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Mu par la crainte d'un "printemps chinois", le Parti Communiste cadenasse toutes les tentatives
de rébellion
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Quand le dragon gronde...

Le gouvernement chinois, à la tête d'un pays de plus d'un milliard d'âmes, vit dans la crainte de l'émergence de mouvements rebelles. Or, il semblerait que les "printemps arabes" aient donné des idées à la dissidence chinoise. Jean-Luc Buchalet et Pierre Sabatier, dans "La Chine, une bombe à retardement", exposent les différentes méthodes répressives mises en place par l'Etat (Extrait 2/2).

Pierre Sabatier et Jean-Luc Buchalet

Pierre Sabatier et Jean-Luc Buchalet

Pierre Sabatier et Jean-Luc Buchalet sont membres du Cercle Turgot et fondateurs du cabinet de recherche économique et financière PrimeView.

Ils sont les auteurs de La Chine, une bombe à retardement chez Eyrolles (sortie le 31 mai).

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De la place Tahrir à la place Tienanmen, le chemin paraît long, voire impossible. On dit souvent que les Chinois forment un peuple apathique, mais les révolutions arabes parlent à tous ceux qui, dans le pays, cherchent à se battre pour leurs droits, ne supportent plus les écarts de richesse, la précarité sociale et les problèmes sanitaires.

La mobilisation de centaine de milliers de citoyens sur Internet, notamment sur Weibo, le Twitter chinois, démontre que le réveil civique est bien à l’œuvre. Il est devenu un poison pour le pouvoir qui, en réaction, se rigidifie. En 2011, les autorités ont renforcé la répression contre les opposants après une série d’appels à des « rassemblements du jasmin » inspirés du printemps arabe. Avec l’attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiabo, les opposants chinois ont été encouragés à poursuivre leur combat.

Après les événements de la place Tienanmen en 1989, les Chinois s’étaient en majorité repliés sur eux-mêmes, par réflexe de survie, en se consacrant essentiellement aux affaires avec l’espoir d’une vie meilleure pour leurs enfants. Depuis trois ans, avec le retour de l’inflation et les difficultés quotidiennes du petit peuple, la société civile s’est ranimée. La corruption et la fuite des capitaux de la part de certains dirigeants ou de riches hommes d’affaires éclairent bien la crise de confiance que traverse actuellement le modèle chinois.

Des mouvements de citoyens ordinaires ont émergé et commencent à menacer le pouvoir qui assimile ces contestations à une désertion. Toute manifestation, grève ou révolte dans les campagnes (de plus en plus nombreuses) est désormais l’occasion de débats passionnés. La circulation quasi instantanée de l’information via les téléphones portables ou les réseaux sociaux est un défi permanent à l’encontre de l’autorité publique, à tous les échelons.

Malgré les contrôles drastiques du contenu des microblogs et de la police sur Internet, les critiques se font de plus en plus virulentes et prennent une tournure politique. Les foules, loin du pouvoir central, ne veulent pas la révolution, mais le respect de leurs droits. Mus par la colère et l’humiliation, les citoyens se libèrent sur Internet. Habitués à gérer les conflits sociaux loin des regards critiques en utilisant les médias comme courroie de transmission, les autorités chinoises n’ont pas complètement pris la mesure de ce que signifiait le témoignage citoyen à l’échelle d’une nation.

La crise de confiance, ou de crédibilité, de tout l’appareil d’État a atteint son paroxysme. Cette Chine qui gronde, la moins connue des médias étrangers et des investisseurs, place le pouvoir dos au mur. En Occident, on connaît les tendances autoritaires du régime chinois, mais elles ne disent pas tout. La crispation de plus en plus visible du pouvoir est un aveu de faiblesse, le « tout répressif » restant pour le gouvernement le plus sûr.

Face au risque de ralentissement économique, les autorités chinoises apparaissent essoufflées, incapables de former une administration moderne et de laisser s’exprimer des contre-pouvoirs. Dans un monde qui vit actuellement de multiples crises (alimentaires, sociales, financières et climatiques) avec une composante systémique importante, il n’est pas sûr que, dans l’équilibre précaire où se maintient la Chine, la balance penche du bon côté. Un système qui repose sur la force plutôt que sur le droit, sur la spéculation plutôt que sur la rentabilité à long terme, sur la destruction de l’environnement plutôt que sur sa préservation et sur des rapports féodaux plutôt que sur les institutions, porte les germes de sa ruine. Mais à quelle échéance ?

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Extrait de La Chine, bombe à retardement. Bulle économique, déséquilibres sociaux, menace environnementale : la fin d'un système ?, EYROLLES (31 mai 2012)


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