Le graphique qui montre que la Chine et l’Europe n’inquiètent plus les marchés... A tort ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le graphique qui montre que la Chine et l’Europe n’inquiètent plus les marchés... A tort ?
©

Sortie de crise

Les récentes décisions prises pour redresser l'économie européenne et la reprise de la croissance en Chine redonnent espoir. Ainsi, les différents acteurs économiques sont beaucoup plus confiants quant au futur de ces deux géants.

Michel Aglietta

Michel Aglietta

Michel Aglietta est professeur de sciences économiques à l'université de Paris Ouest Nanterre et conseiller scientifique au CEPII et à Groupama-Asset management.

Il est le co-auteur avec Guo Bai de La voie chinoise (Odile Jacob, 2012) et de nombreux autres ouvrages sur la Chine.

Voir la bio »

Le site américain  Business Insider spécialisé dans l'actualité financière a publié un graphique de Michael McDonough montrant que les financiers sont de moins en moins inquiets vis-à-vis de la situation économique de la Chine et de l'Europe. 

Michel Aglietta : Il est vrai que depuis quelques semaines la Chine et l'Europe donnent des signaux encourangeants. Pour ce qui est de la Chine, il faut toutefois se méfier parce qu'il n'y a pas de marché financier très fiable. Dès lors les données délivrées par l'Etat ne sont pas des plus fiables. Il faut plutôt regarder du côté des évolutions de la croissance. Celle-ci s'est redressée depuis l'automne. Ce qui est bon signe. Ces derniers mois c'est la consommation intérieure qui a soutenu la croissance. En définitive, la nouvelle phase de la réforme visant à redéployer l'économie vers ses bases internes est en cours.

Paradoxalement, alors même qu'elle n'inquiète plus trop les marchés, l'Europe est actuellement en plein marasme. Beaucoup des pays européens sont encore en récession forte. Ainsi, on s'attend encore cette année à se situer entre -0,2% et +0,2% de croissance selon les hypothèses du FMI et de l'OCDE. Or jusqu'au milieu de l'année dernière, il y avait un réel risque d'éclatement de la zone euro ce qui se répercutait par des chutes boursières. Depuis, il y a eu un certain nombre de choses positives sur le plan politique avec par exemple le sommet européen de Bruxelles à la fin juillet 2012. Au cours de celui-ci Angela Merkel a réaffirmé qu'elle voulait absolument conserver l'euro.

Les gouvernements européens ont aussi dit qu'ils allaient mettre en route une union bancaire et des réformes institutionnelles plus profondes qu'avant. Aux mois d'août et septembre, Mario Draghi a modifié les lignes de partage puisqu'il a affirmé: « Nous sommes prêts à acheter de manière illimitée les titres de dettes publiques des pays concernés si jamais il y a un manque de confiance des marchés ». Il a aussi déclaré : « Nous en achèterons autant que cela sera nécessaire ». La conséquence est que cela a changé les opinions des investisseurs et des marchés. Jusqu'ici cela a donc permis de ne plus inquiéter les acteurs de la finance. Mais c'est en fait déconnecté par rapport à l'évolution réelle de l'économie. Ce n'est pas la force de l'économie qui a entraîné le retour de la confiance. Cela a soulagé les financiers certes pour autant on n'observe pas d'effets économiques. Les marchés sont détendus alors même que les politiques d'austérité dominent encore en Europe. Et ce sont ces mêmes politiques qui nous mènent à la récession

La solution de la résolution de la crise de la zone de l'euro n'est pas encore engagée. Il faudra que les promesses que les gouvernements ont fait fin juillet soient tenues, qu'ils s'engagent dans des réformes de fond pour créer une union budgétaire et une union bancaire. Ce qui va prendre du temps. Il faut aussi qu'ils donnent des gages de sécurité aux acteurs économiques. C'est au cours de cette année que tout va se décider. Le problème est qu'on a un agenda serré jusqu'aux élections allemandes de septembre. Il y a donc une période un peu délicate car d'ici là les marchés pourraient faiblir. La crise pourrait donc revenir entre temps. Coté européen se sont essentiellement les effets d'annonce qui ont permis d'apaiser les marchés, mais ceux-ci ne durent pas indéfiniment. En revanche, côté chinois il y a déjà des données économiques qui valident cette situation.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !