Espérance de vie : l'inégalité hommes femmes en voie de disparition<!-- --> | Atlantico.fr
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Une récente étude montre qu'en Angleterre et au Pays de Galles, l'écart de longévité entre hommes et femmes s'est réduit de moitié depuis les années 1960.
Une récente étude montre qu'en Angleterre et au Pays de Galles, l'écart de longévité entre hommes et femmes s'est réduit de moitié depuis les années 1960.
©Flickr

Parité biologique

Une étude menée par des scientifiques britanniques montre qu'en Angleterre et au Pays de Galles, l'écart de longévité entre hommes et femmes s'est réduit de moitié depuis les années 1960. Le constat semble être le même dans de nombreux pays.

France Meslé

France Meslé

France Meslé est démographe à l'INED.

Elle a plusieurs domaines de recherche parmi lesquels la mortalité dans le monde, et les causes de décès et leurs évolutions sur de longues périodes.

France Meslé collabore avec les revues Populations et Sociétés et la Revue Européenne de Démographie

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Atlantico : Une étude menée par des scientifiques britanniques démontre qu'en Angleterre et au Pays de Galles, l'écart de longévité entre hommes et femmes s'est réduit de moitié depuis les années 1960. Et plus particulièrement en faveur des hommes. En 1967, les hommes vivaient en moyenne 6,3 ans de moins que les femmes. Aujourd'hui, l'écart n'est plus que de 3 ans. Ce phénomène est-il une spécificité des pays industrialisés ? A une classe sociale en particulier ?

France Meslé : France Meslé : L'étude concerne l'Angleterre et le Pays de Galles mais peut bien sûr être rapportée à d'autres pays industrialisés car leur comportements sont très similaires : alcool, tabac, violence, accès aux soins, etc. Cependant, les situations sont loin d’être comparables dans tous les pays du monde. Pour exemple, en Inde, comme dans d’autres pays d’Asie, les femmes ont longtemps eu une espérance de vie inférieure à celle des hommes du fait d’une moindre attention portée aux petites filles et des risques encore élevées dues à la maternité. Ce désavantage ne s’est effacé que très récemment.

En ce qui concerne la France, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, les hommes ont adopté un comportement dit "à risque". En effet, leur consommation en alcool et en tabac était relativement excessive. De plus, ce sont eux qui étaient au volant du véhicule familial et avaient tendance à rouler plus vite que leurs femmes. Ils étaient donc logiquement plus susceptibles de perdre la vie dans un accident de la circulation. Dans un deuxième temps, des années 1960 aux années 1970, les femmes ont commencé à adopter les comportements masculins, et ont notamment augmenté leur consommation de tabac. Contrairement aux attentes, l'écart ne s'est pour autant pas resserré.

C'est leur comportement positif vis-à-vis de la santé qui les a sauvées. Étant mieux éduquées pour la santé, elles profitent plus largement des avancées médicales que les hommes, bien loin de ces préoccupations. Plus tard, dans les années 1980, les hommes ont suivi l’exemple féminin et ont accordé plus d’attention à leur santé, ont davantage pris soin d'eux comme en témoignent la croissance du nombre de magazines masculins ou le développement de lignes de soins masculines. En même temps, leur consommation de tabac a fortement diminué, à la différence de celle des femmes qui y voyaient une forme d'affirmation de leur liberté. Les raisons sont sensiblement les mêmes au sein des diverses classes sociales. Les plus favorisés bénéficient plus facilement de l'accès aux soins et sont plus sensibles à la notion de nocivité du tabac. Mais la classification sociale n'est pas la plus pertinente dans l'analyse des différences entre hommes et femmes.


Est-il concevable qu'à terme hommes et femmes aient la même durée de vie ?

Il est évident qu'en termes de risque de décès, l'écart va continuer à se réduire pour tout ce qui est de la mortalité aux âges actifs et jusqu'à 70 ans. Les risques professionnels ont beaucoup baissé notamment grâce aux progrès de la législation et par le fait que de moins en moins de travaux sont à risque, avec le poids croissant du secteur tertiaire. Les hommes consommant également moins de tabac sont moins touchés par les cancers du poumon ou de la gorge. Ainsi la durée de vie des hommes est amenée à se rapprocher de celle des femmes. Toutefois, au-delà de 80 ans, la surmortalité masculine continue d'augmenter. Certes, à ces âges, les risques de décès diminuent pour tout le monde mais plus vite pour les femmes que pour les hommes. Des gains importants sont encore à attendre et il est difficile de savoir si hommes et femmes progresseront au même rythme dans l’avenir.


Quelles conséquences cela aurait-il sur notre société ?

Si hommes et femmes vivent plus longtemps et ont une durée de vie équivalente, la conséquence sera essentiellement liée à la relation au sein du foyer. Le nombre de veuves sera moins important, ce qui implique une vie en couple plus longue que celle observée actuellement. D'un autre côté, le nombre de séparations va potentiellement aussi augmenter. Les problèmes de couple dureront simplement plus longtemps.


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