Mais où sont passés les sportifs disparus lors des JO ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le boxeur camerounais Thomas Essomba.
Le boxeur camerounais Thomas Essomba.
©Reuters

Sans laisser de traces

Congolais, Camerounais, Ivoiriens... De nombreux athlètes ont été portés "disparus" des JO de Londres. Pourquoi tant de désertion ? Ou comptent-ils aller ?

Mercredi, le président de la Fédération camerounaise de boxe, Bertrand Magloire Mendouga, s’inquiétait de la fuite de sept athlètes camerounais, dont cinq boxeurs, une footballeuse et un nageur. "Ce scénario n'était pas prévu, car nous avions mis en place un programme avec l'Association internationale de boxe amateur pour encadrer ces garçons au-delà des Jeux olympiques, mais je ne sais quelle réponse nous allons donner à nos interlocuteurs du programme", avait-il précisé. La délégation camerounaise, dépassée, a demandé de l'aide au Comité International Olympique, qui n'a pu que botter en touche : "ils ont des visas valables jusqu'en novembre, et pour l'instant ils n'ont rien fait de mal".

En outre, les sportifs disposaient de passeports pour l'intégralité de la zone Schengen : ils peuvent donc se trouver n’importe où dans cette zone en toute légalité, et notamment en France, où habite une partie de leur famille.

Vendredi, le président de la Fédération Ivoirienne de Natation et Sauvetage (FINS) annonçait la disparition de deux nageurs ivoiriens. Frank Brou Kouassi et Assita Touré ont quitté le village Olympique dans la nuit du mercredi 8 août.

"Nous déplorons cette situation qui arrive malheureusement à nos athlètes, de surcroit non qualifiés, mais gracieusement invités par le Comité International Olympique (CIO). La FISP est consterné par cette affaire qui n’honore pas notre pays", a confié Serges Vremen au téléphone avant de conclure : "Nous espérons que ces deux athlètes vont vite regagner le village olympique, avant le retour de la délégation ivoirienne le lundi 13 août. Nous sommes donc en contact avec leurs parents à Abidjan, afin de peser de tout leur poids pour les retrouver."

Brou Kouassi et Assita Touré avaient certes été éliminés au Tour 1 du 50 mètres nage libre, mais le Comité National Olympique de Côte d’Ivoire avait été satisfait, dans l’ensemble, de leur participation.

Lundi, c'était au tour de quatre membres de la délégation congolaise - soit un tiers de la délégation - de faire défaut. Ils ne sont plus "joignables", expliquait une source proche du ministère de la Jeunesse et des Sports à Kinshasa, en République démocratique du Congo.

Cédric Mandembo, judoka concourant dans la catégorie des plus de 100 kg, Blaise Bekwa, entraîneur de boxe, Guy Nkita, directeur technique national d'athlétisme, et Ibula Masengo, entraîneur de judo, ont disparu du village olympique les uns après les autres, entre le 10 et le 12 août. 

Dans le même temps, il s'est avéré qu'au moins cinq des "disparus" camerounais avaient demandé à être autorisés à rester au Royaume-Uni, plutôt que de rentrer avec le reste de la délégation dimanche après la cérémonie de clôture.

Au total, ce sont donc 15 membres de délégations africaines participants aux JO qui ont disparus ou qui ont demandé l’asile politique cette année, selon le Daily Mail. Deux membres de l'équipe soudanaise et un Ethiopien ont en effet demandé asile au Royaume-Uni, et un Soudanais est également porté disparu. 

Ce genre de défections sont récurrentes dans l'histoire des JO. En 1956 déjà, à Melbourne en Australie, 40 athlètes hongrois avaient fui le régime de l'URSS. En 1996, lors des JO d'Atlanta, la totalité de l'équipe féminine de basket du Zaïre avait fui la dictature de Mobutu. Les défections de sportifs congolais en compétition à l'étranger ne sont pas nouvelles. Toujours à Atlanta, seuls quatre basketteurs congolais avaient pris l'avion du retour sur les 13 arrivés au départ...

La première défection politique reconnue lors des JO avait déjà eu lieu à Londres, en 1948. La tchécoslovaque Marie Provaznikova, présidente de la Fédération internationale de Gymnastique, âgée de 57 ans, avait refusé de regagner son pays, invoquant le "manque de liberté" suite au "Coup de Prague" de février qui avait porté les communistes au pouvoir et mené à l'inclusion de la Tchécoslovaquie au sein du Bloc soviétique.

Mais ces disparition sont-elles toujours politiques ? Le Cameroun est est des pays les plus stables d'Afrique, et les autorités du pays ont accusé leurs boxeurs disparus d'être des immigrés économiques. De fait, si le Cameroun est politiquement stable, le pays reste ravagé par la pauvreté. Son taux de pauvreté atteint presque 40% selon la Banque Mondiale et un tiers des camerounais n'a pas accès à l'eau potable ou à l’électricité. Une personne sur quatre vit avec moins de 1 euro 10 par jour. Les experts évaluent le taux de chômage à 30% dans la capitale Yaounde.

Cinq des boxeurs camerounais affirment pourtant avoir fait défection suite à des menaces de la part des responsables de leur délégation. Selon le boxeur Blaise Yepmou Mendouo, les autorités de sa délégation auraient tenté de confisquer les passeports de certains sportifs. En outre, les bonus qui leur avaient été promis auraient été diminués de moitié. Ils ont déclaré être à la recherche d'un sponsor pour les aider à rester en Grande Bretagne.

 Le boxeur Thomas Essomba a déploré le manque total de soutien pour les athlètes au Cameroun, ajoutant : "Nous ne restons pas ici parce que nous n'aimons pas notre pays, mais parce que nous voulons pratiquer les sports que nous aimons. Nous voulons devenir des professionnels. Nous ne pouvons pas retourner au Cameroun... si nous y retournons, nous ne les pratiquerons plus." Des accusations démenties par le chef de la délégation, David Ojong.

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