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Couchés plus tôt ou plus tard...? Ce que nos habitudes du confinement nous enseignent sur l’impact prévisible du couvre-feu
©JEFF PACHOUD / AFP

Un mal pour un bien

Le confinement avait incité les Français à se coucher et se lever plus tard. Cette fois, le couvre-feu est une bonne occasion de retrouver un bon rythme de sommeil en se couchant tôt.

Marie-Françoise Vecchierini

Marie-Françoise Vecchierini

Marie-Françoise Vecchierini est neuro-psychiatre et médecin du sommeil. Elle exerce à l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris.

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Atlantico :  Le confinement a bousculé nos habitudes et déréglé nos rythmes de vie. En sera-t-il de même pour le couvre-feu ?

Marie-Françoise Vecchierini : Le confinement a été une source importante de déstabilisation de notre rythme, et notamment du rythme veille/sommeil. En moyenne, les gens ont eu tendance à se mettre en retard de phase, c'est-à-dire se coucher tard et se lever tard. Même les gens qui étaient en télétravail n’ont pas réussi à garder un rythme classique et ont eu tendance décaler leur heure de coucher. Cette fois-ci, le couvre-feu est une possibilité qui nous est offerte de se coucher moins tard.

Allons-nous vraiment nous coucher plus tôt ?

C’est une bonne occasion de le faire mais ça ne veut pas dire que les gens vont systématiquement recadrer leur rythme. Il y aura beaucoup moins de possibilités de sortir tard, notamment pour les jeunes, adolescents et étudiants. On peut penser que c’est un facteur qui pourrait limiter le décalage de phase qu’on a pu observer pendant le confinement total. Mais on sait aussi que chez certaines tranches d’âge il y a une tendance physiologique à se coucher tard. Si les jeunes communiquent sur internet au lieu de se retrouver dans un bar, ça ne devrait pas changer grand-chose. Il faut donc veiller à limiter les écrans. C’est bien connu, surtout chez l’adolescent, les écrans et les objets connectés ne sont pas une source de bon sommeil quand ils y sont exposés tard le soir. On peut aussi s’attendre, comme pendant le confinement, à une hausse de la consommation de la télévision. Le couché tardif d’origine physiologique est renforcé par ce genre d’attitude.

Nous conseillez-vous de saisir cette opportunité pour retrouver un rythme de vie équilibré et un sommeil de qualité ?

Ce ne peut être qu’une bonne chose. Tous nos rythmes physiologiques, et pas seulement le rythme veille/sommeil sont circadiens, c’est-à-dire qu’ils fonctionnent avec un cycle de 24 heures. La stabilité de ces rythmes est importante car ils sont liés les uns aux autres. Le rythme veille/sommeil est par exemple lié au rythme de la prise de nourriture, qui est lié au rythme de l’exposition à la lumières, etc. Ce sont des rythmes de vie qui fonctionnent ensemble et qu’il est important d’harmoniser. C’est donc bien d’avoir des heures régulières de lever, de prises des repas, d’extinction de la lumière le soir (qui va favoriser la venue de la mélatonine à l’origine de l’endormissement).

En revanche, le couvre-feu va limiter les interactions sociales, ce qui n’est jamais une bonne chose…

 Le fait qu’il y ait moins de vie sociale peut être très préjudiciable, notamment quand on prend de l’âge. Il y a moins à se soucier des jeunes qui vont facilement s’adapter et trouver des moyens pour rester en contact les uns avec les autres. Je recommande de garder une vie relationnelle importante pendant ce couvre-feu, surtout pour les personnes âgées ou celles isolées professionnellement, à cause du chômage ou du télétravail. Heureusement, les EHPAD ne sont pas confinés. J’ai constaté autour de moi que des gens qui se portaient plutôt bien, malgré un certain âge, ont été particulièrement déstabilisées par le confinement ou pire, ont vu des morbidités légères déjà présentes s’aggraver. Espérons que ce confinement partiel sera mieux supporté par ces personnes car il ne touche que la population qui sort tard. C’est en revanche beaucoup plus compliqué pour les seniors dont les interactions sociales sont basées sur une vie culturelle active, qui aiment aller au théâtre, au cinéma…

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