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Et si on décidait d’aller bien ?
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Editorial

L’enquête Ipsos/Le Monde, sortie hier, dresse un portrait bien démoralisant de la société française. C’est juste. Mais dans ce magma de défaitisme, ce sont les jeunes, analysés par Mediaprism pour la revue "Jeunesse" d’Influencia qui sort aujourd’hui, qui nous apportent un rayon d’optimisme.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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A l’heure où tous les maux de la société semblent s’être donnés rendez-vous, nous nous accoutumons aux mauvaises nouvelles et au pessimisme ambiant. Si nous regardons les grandes tendances de la dernière enquête Ipsos/Le Monde, elle confirme ce que nous savons ou présupposons : repli sur soi, critique de la mondialisation, critique des élites politiques comme médiatiques, relents xénophobes, etc.

Nous nous enfonçons dans une auto-flagellation permanente. Nous réussissons le tour de force qui consiste à être toujours orgueilleux tout en manquant de plus en plus de confiance en nous : l’objectif n’est plus de réduire le chômage, mais de stopper sa hausse ; l’objectif n’est plus de créer de la croissance mais d’éviter la récession ; l’objectif n’est plus de construire l’Europe, mais d’empêcher son explosion. Faute de grives …

Alors, si cette confiance en nous collective s’effrite, chacun cherche à préserver sa confiance en soi. En effet, plus nous avons le sentiment d’être pris dans l’engrenage, plus nous cherchons un découplage entre nos propres vies et celle du groupe, de l’ensemble, de la nation, ce qui peut aussi expliquer le repli individualiste. Dès lors, tout en rêvant encore de l’Etat providence comme on attend le messie, on s’en remet de plus en plus à notre soi providence. Lorsque le sentiment général est celui de l’épidémie de morosité, ce n’est plus le malade, mais soi-même que l’on cherche à mettre en quarantaine, en quarantaine protectrice. On oublie effectivement trop souvent que la perception de la moyenne n’est pas la moyenne des perceptions : chacun cherche à aller mieux que la moyenne qu’il ressent. Et lorsque la croissance est nulle, l’autre devient nécessairement concurrent davantage que partenaire. Dès lors, mécaniquement, je manque de ce que tu as. Lorsque la société devient une société du pilori et des boucs-émissaires, l’autre devient un concurrent avec lequel il faut partager un gâteau dont chaque part se réduit comme peau de chagrin.

Alors que faire ? : avoir 20 ans !

En effet, et peut-être paradoxalement à l’heure d’une époque de défis, de doutes, de chômage des jeunes, de dette pérenne, de manque de vision, de frilosité, de conflits, de rejets, d’angoisses. … les jeunes nous donnent régulièrement des leçons d’optimisme si on veut bien les regarder. A l’occasion de la sortie aujourd’hui de la revue « Jeunesse » d’Influencia, Mediaprism a compilé et analysé une dizaine d’études d’opinion réalisées courant 2012 en réalisant un focus auprès des jeunes . Le constat qui en ressort est très clair, peut-être contre-intuitif mais réconfortant : les jeunes ont le moral ! 

Dans une de ces enquêtes (fin décembre 2012), si 32% seulement de l’ensemble de l’échantillon se déclare optimiste pour l’année à venir (et 68% pessimistes), les jeunes, eux, sont majoritairement optimistes ! (certes de justesse, mais plus d’un sur deux : 52%). Ce moral est même encore plus positif sur un plan qui pourtant incarne tous les défis : le plan professionnel. Sur ce registre, ils sont 65% à être optimistes pour 2013 (versus 52% de pessimisme auprès des autres classes d’actifs). Et ceci ne repose pas uniquement sur une méthode Coué pour se rassurer en pensant à l’avenir : interrogés sur l’année 2012, si 56% de l’ensemble des Français accordent une mention "Très bien" ou "Assez bien" à l’année 2012 sur le plan professionnel, ce chiffre passe à 63% chez les 20-30 ans. Et "sur le plan personnel", le compteur monte même à 80% d’optimisme pour l’année qui s’ouvre !

Les membres de la nouvelle génération semblent, à de nombreux points de vue, désireux de ne pas s’engluer dans la morosité ambiante. A l’inverse de leurs aînés qui ont peut-être connu des jours meilleurs, les 20-30 ans sont une génération de la crise, qui fait preuve de beaucoup de relativisme et de pragmatisme face à ce qu’ils ont toujours connu. La crise économique ? Elle est née en même temps qu’eux, les alertes écologiques aussi. La récession ? Une quasi-normalité. Le taux de chômage ? un fait, auquel il faut s’adapter en se retroussant les manches. Une génération de la crise bien résolue à ne pas être une génération en crise.

Un niveau d’optimisme qui n’est pas un optimisme naïf, présomptueux ou béat, car il est corrélé à un niveau relativement élevé d’inquiétude : la plupart d’entre eux déclarent "s’inquiéter de l’avenir" (52% versus 48 % pour l’ensemble des Français). D’où l’impression nette, en les regardant de plus près, que cette jeune génération fait preuve d’un optimisme raisonné, délibéré, volontaire, ou dit inversement, d’une inquiétude non fataliste.

Une génération sans doute soucieuse de "réussir" et d’évoluer sur l’échelle sociale, qui porte moins d’affect à leur travail que leurs aînés, quitte à donner l’impression qu’il est interchangeable (quand ce n’est pas eux qui ont le sentiment de l’être). Une génération certes consciente d’un contexte plus dur, mais également d’une époque mondialisée et digitalisée où tout peut arriver. Malgré tout, les 20-30 ans ont une vision de la société fortement empreinte de solidarité et de fraternité. Leur représentation de la société moderne idéale repose ainsi sur des valeurs telles que la solidarité et la diversité (61% et 23%), et ce de manière bien plus prononcée que les générations antérieures (52% et 14%). Ils attachent également beaucoup d’importance à la justice (57%) et à l’ordre (29%), comme leurs aînés. En revanche, liberté et garantie de paix, notions avec lesquelles ils ont grandi et qui leur semblent acquises, sont l’objet de moins d’espérances que pour leurs parents (respectivement 55% et 26% chez les 20-30 ans versus 61% et 34% pour l’ensemble des Français – ce qui explique peut-être une Europe qui a du mal à se vendre sur des acquis du passé).

Les "jeunes" sont inquiets certes, ce qui ne les empêche pas d’avoir des projets, des envies, des idées, de vivre leur vie, d’avoir la prétention d’être persuadés d’y arriver mieux que les autres, ils préfèrent la communication de paires à la lobotomie médiatico-politique, ils souhaitent se libérer des carcans et des pensées formatées. Ce qui est terrifiant, c’est de dire de ne pas avoir peur à ceux qui ne doutent de rien sauf de vous.  

Finalement, la meilleure chose à faire en 2013, c’est d’avoir 20 ans ! Dans les veines ou dans la tête.

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