Trop bas ? Trop élevé ? Existe-t-il seulement un taux de change idéal pour l’euro ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La chute de l’euro sous les 95 yens (le plus bas depuis plus de 10 ans) traduirait une crise de confiance des investisseurs. Pourtant, lorsque l’euro est "fort", c’est pour les entreprises exportatrices qu’on s’alarme...
La chute de l’euro sous les 95 yens (le plus bas depuis plus de 10 ans) traduirait une crise de confiance des investisseurs. Pourtant, lorsque l’euro est "fort", c’est pour les entreprises exportatrices qu’on s’alarme...
©Reuters

Jamais content

Le cours de l'euro, qui s'est échangé à 95 yens sur les places asiatiques, n'a jamais été aussi bas depuis onze ans, signe que la demande de monnaie unique est bien plus faible que la demande de yen. Pourtant, la politique de l'euro fort de la BCE, censée avoir handicapé les exportations, a longtemps suscité la critique. Euro fort, euro faible, que souhaiter pour les économies européennes ?

Andrea Tuéni

Andrea Tuéni

Diplômé du Master en Finance de marché de Sup de Co Reims, Andrea Tuéni rejoint Saxo Banque en tant que Sales Trader il y a 2 ans.

Ce spécialiste des devises et matières premières est rapidement devenu un analyste reconnu par les médias financiers de référence (BFM, Reuters, Le Figaro,…) et participe au rayonnement de l’activité du département de Sales Trading de Saxo Banque France.

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Atlantico : La chute de l’euro sous les 95 yens, taux le plus bas depuis un peu plus de 10 ans, semble susciter l’inquiétude. Elle traduirait une crise de confiance des investisseurs. Pourtant, lorsque l’euro est "fort", c’est pour les entreprises exportatrices qu’on s’alarme. Au final, quel serait le cours de l’euro « idéal » ?

Andrea Tuéni : Il est assez difficile de déterminer un cours « idéal » de l’euro. Il faut prendre en compte la situation actuelle. De plus, les économies s’adaptent et se stabilisent en fonction du taux de change effectif, ce qui absorbe quelque peu le cours de la devise. Mais selon moi, au vu de la situation des économies européennes, un redressement passera inévitablement par un affaiblissement de l’euro et donc par une chute de la devise unique. D’un point de vue technique, on pourrait revenir vers les 1,18 dollars si la césure des 1,20 s’inscrit dans la durée. On pourrait qualifier ce niveau de plus décent, bien que ce soient des niveaux que l’on n’a pas atteints depuis longtemps. Avec des économies européennes aussi faibles, une telle baisse devrait être salvatrice pour les économies, et provoquer, à plus long terme, une relance.

Pour revenir sur la chute de l’euro face au yen, ce qui suscite vraiment l’inquiétude des investisseurs est le fait que le yen soit considéré depuis maintenant quelques années comme étant l’une des valeurs « refuges » par excellence sur le marché des devises. A chaque alerte sur les marchés, les investisseurs se tournent massivement vers la devise nippone. On peut donc dire que les investisseurs sont particulièrement inquiets de la situation actuelle. L’euro est sanctionné. Aujourd’hui, cet attrait porte sur le yen, au même titre qu’on a pu voir des mouvements sur le Franc Suisse. On peut d’ailleurs se méfier, de plus en plus, d’une possible intervention de la banque centrale japonaise pour atténuer le renforcement de sa devise, qui pénalise les sociétés d’exportation japonaises.

Un euro faible ne profite aux entreprises que dans certaines conditions. Sont-elles remplies en France ?

Il est vrai qu’une grande partie des exportations se fait au sein de la zone économique et monétaire. Aussi pense-t-on, logiquement, qu’une baisse de l’euro est positive pour les entreprises exportatrices, mais elle sera atténuée par la vigueur des échanges au sein de la zone, qui se font en euros. De même, une entreprise n'en profite que si elle est exportatrice.

D’ailleurs, l’exemple de l’Allemagne, puissance de la zone euro fortement portée sur les exportations, montre que l’euro fort n’est pas forcément un problème. 

Cela dit, l’euro faible ne devrait pas nous handicaper.

Qui a intérêt à avoir un euro fort ?

Un euro fort peut également être bénéfique. Il l’est pour les sociétés importatrices, avec des importations  à moindre coût. Il l’est également en cas d’une hausse du prix des matières premières. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est difficile de déterminer un niveau « idéal » pour l’euro. Le marché s’adapte au taux de change, dans la proportion importations/exportations notamment.

Quelle est l’importance du taux de change euro/yen sur le plan économique ? Doit-on s'inquiéter ?

La paire euro/dollar reste certes la plus échangée sur les marchés. Mais le taux de change euro/yen permet d’estimer le degré de défiance des investisseurs. Pour les économistes, ce taux est aujourd’hui un élément d’analyse essentiel pour juger de la confiance des investisseurs. Un renforcement du yen, valeur refuge, nous apprend, au-delà de la sanction de l’euro, qu’il y a une forte aversion au risque.

Plus spécifiquement face au yen, ce qu’il faut voir avant tout est la défiance des investisseurs, qui voient le futur de l’euro de manière assez sombre. Le message envoyé est clair : la situation en zone euro est, disons le, dramatique.

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