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Alerte aux tonnes d’or contrefait qui envahissent les marchés
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Murs de poussière

Grâce à la mondialisation, certains pays africains se spécialisent dans l'or 100% faux. Ce secteur de la contrefaçon est aujourd'hui arrivé au stade de l'industrialisation. Des Banques centrales auraient même été victimes de l'arnaque...

Marc Mayor

Marc Mayor

Marc Mayor est un investisseur professionnel, fondateur d'Inside ALPHA. Il écrit régulièrement des rubriques pour l'hebdomadaire intitulé "Le Coin des Insiders" dans le quotidien financier suisse Agefi.

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"A vendre : tonnes d'or. Très bon état. Prix attrayants".

Vous voulez acheter quelques tonnes d'or ? Rien de plus facile : de nombreux traders africains sont prêts à vous proposer des prix cassés.

Toutefois, cela demeure cher pour acheter de la poussière ou des lingots de plomb peints couleur or ; le secteur de la fabrication de faux lingots ne connaît pas la crise, multipliant les victimes parmi les investisseurs privés et même les banques centrales.

Dubaï, phare de la contrefaçon... à ses dépends

Actuellement, cinq tonnes d'or dorment dans les ports francs de Dubaï sans protection particulière, simplement déposées sur des palettes. Inconscience de pays riche ? Pas du tout : il s'agit d'or faux, la plupart du temps en provenance d'Afrique. Selon des estimations, des investisseurs basés aux Émirats arabes unis ont acquis pour plus de 200 millions de dollars de poussière 100% arnaque, mais livrée en lingots.

Nous vous avions déjà entendu parler des lingots fourrés au tungstène trouvés en Allemagne il y a quelques années ; le secteur de la contrefaçon est maintenant arrivé au stade de l'industrialisation.

Il faut dire que la demande d'or continue à exploser, tout comme l'appât du gain ; et, au lieu d'acheter un métal jaune de qualité et au juste prix, le client cherche le rabais, et le trouve.

Cela me fait penser à cette chanson de Francis Cabrel, intitulée Les murs de poussière, à propos de cet homme qui "voulait trouver mieux", mieux que son lopin de terre, mieux que la douce lumière du soir près du feu qui réchauffait son père et la troupe entière de ses aïeux.

Ces investisseurs qui ont cru acquérir de l'or à un prix défiant toute concurrence se sont fait plumer ; les chargements d'or factice sont si nombreux aux Émirats que les autorités ne pratiquent même plus d'inspection des lingots. S'ils proviennent d'un obscur trader basé en Afrique, ils sont faux, c'est aussi simple que cela.

Une arnaque bien ficelée...

Grâce à la mondialisation, certains pays africains se spécialisent dans l'or 100% faux. Des marchands affirment posséder de larges quantités d'or, souvent acquis auprès d'une banque centrale ou d'un important fonds américain, disent-ils. Et ils sont prêts à le vendre rapidement à un cours inférieur au marché. Pourquoi ? Pour faire plaisir à l'acheteur, probablement.

Ce dernier envoie l'argent après avoir reçu des échantillons, constitués d'or véritable bien sûr. L'assurance, le transport, le stockage, éventuellement le raffinage : tous ces coûts s'ajoutent à la facture finale des naïfs qui se laissent appâter. Lorsque la cargaison atteint sa destination, elle est composée de boue ou de sable. On a aussi vu de simples briques peintes couleur or.

Le vendeur, pour sa part, ne court pratiquement aucun risque. Tous ses contacts avec les acheteurs se font via des e-mails anonymes, depuis des cybercafés ou avec des téléphones mobiles à cartes prépayées. Et de toute façon, la police n'enquête même plus...

... qui trompe même les Banques centrales

Les dégâts se trouvent du côté des clients, certains ayant subi des attaques cardiaques en apprenant que leurs lingots contenaient 100% de poussière pure. Mais des banques centrales se seraient également faites avoir, selon la presse du Moyen-Orient ; la Banque centrale d'Éthiopie aurait ainsi reçu pour plusieurs millions de dollars de lingots d'acier plaqués or.

Si des Banques centrales se sont fait posséder, il est logique de penser que le système financier mondial est infiltré par les lingots au tungstène, en plomb ou les briques plaquées or.

Et c'est sur cela que sont censées reposer les monnaies papier que nous utilisons chaque jour... L'investisseur profane, qui n'est pas sûr de ce qu'il fait, est donc comme le protagoniste de la chanson, et son sort le plus probable est déjà connu : "au soleil sur les murs de poussière, il s'est brûlé les yeux".

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