Hommage au Père Ceyrac, le soldat-jésuite de l'Inde<!-- --> | Atlantico.fr
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Le père Ceyrac, ici en compagnie de soeur Emmanuelle.
Le père Ceyrac, ici en compagnie de soeur Emmanuelle.
©Reuters

Humanitaire en deuil

Ce jeudi, le père Ceyrac, figure discrète mais très active de l'humanisme catholique, est décédé. Connu pour son immense action en Inde, il a eu un parcours de vie assez atypique. Retour sur la vie de cet homme de terrain.

Jérôme Cordelier

Jérôme Cordelier

Jérôme Cordelier est grand reporter au Point. Il a écrit la biographie du Père Ceyrac intitulée Une vie pour les autres : L'aventure du Père Ceyrac.

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Atlantico : Quelle a été l’influence du père Ceyrac dans les zones où il a œuvré ?

Jérôme Cordelier : Pierre Ceyrac, dit le Père Ceyrac était fondamentalement un homme d’action, ce n’était pas un penseur comme les théologiens par exemple qui ont un rayonnement beaucoup plus spirituel. Avant de partir en Inde, il n’avait jamais quitté sa Corrèze natale, et pourtant il a choisi d’être missionnaire dans la Compagnie de Jésus. En 1937, il embarque pour les Indes britanniques et sera ordonné prêtre à Kurseong. Il se met tout de suite au service des autres et son influence sera importante en Inde où il a construit des dispensaires et des orphelinats. Cependant, une des parties les plus trépidantes de sa vie sera son action à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande où il accueillait au camp Site II entre autres, les milliers de réfugiés cambodgiens fuyant la folie du régime de Pol Pot.

Sa spiritualité passait par l’action, et sa vocation était vraiment de venir en aide aux autres et il y a dévoué toute sa vie.

Après la disparition de Mère Thérésa, Sœur Emmanuelle, ou même l’Abbé Pierre, peut-on dire qu’avec le décès de Père Ceyrac, on arrive à l’essoufflement de l’humanitaire catholique ?

Sœur Emmanuelle et le Père Ceyrac ont été connus à la fin de leur vie. L’humanitaire catholique n’est pas mourant, il n’est simplement pas médiatisé. Et en coulisses, beaucoup de petits soldats œuvrent tous les jours. Prenez par exemple le Père Pédro à Madagascar qui travaille beaucoup et qui fait figure de personnalité spirituelle. Maurice Joyeux, un des disciples du père Ceyrac œuvre activement en Grèce. Ces deux hommes sont pourtant inconnus du grand public.

C’est incontestablement le charisme de ces grandes figures qui a participé à leur médiatisation. Dans le cas, du Père Ceyrac il est servi par une histoire personnelle fabuleuse. Il rencontrera Gandhi et Nehru, Mère Téresa aussi. Il parcourra l’Inde entière.

D’autre part, ce que l’on peut retenir de lui, c’est son charisme incroyable. Une personnalité très forte dans un corps très frêle. Pourtant il a abattu des montagnes. Cet homme rayonnait littéralement, c’était presque palpable quand il était dans une pièce et pourtant il n’y paraissait pas. Ce n’était pas quelqu’un d’impressionnant.

Beaucoup de choses le rapprochent de l’Abbé Pierre notamment l’énorme charisme emprisonné dans un corps fragile. Peut-on comparer ces deux personnalités ?

L’abbé Pierre était un homme politique, c’était un député sous la Troisième République. Son parcours, lui a donné une vision beaucoup plus politique des choses. En revanche, le Père Ceyrac était un humanitaire qui servait une cause, c’était un petit soldat. Et dernière différence, le Père Ceyrac ne recherchait pas l’attention des médias pour défendre sa cause, toutes ses actions étaient totalement discrètes.

Avec son engagement, le Père Ceyrac peut-il laisser derrière lui un héritage durable, ou au contraire son action pour durer nécessitait sa présence et son implication ?

Son héritage sera durable. Tout d’abord parce qu’il laisse son association qui est portée à bout de bras par sa nièce qui est sans doute la personne qui le connaît le plus au monde. Il y a une quirielle de disciples, une fraternité ad hoc qui poursuit son action, même sans congrégation, il a construit un réseau qui continuera ce qu'il a commencé. Vous savez, le bien ne fait pas de bruit.

Propos recueillis par Priscilla Romain

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