas continuer à croître s’il n’est plus nourri du festin fiscal. C’est la solution du régime forcé.

L’économiste Alberto Alesina a d’ailleurs montré que la relance par la baisse des impôts et l’ajustement budgétaire par la réduction de la dépense étaient plus favorables à la croissance que l’augmentation des dépenses et de la fiscalité.

  • Le troisième argument est politique :dans une Démocratie moderne, ce sont les citoyens qui expriment l’effort qu’ils souhaitent consentir envers la collectivité et non l’Etat qui détermine combien il veut leur extorquer pour financer ses lubbies et son confort. La facilité qui consiste à augmenter les impôts plutôt qu’à supprimer des dépenses publiques (que tout le monde sait pourtant en grande partie inefficaces) est une inversion du processus démocratique, une captation de la richesse par une puissance publique lâche devant la réforme. Réintroduire le libre choix des contribuables permettrait de rétablir un début de réalité au consentement à l’impôt. Plusieurs pistes existent : le fléchage d’une partie de leur impôt vers les politiques publiques de leur choix, le recours à l’impôt volontaire … On verra bien, alors, combien et pour quoi les Français veulent vraiment donner.

  • Le dernier argument est philosophique : c’est celui de la liberté. En diminuant les impôts, l’Etat se désengage doublement : il atténue sa pression sur l’activité et doit alléger ses interventions. En procédant ainsi, il rend de sa liberté à la société française. Il la laisse un peu faire ce qu’elle veut, comme elle l’entend : il lui fait confiance, comme si elle était un adulte responsable et non un enfant incapable d’autonomie.

En décembre dernier le Conseil constitutionnel a rappelé à ceux qui faisaient semblant de l’ignorer encore qu’en matière de fiscalité les marges sont inexistantes. Aujourd’hui, il faut aller plus loin et baisser de toute urgence les impôts !

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