Thierry Mariani : "En bradant la nationalité française, Manuel Valls tue l’intégration"<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls a dénoncé une "politique délibérée" du précédent gouvernement "d'exclure de la nationalité des gens méritants et ne posant aucune difficulté".
Manuel Valls a dénoncé une "politique délibérée" du précédent gouvernement "d'exclure de la nationalité des gens méritants et ne posant aucune difficulté".
©Reuters

La France, tu l'aimes ou tu la quittes !

Le ministre de l'Intérieur souhaite se démarquer de la politique menée par Claude Guéant en matière d'immigration. Mercredi, devant la commission des lois du Sénat, Manuel Valls a annoncé sa décision de ne pas appliquer les nouveaux critères de naturalisation voulus par son prédécesseur.

Thierry Mariani

Thierry Mariani

Thierry Mariani a créé, en 2010, avec notamment les parlementaires Christian Vanneste et Lionnel Luca, le collectif de la Droite Populaire.

Il a été ministre chargé des transports dans le dernier gouvernement de Nicolas Sarkozy. 

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Atlantico : Manuel Valls s'est démarqué mercredi 25 juillet de son prédécesseur Claude Guéant sur l'immigration, annonçant sa décision de ne pas appliquer les nouveaux critères de naturalisation. Le ministre de l'Intérieur justifie cette marche arrière par la nécessité de faciliter les conditions d’intégration. Selon vous, est-ce le bon raisonnement  ?

Thierry Mariani : Le raisonnement de Manuel Valls est absurde. C'est comme si on disait, "le bac est difficile : supprimons les mathématiques !" Comment peut-on devenir Français, si on ne connait pas un minimum de la culture et de l'Histoire de France ?

La France est le pays le plus ouvert en matière de naturalisation. Pour autant, n'est pas Français qui veut... Et certainement pas parce qu'on est en possession de papiers, mais bel et bien parce qu'on a assimilé un héritage, une culture, une langue... C'est l'un des acquis de la politique de Nicolas Sarkozy d'avoir su le faire comprendre. 

Manuel Valls a dénoncé une "politique délibérée" du précédent gouvernement "d'exclure de la nationalité des gens méritants et ne posant aucune difficulté". Il a évoqué notamment le test concernant la connaissance de la culture et de l'Histoire de la France. "Des ministres et des sénateurs auraient du mal à y répondre tellement il est hors des clous ..."

La majorité des ministres et des sénateurs ne sont pas stupides... Il ne s'agit pas de connaître par cœur l'histoire des rois Capétiens, mais d'avoir quelques repères : savoir que nos ancêtres sont les gaulois !

Je réfute la théorie qui consiste à dire que les étrangers viennent avec leur histoire et que celle-ci devient l'Histoire de France. La France n'est pas un patchwork de toutes les cultures mondiales !

Le processus de naturalisation est-il devenu toutefois "un parcours du combattant " ?

La nationalité doit se mériter et venir sanctionner un parcours d'intégration. Cela suppose un effort. D'ailleurs Manuel Valls, lui-même, le reconnaît. Malheureusement, il n'en tire pas les conséquences.

Je suis marié depuis 2005 et ma femme a obtenu la nationalité française il y a seulement quelques mois... Elle a fait l'effort de se perfectionner dans l'apprentissage du français, de connaître notre culture.

Si le nombre de nationalisation a diminué, ce n'est parce que le processus de naturalisation est devenu "un parcours du combattant" comme le déplore Manuel Valls, mais parce que le processus d'intégration est en panne.

La gauche d'aujourd'hui est "immigrationniste". Elle voit les immigrés comme son terroir naturel, son eldorado électoral. Si on supprime les critères de naturalisation et qu'on donne des papiers à tout le monde, on ira tout droit au communautarisme.

Le ministre a également déclaré vouloir mettre fin au pouvoir discrétionnaire de l'administration en matière de régularisations. Le risque n’est-il pas de créer un appel d’air ? 

Manuel Valls veut établir des "critères transparents". Tous les ministres de l'Intérieur ont dit la même chose, y compris Nicolas Sarkozy ! Les critères porteront sur les "années de présence sur le territoire, les attaches familiales, la scolarisation des enfants et la situation par rapport au travail." Tout cela existe déjà aujourd'hui.

En revanche, en moins de deux mois, il y a eu des signes inquiétants : les déclaration de Manuel Valls concernant l'abandon des critères de naturalisation qui ouvrent les vannes de la nationalité, la suppression des franchises médicales pour les sans-papiers, mais aussi l'interdiction de placer les familles avec des enfants dans des centres de rétention qui signifie en clair que toutes les familles avec des enfants sont inexpulsables. Enfin, la volonté réaffirmée de donner le droit de vote aux étrangers.

Presque deux ans jour pour jour après le discours de Grenoble de l'ex-président Nicolas Sarkozy sur les Roms, Manuel Valls a admis l'obligation pour le gouvernement de démanteler des camps abritant des membres de cette communauté. Approuvez-vous pareille déclaration ?

J'approuve les mots, j'attends les actes. Dans le discours de Manuel Valls, on a un certain nombre de bonnes intentions, mais aussi un certain nombre de clignotants. Il est trop tôt pour juger son action. Mais ses déclarations inspirent plus de méfiance que de confiance.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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