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Les pays émergents doivent trouver des relais de croissance pour surmonter la crise.
Les pays émergents doivent trouver des relais de croissance pour surmonter la crise.
©Reuters

Les dessous de l'économie

Du Brésil à l'Asie du sud-est, les pays émergents doivent trouver des relais de croissance pour surmonter la crise.

Cécile  Chevré

Cécile Chevré

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’Institut national des techniques de documentation (INTD). Elle rédige chaque jour la Quotidienne d'Agora, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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Recette de croissance pour un pays émergent :

  • une population jeune et nombreuse
  • des matières premières
  • une industrie exportatrice à bas coût
  • la montée en puissance d’une classe moyenne et le développement d’une consommation intérieure

Vous prenez tous ces ingrédients, vous secouez bien et, normalement, vous obtenez une jolie croissance et des perspectives économiques alléchantes. Cela paraît très simple comme cela, non ?

Sauf que parfois un des ingrédients est frelaté, que les températures de cuisson ne sont pas respectées, qu’une étape du suivi de la recette est oubliée... et vous vous retrouvez avec un résultat décevant, un soufflé dégonflé.

La fin du rêve brésilien ?

C’est un peu ce qui est en train de se passer pour le Brésil. Ah, le Brésil... pendant longtemps, le pays a fait rêver les investisseurs. Présenté comme modèle de développement, ce moteur de la croissance de l’Amérique latine, membre éminent des célèbres BRIC, semblait indestructible.

Seulement depuis deux ans, la machine à croissance semble s’être grippée. Le PIB brésilien a réalisé un recul spectaculaire, passant de 7,5% en 2010 à une croissance qui devrait atteindre péniblement 1,5% en 2012. Le principal indice boursier brésilien, le Bovespa, a quant à lui réalisé une des plus faibles performances de la planète finance l’année dernière.

La plupart des spécialistes s’attendent maintenant à une croissance qui plafonnerait – au mieux – à 3% ou 3,5% dans les années qui viennent. Conclusion, les investisseurs haussent les sourcils et vont chercher la croissance et le rendement là où il se trouve. C’est d’ailleurs un de nos axes d’investissement cette année : l’Alliance Pacifique, et tout particulièrement le Mexique qui effectue une belle sortie du purgatoire alors que le Brésil s’enfonce dans les méandres du flou économique. Pour en savoir plus sur nos autres axes d'investissement -- et comment les appliquer concrètement --, continuez votre lecture ici...

Mais revenons au Brésil. Comment expliquer sa vacillante santé économique ? Par la remise en cause des moteurs de sa croissance. Jusqu’à présent, celle-ci avait été tirée par les matières premières – pétrole (avec la très connue major Petrobras), fer (Vale est une entreprise brésilienne), uranium, éthanol... – et par les exportations (de marchandises mais aussi de produits manufacturés), tout particulièrement vers la Chine.

Comme nombre de pays émergents, dont le modèle économique est proche, le Brésil a payé le prix du recul du cours des matières premières l’année dernière et surtout de la contraction de la demande chinoise.

Tout cela s’explique très bien, le Brésil n’est pas le seul à avoir souffert mais ce qui est étonnant, c’est que d’autres économies, comme l’Indonésie, les Philippines ou encore la Malaisie, confrontées aux mêmes difficultés, ont réussi à maintenir leur croissance en hausse. Le PIB de la Malaisie devrait donc atteindre plus de 5,3% en 2012, celui de l’Indonésie, 6,5% et celui des Philippines, 6%.

Qui consomme, croît...

Principale différence avec les pays que je viens de citer : la consommation intérieure. Dans la plupart des pays de l’Asie du Sud-Est, la consommation intérieure a soutenu la croissance, leur permettant de bien résister au contexte économique morose. Au Brésil, la consommation intérieure a plongé du nez. Pendant ces dernières années, elle a été entretenue par le crédit, et principalement au secteur privé, qui a augmenté de près de 50% au cours des huit dernières années.

Seulement, à force d’encourager le crédit, la machine finit par se gripper. Fin 2011, le remboursement de leurs crédits représentait 20% des revenus des ménages brésiliens. Alors forcément, les Brésiliens ont commencé à lever le pied sur les emprunts – et ont réduit leur consommation.

L’investissement, clé d’une croissance durable

Comme l’expliquait The Economist, si le Brésil veut renouer avec la croissance, il lui faut compter sur d’autres moteurs de développement, que sont l’investissement et l’augmentation de la productivité. Les deux sont liés d’ailleurs, car pour augmenter la productivité, il faut investir dans un nouvel appareil productif, de nouvelles infrastructures.

Or c’est là que le bât blesse, le taux d’investissement au Brésil est bien plus faible que la moyenne des pays émergents – à 18% du PIB contre 25%. En comparaison, les pays de l’Asie du Sud-Est voient les investissements exploser depuis deux ans. En Indonésie, le gouvernement s’est ainsi lancé dans une politique de grands travaux, destinés à améliorer les infrastructures. Même chose aux Philippines ou en Malaisie.

Mais c’est de plus en plus les investissements étrangers qui prennent le relais – permettant, au passage, aux Etats de maîtriser leur endettement. L’attractivité de l’Asie du Sud-Est s’est accrue ces dernières années, devant les bons résultats des économies de la région et les réformes engagées pour améliorer l’environnement économique (ouverture aux capitaux étrangers, plus grande transparence des banques et des entreprises, etc.).

En Asie du Sud-Est, comme dans les pays de l’Alliance Pacifique, le développement de la coopération économique et la création de facilités et partenariats commerciaux a en outre encouragé non seulement les exportations mais aussi les investissements. La Chine est ainsi devenue l’un des principaux investisseurs au Vietnam, au Laos ou encore au Cambodge et finance la construction de barrages, voies de communication ou centrales électriques.

L’année dernière, les investissements étrangers en Indonésie ont donc bondi de plus de 22%.

Le Brésil, quant à lui, a, ces dernières années, refusé d’aller plus loin dans la coopération économique avec le reste de l’Amérique latine. Les projets les plus intéressants et dynamiques se sont donc faits sans lui... et le manque d’investissements se fait aujourd’hui ressentir.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Dans vos investissements, privilégiez les pays émergents qui multiplient les alliances commerciales. Nos préférées : l’Alliance Pacifique et l’ASEAN, qui regroupe l’Asie du Sud-Est.

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