Radical : tout sur le changement de politique de la Fed et son impact<!-- --> | Atlantico.fr
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La banque centrale américaine maintient ses taux directeurs proches du zéro.
La banque centrale américaine maintient ses taux directeurs proches du zéro.
©Reuters

Le nettoyeur

Cette semaine, le "nettoyeur" Pascal Emmanuel Gobry, propose de comprendre la décision de la Fed de baisser encore plus bas des taux d'intérêt à long terme déjà à un niveau dérisoire.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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La banque centrale américaine a complètement changé d'approche dans sa politique monétaire, et ça aura un impact très important sur l'économie mondiale et la science économique. La dernière décision de la Fed fut sans doute l'événement le plus important de la semaine, et pas seulement en économie.

Que s'est-il passé et pourquoi est-ce aussi important ?

Revenons au début de la crise : avec l'effondrement, la Fed a mis ses taux directeurs à zéro, mais pourtant l'économie n'est pas repartie assez vite, avec toujours plus de 8% de chômage. Elle a donc entrepris une politique appelée “QE” (Quantitative Easing, assouplissement monétaire), qui consiste en des rachats d'obligations souveraines, afin de faire baisser les taux encore plus, mais l'impact a été, au mieux, mitigé.

Parallèlement à ça, les économistes ont travaillé pour comprendre ce qu'une banque centrale peut faire pour continuer à stimuler son économie lorsque ses taux sont à zéro. Et depuis deux ans, de plus en plus d'économistes sont arrivés à la conclusion que ce qui compte le plus n'est pas tant la politique précise (QE ou autre) que les attentes fixées par la banque centrale, les politiques ne servant qu'à orienter ces attentes.

Qu'est-ce que ça veut dire ? Pour reprendre l'exemple de Matt Yglesias de Slate, imaginez que vous réfléchissez à emprunter de l'argent pour acheter un immeuble et le louer, ce qui est une forme d'investissement. Vous voudrez savoir où sont les taux d'intérêts, mais vous voudrez également savoir si vos locataires potentiels auront plus de revenus pour payer leurs loyers. Si vous pensez que les locataires potentiels vont avoir plus de revenus, c'est encourageant—sauf que si les revenus (c'est-à-dire la croissance) augmentent, les taux d'intérêts augmenteront probablement aussi, ce qui est dissuadant. Sauf si la banque centrale annonce clairement qu'elle gardera une politique accommodatrice même une fois l'économie relancée : là vous êtes vraiment encouragé à investir. Ce n'est donc pas tant la politique de la banque centrale à un instant T qui compte que les attentes qu'elle fixe sur sa politique à venir.

Quel rapport avec la politique précédente de la Fed et sa nouvelle politique ? Avant, la Fed avait annoncé ses QE, mais à chaque fois l'opération était limitée, et la Fed laissait fortement entendre qu'elle fermerait le robinet au moindre signe de relance. La politique à l'instant T n'était pas mauvaise, mais les attentes allaient dans le mauvais sens. A quoi bon investir sur la base d'une relance faite aujourd'hui si elle risque d'être arrêtée demain ? Cette semaine, la Fed a enfin placé les attentes dans le bon sens : elle a annoncé un QE “illimité”, non pas en quantité mais dans le temps. La Fed a dit très clairement qu'elle continuerait à faire du QE tant que l'économie ne serait pas relancée et, ce qui est crucial, même après le début de la relance.

La différence entre un QE limité et un QE illimité est donc radicale et fondamentale. Alors que la Fed agissait alors techniquement sur les taux d'intérêts, elle agit maintenant surtout sur les attentes, en envoyant un signal fort et clair à l'économie.

C'est un changement presque copernicien, dans l'économie et la politique monétaire. C'est également une victoire des économistes non-conventionnels, et des blogs où ces théories ont d'abord été popularisées. Bref, un événement très important.

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