Après Arnault, c'est la Biennale des antiquaires qui pourrait bien partir à l'étranger<!-- --> | Atlantico.fr
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Plateau de table néoclassique en pierres dures, attribué à Antonio Cioci. Galerie G. Sarti (Florence, vers 1790).
Plateau de table néoclassique en pierres dures, attribué à Antonio Cioci. Galerie G. Sarti (Florence, vers 1790).
©Philippe Herlin

Tout fout le camp

La plus prestigieuse foire d'antiquaires au monde, qui s'est ouverte ce vendredi à Paris, jusqu'au 23 septembre, pourrait se délocaliser à New York ou Hong Kong, suite aux mesures fiscales envisagées par le gouvernement.

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

Voir la bio »

La Biennale des antiquaires, qui s'est ouverte ce vendredi au Grand Palais, à Palais, et se prolonge jusqu’au 23 septembre, accumule les superlatifs : plus prestigieuse foire d’antiquaires au monde, surpassant la « Tefaf » Maastricht et sans équivalent à Londres ou à New York, 122 exposants, et deux fois plus de demandes malgré les 1000 à 1600 euros le m2 de stand, 8000 œuvres exposées et assurées pour plusieurs milliards d’euros, dîner VIP de 1400 couverts, 100.000 visiteurs attendus, une superbe scénographie signée Karl Lagerfeld évoquant les galeries marchandes parisiennes de la fin du XIXe siècle, avec en son centre une montgolfière ancienne...  Tout est réuni pour une fastueuse fête des arts.

Avec cet événement, Paris s’affirme comme une des plaques tournantes du marché de l’art dans le monde. Un marché qui d’ailleurs ne connaît pas la crise, les œuvres classiques comme les grands noms du contemporain n’ayant quasiment pas vu leur cote baisser depuis la crise de 2008. Les investisseurs considèrent en effet l’art comme un placement refuge, un actif « réel » gardant sa valeur intrinsèque par delà les décennies. C’est effectivement plus rassurant que d’acheter des actions ou des obligations d’Etat !

Alors, voici un motif de satisfaction quant au dynamisme de l’économie française dans la mondialisation ? Malheureusement pas. Dans une interview aux Echos, Christian Deydier, le président du Syndicat national des antiquaires, qui organise l’événement, déclare : « Après le recul des ventes d'objets courants, la classe moyenne étant de plus en plus ponctionnée en Europe, les mesures fiscales envisagées par le gouvernement pourraient mettre à mal le segment du haut de gamme. »

Plus grave, il menace de délocaliser cet événement : « Je suis prêt à délocaliser la Biennale à New York ou Hong Kong si nécessaire. On s'embête à faire venir des acheteurs étranger à Paris, alors qu'il n'y a quasiment plus de grands collectionneurs en France ?! »

Après Bernard Arnault, président de LVMH, voici un autre acteur du luxe qui envisage de plier bagage. Après les usines, le luxe, malgré ses fortes marges, fuit la fiscalité confiscatoire française…

Serait-il seulement possible de défendre ce dossier devant les responsables publics ? Pas sûr. Christian Deydier regrette qu’en effet que « pour la première fois, le Président de la République ni aucun ministre ne visiteront la Biennale », des réponses négatives évoquant des emplois du temps chargés lui sont parvenues, affirme-t-il. Se montrer dans un cadre luxueux indisposerait ces personnes. Le Président (et le gouvernement) qui « n’aime pas les riches » risque d’être satisfait au-delà même de ses désirs.

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