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Le mariage pour tous peut-il nous mener vers le chômage pour tous?
Le mariage pour tous peut-il nous mener vers le chômage pour tous?
©REUTERS/Christian Hartmann

Économie de marché, société de marché

Il y a un lien logique entre l’économie libertaire et la demande libertaire sociale, elle en est l’expression ultime. Ce lien tient au refus de toute valeur en soi, à toute réalité qui ne dépendrait pas de notre subjectivité.

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser est ancien député européen apparenté RN.

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Au-delà des personnes, de leur sincérité et de leurs souffrances, au-delà même d’amis qui militent pour le Mariage pour tous et au regard de l'importance de la réforme envisagée par le gouvernement, peut-on vraiment faire l'économie d'un questionnement des logiques sociétales qui structurent les revendications du Mariage pour tous ? Les libertaires veulent aujourd’hui la famille selon leur désir de famille et de sensibilité amoureuse. Ils veulent créer une famille Père-Père ou Mère-Mère. Le ‘’nouvel’’ amour sensible crée une ‘’nouvelle’’ famille, un autre amour en créera une autre, comme on crée des valeurs qui créent autant de réalités, par l’offre et la demande des sensibilités, à la bourse des échanges des subjectivités, dans le gré à gré des relations amoureuses. La filiation est purement subjective, elle remplace et crée le lien naturel objectif comme la notation financière semble créer la réalité économique.

Il y a un lien logique entre l’économie libertaire et la demande libertaire sociale, elle en est l’expression ultime. Ce lien tient au refus de toute valeur en soi, à toute réalité qui ne dépendrait pas de notre subjectivité, à des valeurs ou droits qui ne sont pas liées à leur expression ou rapport de forces – que toute autre expression subjective ou résultante sociale pourrait appréhender différemment, et donc fragiliser, au gré des fluctuations historiques - mais à une nature des choses ou une réalité qui ne dépendrait pas de nous mais à un donné auquel tout homme, quel qu’il soit doit se soumettre.

La charte des droits de l’homme de 1789 est déjà au centre de cette ambivalence lorsqu’elle reconnaît un droit naturel tout en faisant de la souveraineté populaire la source de tout droit : comme si la valeur humaine pouvait dépendre des majorités ou comme si le peuple pouvait décréter la pluie ou le beau temps sans tenir compte de la météo … Si nous reconnaissons néanmoins des valeurs constitutionnelles, c’est bien qu’il y a des valeurs qui ne dépendent pas des majorités et Marx avait raison de souligner que ces droits sont purement formels…
Avec le mariage pour tous, nous sommes dans la poursuite logique du subjectivisme qui ne parle de droits de l’homme que par rapport à affirmation subjective qui les décrète selon son bon plaisir, où la subjectivité devient le souverain. Ce processus est mortifère et détruit l’homme et la société car il prétend recréer la réalité à partir de l’homme sans absolu, sans valeurs qui nous dépassent. C’est un matérialisme et un totalitarisme de l’homme devenu dieu et prétendant refaire le monde à sa façon comme tous les matérialismes et totalitarismes.

D’un point de vue idéologique et expérimental, la crise financière nous a appris que des nouvelles ‘’valeurs’’ fabriquées de l’organisation sociale peuvent se retourner contre l’homme, sinon comment comprendre que des peuples européens se sacrifient et se détruisent pour sauver la finance. L’homme travaille désormais pour l’économie et l’économie pour la finance. Il y a une inversion totale des valeurs.
Cette prise de contrôle de la finance sur l’économie et la société s’est faite contre les valeurs objectives et réelles des besoins humains par les libertariens en économie dont Greenspan ; elle s’est faite par la construction de nouvelles ‘’valeurs’’, créées par l’idéologie libertaire contre la nature des choses, la réalité se fait désormais par le marché et l’homme doit s’y soumettre comme à sa nouvelle divinité. Ici, les valeurs sociales fonctionnent de la même façon. Elles prétendent recréer la société sur d’autres bases que l’homme ayant une nature ou réalité donnée pour le fabriquer à l’image la subjectivité humaine et sociale et de ses multiples ‘’prurits’’ ou expressions.

La politique poursuit ainsi les valeurs de marché dans la société de marché pour en faire une politique de marché en harmonie avec la société de marché. La raison sociale et politique, ses valeurs universelles, obéissent au marché de l’offre et de la demande. Nous critiquons le pouvoir politique qui est devenu (re)présentation du pouvoir, la puissance politique qui est devenue communication des valeurs de marché, l’exercice du pouvoir qui se satisfait du symbole du pouvoir et non du pouvoir sur le marché. Nous ne sommes pas cohérents si nous acceptons, par ailleurs, le mariage pour tous.

Le pouvoir politique s’est dénaturé car il ne sert plus des biens économiques concrets, ceux de l’économie, de la famille et de la patrie ; l’alpha et l’oméga, entre autres, de la politique économique. Il produit des valeurs nouvelles pour faire sa (re)présentation sociale. La politique abandonne alors la réalité réelle aux forces du marché. Elle crie son impuissance et promet, en même temps, de changer cette réalité crue et brutale où le chômage est devenu croissant et où le chef d’entreprise est obligé de délocaliser en raison d’une concurrence libertaire mais c’est ce positionnement idéologique libertaire qui rend justement le politique impuissant et complice de cet ordre !

La politique ne veut plus changer la réalité mais fait sa représentation. En suivant les libertariens, de fait, elle poursuit la mise sous contrôle du politique aux forces économiques et sociales de marché. Vous avez des difficultés à vous plier à la société de marché, il faudra vous habituer à la politique de marché. Le mariage pour tous en est sa brutale expression.

Le constructivisme, idéologique et politique, a des limites : les limites de la nature ou de l’être des choses. Ces limites peuvent certes être tordues, transgressées ou perverties mais à la fin ça casse et c’est de la casse humaine et sociale. C’est la raison pour laquelle en fragilisant la famille, cellule de base de la société – par une nouvelle filiation constructiviste avec le Mariage pour tous - nous fragilisons l’homme, et plus généralement l’économie et la société.

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