Alerte à la dignité : ces alarmants témoignages sur la réalité de ce qui se passe dans les Ehpad depuis la crise du Covid<!-- --> | Atlantico.fr
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ehpad personnes âgées
ehpad personnes âgées
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Rétorsion et privations de liberté

L'épidémie de Covid-19 a mis en lumière les difficultés au sein des Ehpad. Les employés sont confrontés à des surcharges de travail et les personnes âgées ont fait face à l'isolement et aux visites réduites des proches.

Géraldine Goulinet-Fité

Géraldine Goulinet-Fité

Géraldine Goulinet-Fité est coordinatrice régionale Nouvelle Aquitaine pour France-Assos santé.

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Atlantico.fr : Quels sont les dysfonctionnements que connaissent les EHPAD, en particulier pendant la crise du coronavirus ?

Géraldine Goulinet-Fité : Dans le milieu des établissements médicaux sociaux et plus particulièrement des EHPAD il y a un conseil de la vie social qui a pour but d’agir sur le règlement intérieur, la vie sociale et de pouvoir gérer les dysfonctionnements potentiels. Quand il y a des problèmes particuliers, des difficultés relationnelles, sur l’enregistrement des visites, de l’accessibilité, de la prise en charge, donc besoin de médiation il y a l’intervention de « personnes qualifiées ». Elles sont extérieures l’établissement, nommées par le préfet. Ce dispositif ne fonctionne pas correctement, notamment en Nouvelle Aquitaine. Les arrêtés de nominations ne sont pas à jour et datent de 2013. De plus, il y a une méconnaissance du principe, parfois les conseils départementaux ne savent même pas qu’ils existent. Aujourd’hui, lorsqu’il y a une vraie détresse, et la crise sanitaire a révélé cette détresse, on ne sait pas toujours vers qui se tourner. Le principe de précaution a parfois pris le pas sur les libertés individuelles. La crise a révélé cela, surtout pendant la première vague. Pendant la première vague, il y a eu des situations dramatiques, notamment sur les résidents en fin de vie. Il y a eu des gens qui sont mort seuls, sans que la famille puisse accompagner. C’est un peu moins vrai aujourd’hui car il y a des établissements qui ont fait preuve d’initiative, qui organisent des choses, mais il y a des signalements qui nous apparaissent avec des situations compliquées. Nous on se bat pour qu’il n’y ait pas d’interdiction injustifiée des visites et il peut y en avoir. Nous n’en avons pas eu en Nouvelle Aquitaine mais certains signalements passent par d’autres canaux. Souvent ce sont des problématiques éthiques qui ne relèvent plus simplement du règlementaire. Bien sûr, il y a des plaintes sur les difficultés de restrictions des libertés avec des visites organisées de manière différentes avec des temps dédiés, des salles particulières qui peuvent être compliquées pour le résident et la famille. Mais il faut être conscient de la situation sanitaire et un EHPAD ne peut pas se permettre de prendre des risques et ce n’est pas sur ça que nous agissons. Ce sur quoi nous nous battons ce sont sur les décisions unilatérales qui vont contre les recommandations du président da la République et des agences régionales de santé.

La crise du Covid a-t-elle amené une hausse des signalements ? De quel ordre sont-ils ?

Géraldine Goulinet-Fité : Nous n’avons pas encore tracé précisément mais il est clair que la crise Covid, en tout cas en Nouvelle Aquitaine, fait que nous sommes de plus en plus sollicités par les usagers. Notre association jusqu’ici était surtout en lien avec d’autres associations et aujourd’hui, peut être parce que nous avons gagné en visibilité, nous sommes sollicités de plus en plus par mail ou téléphone. Nous avons en moyenne un à deux appels d’usagers par jour qui nous sollicitent pour des situations problématiques notamment dans le domaine du médico-social (EHPAD et services aux personnes en situation de handicap) et pareil pour les mails. Dans le système médico-social, lorsqu’il y a un dysfonctionnement c’est le flou artistique, une errance voire le « parcours du combattant », pour reprendre les mots souvent utilisés par les familles, pour savoir vers qui se tourner. Nous avons aujourd’hui une montée en charge d’usagers qui nous interpellent pour savoir comment faire. France Assos santé n’intervient pas pour déterminer qui a raison et qui a tort, nous ne sommes pas médiateurs et nous ne prenons pas partie. Mais nous orientons les personnes pour qu’elles puissent agir sur leur réclamation. Elles concernent la gestion des visites la plupart du temps. L’incompréhension sur le parcours, sur les restrictions ou les interdictions de visites. Les dysfonctionnements sont souvent liés à un problème de communication. 

Géraldine Goulinet-Fité est coordinatrice régionale Nouvelle Aquitaine pour France-Assos santé.

Voici également un témoignage récolté par un professionnel du secteur de la santé :

Bonjour,
Je me permets de venir vers vous et vous transfère le mail reçu de la maison de retraite.
Nos aînés sont, s'ils sortent pour les fêtes de Noël, menacés de confinement chimique ou par contention à leur retour.
Autrement dit, il seraient sédatés ou attachés.
C'est, humainement, inacceptable.
Merci pour votre aide.
Cordialement.

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Bonjour à tous,

Nous revenons vers vous cette semaine suite aux dernières annonces du gouvernement.
En effet, même si des décisions ont été prises avant les annonces, nous devons effectuer quelques aménagement afin d’y répondre complétement pour la sécurité de tous.
Les résidents qui sortiront pendant les fêtes devront respecter un isolement strict de 7 jours (et non 4 comme nous l’avions annoncé)
Un test RT-PCR sera réalisé avant et après la sortie.
Cet isolement devra être aussi respecté par les résidents du secteur protégé.
Il y aura donc malheureusement contention physique et si besoin contention chimique ( après avis médecin traitant ou à défaut médecin coordonnateur)
Les résidents ayant eu un test PCR COVID positif dans les 2 mois soit après le 21 Octobre 2020 seront, comme le prévoit les consignes du ministère, exemptés d’isolement et de tests PCR.
Les visites en chambres des résidents ne sont autorisées que pour les résidents en fin de vie.
Pour faire suite à ces nouvelles directives, nous n’autoriserons pas 2 visiteurs en même temps mais 2 visiteurs en alternance sur un créneau de visite à raison de 15 minutes chacun.
Nous vous rappelons l’importance du respect des gestes barrières lors des visites : 1m50 de distance (rester derrière la vitre plexiglas), masque porté tout au long de la visite, pas de contact physique, pas d’échange de denrées alimentaire.
En effet, de plus en plus souvent, l’ASH responsable des visites nous remonte des comportements à risques pour les résidents.
Nous comprenons que vous souhaitiez avoir des contacts avec vos parents mais au-delà de prendre des risques pour eux, vous prenez des risques pour tous les résidents et les salariés.
Nous restons à votre disposition pour toutes questions et nous vous souhaitons de bonnes fêtes de fin d’année.
Prenez soins de vous et de vos proches

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