Vine, sextos et cie... : Internet nous a-t-il tous transformés en exhibitionnistes ?

Les internautes sont de plus en plus tentés d’exister sur les réseaux sociaux, les blogs, les tweets, les forums. Leurs opinions, leurs activités, les détails de leur vie privée et leur photo sont exposés. Comme lorsqu’ils choisissent un look vestimentaire ou un prénom pour leur enfant, nombreux sont ceux qui ne suivent pas simplement la mode mais cherchent aussi à se différencier et à faire preuve d’originalité. L’idée est que chacun peut être un people, un VIP ou du moins une personne intéressante et originale et surtout le faire savoir. Dans la vie professionnelle, les candidats à un emploi ou les salariés sont placés dans une situation paradoxale. Ils doivent à la fois se montrer et aller vers les autres mais dans le même temps il leur faut veiller à lisser les aspérités gênantes de leur personnalité, dissimuler opinions et mœurs et cacher ce qui peut se retourner contre eux.

Il est demandé à chacun d’être visible sur la toile car chacun doit être capable de communiquer, se vendre, maitriser les dernières techniques et être sociable. Il faut avoir de nombreux amis, beaux de préférences, de multiples contacts professionnels, avoir soi-même une vie intéressante et une belle apparence. La mise en scène de soi, la publicité, la communication, le travail sur son look et son apparence physique deviennent des passages obligés. Ce ne sont plus seulement les stars qui doivent entretenir leur corps, recourir à la chirurgie esthétique et avoir un nombre élevé de fans. Les individus sont de plus en plus tenus de s’exhiber sur la toile pour trouver un conjoint ou un travail. Cette exigence est évidemment plus forte pour les cadres, ou dans certains domaines comme les métiers de la communication. Mais finalement tout le monde fini par être concerné.

Mais dans le même temps, les employeurs scrutent ces informations et si certains candidats en sortent gagnants, d’autres en sont victimes. En France, un jeune sur deux pense qu’il a été refusé dans une école ou pour un emploi à cause de sa réputation sur la toile. Sur l’ensemble des français c’est une personne sur 10 qui déclare avoir été rejetée lors du recrutement à cause de ce média. Aux Etats-Unis, déjà, la consultation systématique et approfondie de la toile est pratiquée par les trois quarts des recruteurs professionnels. Les recruteurs n’ont plus besoin de demander une photo aux candidats, il suffit de le « googler ». De même, pour connaitre la situation matrimoniale, les origines sociales, les convictions religieuses, politiques et syndicales ou encore les mœurs (alcool, tabac, loisirs …). Il devient du coup bien difficile d’éviter les incursions dans la vie privée et les discriminations de toutes sortes.

Enfin, internet est aussi utilisé pour essayer d’enrayer la vertigineuse progression des faux diplômes). En effet, les informations mensongères sur les CV sont aussi nombreuses (1/4 des CV) que celles figurant sur les sites de rencontres (sa taille, son poids, son âge, sa situation matrimoniale, son adresse). Les individus doivent se montrer sous leur meilleur jour et doivent séduire partenaires potentiels et employeurs. Ils vivent une compétition exacerbée sur le marché matrimonial et le marché du travail. Dans ces conditions, ils enjolivent ou mentent et à leur tour les recruteurs ou les partenaires se montrent indiscrets... pour en savoir plus.