Création d'entreprises : ne tirez pas sur l'ambulance !<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
"La grande majorité des porteurs de projets de création et des entrepreneurs le font par volonté d’indépendance et animés par le goût d’entreprendre", précise Alain Renaudin..
"La grande majorité des porteurs de projets de création et des entrepreneurs le font par volonté d’indépendance et animés par le goût d’entreprendre", précise Alain Renaudin..
©Reuters

Editorial

La France reste une terre d'entrepreneurs, mais une terre fragile, qui doit être préservée, idéalement développée, avec la plus grande attention. Remettre en cause le statut d'auto-entrepreneur c'est envoyer un mauvais signal sur la création toute entière.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

Voir la bio »

Contrairement aux apparences médiatiques, les entreprises au sens générique ne sont pas les mastodontes internationaux dont on parle à longueur de JT, mais celles à côté de chez nous, du coin de la rue, aux quatre coins de la France. Il ne s’agit pas non plus d’une poignée mais de millions : 97% des 2 millions et demi d’entreprises (hors agriculture) comptent moins de 20 salariés. Les « PME » (entre 20 et 250 salariés) sont, elles, environ 80 000.

L’Allemagne en compte le double, qui sont aussi beaucoup plus exportatrices que leurs homologues françaises (en outre, indépendamment de la comparaison avec l’Allemagne, les entreprises françaises exportent moins que la moyenne européenne). Quant aux « grandes entreprises », nous en comptons un peu moins de 5 000, et parmi elles de très grands leaders mondiaux enviés par beaucoup (en partie par l’Allemagne cette fois-ci), dont nous pouvons être fiers.

S’il est nécessaire d’étoffer le tissu des PME (leur poids, leur nombre, leurs exportations), de mieux utiliser les grandes entreprises comme des locomotives (notamment en partenariat et portage avec de plus petites), tout en réduisant les risques sociaux liés à leurs restructurations parfois nécessaires, il est aussi nécessaire et vital d’entretenir et de développer l’esprit d’entreprendre et la création d’entreprises. 550 000 entreprises ont été créées l’année dernière, en 2011, soit 12% de moins qu’en 2010 (qui était certes une année record avec 620 000 créations). 2011 était aussi la première année de baisse depuis le début du siècle, et l’année 2012 aura sans doute du mal à se maintenir à flot versus 2011. Sur juin-juillet-août cumulés, le nombre de créations est en hausse de +6,9%, mais sur 12 mois glissants, nous sommes à -1%. A fin août 2012, un peu plus de 350 000 entreprises ont été créées, dont un peu plus d’une sur deux en tant qu’auto-entreprises.

Un maintien de la création donc très fragile, surtout qu’il est majoritairement constitué par la création d’auto-entreprises, dont le statut est aujourd’hui remis en cause. Cette proportion de plus de 50% d’auto-entrepreneurs n’est pas nouvelle, elle est observée depuis le lancement de ce statut particulier début 2009, qui a immédiatement connu un grand succès auprès des Français, et qui a permis de plus que doubler le nombre de créations d’entreprises en France (en moyenne 260 000/an de 2000 à 2008 ; 580 000/an en moyenne sur 2009/2011).

Mais la création de ce statut n’a pas créé ex nihilo l’appétence entrepreneuriale des Français, il est venu l’accélérer et lui donner plus de facilité pour se réaliser. Déjà, de 2000 à 2008 (et notamment depuis 2003), la croissance du nombre de créations était continue, aidée par une succession de lois et de simplifications administratives. Les Français, n’en déplaise peut-être à certains, ont envie d’entreprendre. Ils ont aussi parfaitement conscience qu’en ces temps de rigueur budgétaire publique la création d’emplois (parfois le leur) passe par l’entreprise.

Bien sûr, toutes ces entreprises ne seront pas viables (d’ailleurs la culture de l’échec doit aussi se développer en France), bien sûr ces auto-entreprises sont parfois très modestes (apportant parfois davantage un complément de revenus qu’autre chose, et alors ?), bien sûr tout n’est pas parfait, bien sûr il ne faut pas créer de distorsions de concurrence, ni d’incitations artificielles pour créer par défaut, mais il est absolument vital de préserver, d’encourager, et de reconnaître l’esprit d’entreprendre. La grande majorité des porteurs de projets de création et des entrepreneurs le font par volonté d’indépendance et animés par le goût d’entreprendre.

C’est une erreur politique, stratégique, économique et sociale que d’entraver l’entrepreneuriat et de ne pas contribuer à son développement et sa valorisation, qui présente plus de vertus que d’inconvénients, même si parfois, un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. La très grande majorité des entreprises et des entrepreneurs font plus de bien que de bruit.

La France doit être entreprenante, elle est d’ailleurs riche de cet esprit d’entreprendre. Les Chambres de commerce et d’industrie ne s’y trompent pas en lançant depuis hier l’opération www.500000etmoi.fr pour montrer et même révéler cette France qui entreprend.

On gagne tous à entreprendre !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !