Quel serait le prix que paieraient l’Europe et le Royaume-Uni en cas de sortie de Londres de l’UE ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le référendum sur l’appartenance à l’Union européen est le serpent de mer de la politique britannique : toujours promis, jamais organisé.
Le référendum sur l’appartenance à l’Union européen est le serpent de mer de la politique britannique : toujours promis, jamais organisé.
©Reuters

All-in

Après l'annonce de David Cameron sur l'organisation potentielle d'un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne d'ici 2017, les eurosceptiques jubilent, les europhiles britanniques se désespèrent et les 26 Etats membres de l’Union européenne montrent les dents.

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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Le Premier ministre David Cameron vient d’annoncer que si son parti devait l’emporter lors des élections législatives de 2015, il organiserait un référendum pour ou contre le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne en 2017. Les eurosceptiques jubilent, les europhiles britanniques se désespèrent et les 26 Etats membres de l’Union européenne montrent les dents.

David Cameron se défend d’être « isolationniste », il s’est au contraire présenté comme le champion de l’Europe, ainsi n’a-t-il pas hésité à qualifier son initiative de bénéfique pour l’Europe: « Je ne veux pas juste un meilleur accord pour la Grande-Bretagne. Je veux un meilleur accord pour l'Europe aussi ».  Habilement le Premier ministre britannique à se positionne en défenseur de l’Europe, celle des peuples, pas de technocrates.

Le référendum sur l’appartenance à l’Union européen est le serpent de mer de la politique britannique : toujours promis, jamais organisé. En 2009, David Cameron lui-même n’avait-il pas expliqué qu’un futur gouvernement conservateur ne pourrait organiser de référendum sur le traité de Lisbonne une fois qu’il serait ratifié par les autres Etats-membres ? Et ce, après avoir promis de manière « définitive » en 2007, d’organiser une consultation populaire sur ledit traité. Il convient donc de se méfier des annonces faites quatre ans à l’avance surtout lorsque la condition de leur réalisation est une victoire à des élections législatives que tous les instituts de sondage voient perdues d’avanceIl était donc grand temps de reprendre politiquement la main.

Ce discours, par ailleurs très intéressant pour ce qu’il porte de critiques sensées de l’Europe actuelle, est un superbe coup politique car il fait d’une pierre deux coups. Eurosceptiques et europhiles peuvent y trouver des motifs de satisfaction et les autres Etats membres sont prévenus qu’ils auront un négociateur coriace en face d’eux dans les discussions à venir.  

Dans sa bataille contre les eurosceptiques de son propre parti et d’UKIP, David Cameron était sur la défensive depuis 2011 où 81 députés s’étaient rebellés contre lui sur ce sujet précis. Avec ce discours, il éteint le feu rebelle, enlève un argument de poids à Nigel Farage et s’installe comme le chef naturel d’un mouvement euro-réaliste qui vient de montrer toute sa détermination à faire aboutir ses idées.  

Se présentant comme le champion d’une Europe qui sert les citoyens et non qui s’impose à eux, Cameron oblige les « Européens » britanniques à se rallier à sa position et le parti travailliste à choisir un camp. 

Dans sa relation avec les autres Etats membres de l’Union, il impose un rapport de force pour les négociations futures en leur disant en substance que sans la Grande-Bretagne leur union ne vaudrait plus grand-chose, sous entendant même que l’Europe aurait plus à perdre d’un départ de l’un de ses membres les plus puissants que l’inverse. C’est une posture de négociation pour le moins intéressante obligeant les partenaires européens à marcher sur des œufs notamment la France qui s’aperçoit qu’elle ne peut pas compter sur grand monde en Europe lorsqu’il est question d’intervenir militairement.

Cette annonce peut apparaître à certains comme un pari risqué notamment en ce qu’elle peut fragiliser l’économie britannique, déjà peu fringante, avec uneCity plus que réservée à l’idée de voir la Grande-Bretagne quitter le marché unique. Mais lorsque l’on lit attentivement le discours du Premier ministre on s’aperçoit qu’à aucun moment celui-ci n’indique souhaiter quitter l’Union européenne bien au contraire.

Enfin et afin de mettre en perspective le débat à venir, les Britanniques à l’instar des autres peuples européens ne s’intéressent que modérément au sujet européen. Celui-ci vient en queue de peloton des études sur les priorités des citoyens qui s’intéressent avant tout à l’économie, l’immigration, la lutte contre la criminalité, la santé etc. Soutenir l’organisation d’un référendum et s’intéresser à la question qu’il pose sont deux choses bien différentes, gardons le en mémoire cela peut toujours servir, peu importe le côté de la Manche où l’on se trouve. 

 Propos recueillis par Théophile Sourdille

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