Voilà comment l’Europe pourrait à nouveau dominer le monde<!-- --> | Atlantico.fr
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Et si l'Europe redevenait le centre du monde ?
Et si l'Europe redevenait le centre du monde ?
©Reuters

Politique fiction

Malgré la crise de l'euro, des solutions existent pour redresser le continent.

Jean-Sébastien Hongre

Jean-Sébastien Hongre

Jean-Sébastien Hongre, entrepreneur sur Internet, est l’auteur de Un père en colère aux Editions Max Milo et d’Un joueur de poker chez Anne carrières.
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Après avoir fini mon dernier article dénonçant le manque évident de combativité des élites issues des années 70, comme par réaction, j’ai été visité le soir même par un curieux rêve, un rêve optimiste : de nouveaux dirigeants avaient été élus par le peuple européen; la liste qui l’avait emportée était la seule à avoir élaboré un projet de civilisation nommé « Cap Europe 2030 », un nom de programme dont les hommes de communication avaient moqués le manque de créativité. Mais les peuples ne s’attardaient plus sur la forme, l’urgence nécessitait du fond, le temps des idées était revenu, chaque citoyen avait lu les programmes. A la surprise de tous les médias, Cap Europe 2030 avait obtenu la majorité au parlement Européen et avait formé un gouvernement.

Le projet se mettait en place

Je voyais la Banque centrale prêter aux Etats à 3% pour les dépenses d’investissement qui entraient dans le plan, le reste étant financé par les marchés qui imposaient une rigueur de gestion aux politiciens les plus versatiles. De nombreux entrepreneurs se lançaient dans le combat avec toute leur énergie.

Je survolais les pays du sud de l’Europe et y découvrais des centaines de milliers d’hectares couverts d’immenses champs de panneaux solaires en cours d’installation. J’entendais des ingénieurs allemands conseiller les ingénieurs espagnols pour la mise en place des installations qu’ils leur livraient. Les Français en charge des infrastructures qui irriguaient d’énergie toute l’Europe étaient de la fête. Une industrie puissante naissait. On produisait aussi en masse des éoliennes qui couvraient les pays nordiques, les cotes françaises, belges, hollandaises et anglaises.

A la commission, sous les ordres du gouvernement, avec ruse, on édictait sans cesse des règles et des normes qui freinaient ou bloquaient les produits concurrents asiatiques à bas cout et par là, on permettait à une vraie filière industrielle de se recréer en Europe. Enfin, on avait décidé de défendre nos intérêts. Bien sur, on exportait un peu moins d’Airbus, et d’autres produits à valeur ajoutée en Asie mais somme toutes, les milliers d’ingénieurs licenciés avaient pu se recaser dans nos industries naissantes. Et des centaines de milliers de nouveaux emplois avait été créés en Europe dans les usines qui renaissaient partout. On avait même du aller chercher des retraités pour retrouver un peu de ce savoir faire qu’on avait été a deux doigts de laisser disparaitre. Il s’en était fallu que l’Europe ne soit plus qu’un dispensaire miséreux pour touristes étrangers. Le chômage baissait enfin à 5% et son cortège de vices et de coûts cachés disparaissait.

Le vaste projet d’indépendance énergétique nous affranchissait de la dépendance au pétrole. La filière du tout électrique explosait, et là encore, la commission veillait pour sauvegarder notre savoir faire et protéger nos filières. Un grand programme de recherche impliquant des chercheurs et ingénieurs de toute l’Europe permettait de développer des solutions de stockage de l’électricité.

Dans les grandes Ecoles d’ingénieur, la filière finance avait été supprimée et on incitait les plus brillants esprits à travailler dans l’économie réelle, à créer, à innover, à inventer, à faire du progrès un progrès pour tous. La finance redevenait ce qu’elle aurait du rester ; un métier de banquier.

La filière de recyclage constituait aussi un puissant axe de développement et avec le temps notre savoir faire devenait une nécessité vitale dans la plupart des continents ; avec 8 Milliards de bouches à nourrir, l’heure n’était plus au gâchis.

Pour rembourser sa dette, les Européens devaient travailler plus, plus longtemps, payés autant. Ils ne l’acceptaient que parce qu’un plan de développement des systèmes d’informations avait permis de déployer partout des centres de télétravail, assurant à chacun la possibilité de travailler à coté de chez lui. Les 2 heures de transport quotidien, inutiles, éreintant, consommateurs de CO2 devinrent un vague souvenir, une absurdité dont on se demandait comment on avait pu l’accepter tant de décennies. Ce temps gagné améliorait la qualité de la vie et donnait aux parents le temps d’élever à nouveau correctement leurs enfants. Les villes perdaient de leur attrait et le prix du m2 baissant, chacun vit son niveau de vie rester stable malgré les remboursements de la dette.

Les habitudes alimentaires poussées par Cap Europe 2030 développèrent des filières locales ; on privilégiait partout la qualité à la quantité. On mangeait de la viande moins souvent mais Dieu que son gout était vrai. On attendait 6 mois de plus pour avoir le nouveau Smartphone mais on éprouvait l’authentique plaisir de l’avoir désiré plus longtemps.

Avec les années, l’Europe se relevait, indépendante, fière, et devenait un modèle pour le monde. Les US accrochés à leur gaz de schiste et à leur modèle de consommation comme des junkies à leurs doses de coke n’évitaient la faillite qu’à coup de planche à billet. Sa population en était lasse, aspirait à la légèreté d’un nouveau mode de vie. Même la Chine finissait par chercher à copier notre modèle.

Dans les cités naissaient une nouvelle classe ouvrière, digne, et le Parti de gauche s’y implantait en associations, activités, et syndicats. Des jeunes s’engageaient. Mélenchon n’était plus un vague cousin du « Bane » de Batman 3 qui coupait la tête des riches, il faisait désormais des discours utiles pour le pays. On finissait presque par le trouver réaliste, ce qui avait tendance à l’irriter.

L’Europe en 2030 était donc apaisé, installé durablement dans le progrès et la qualité de la vie.

Bien sur, je me suis réveillé. Je me rappelais de tout, conscient que tout cela m’était venu de mes dernières lectures, notamment de l’excellent « Décompression » de Dessertine. Instinctivement j’ai allumé la radio et j’ai appris qu’en France le débat portait sur le montant de l’allocation scolaire de rentrée et l’augmentation probable de la CSG.

«Et ben… C’est pas gagné » ai-je songé…

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