"La Française du Nil" de Yolaine Destremau : sur la rive ouest du Nil, rencontre avec une femme d’exception. Un récit juste un peu didactique<!-- --> | Atlantico.fr
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La Française du Nil
La Française du Nil
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Yolaine Destremau a publié "La Française sur le Nil" aux éditions Pierre Guillaume de Roux.

Rémy Dumoulin pour Culture-Tops

Rémy Dumoulin pour Culture-Tops

Rémy Dumoulin est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"La Française du Nil" de Yolaine Destremau 

RECOMMANDATION
Bon

THEME
Assistée de son compagnon Luis, un mexicain qui fut un temps avocat à New-York et de Mansour, un marin égyptien amoureux des felouques et du Nil, Gaia est à la tête d’une petite entreprise de tourisme à Gurnah, un village de Haute-Égypte situé sur la rive ouest du Nil, près de Louxor. Son hôtel de charme et sa flottille de luxueuses Dahabeyas attirent les touristes argentés du monde entier. Grâce à son charisme et son énergie, Gaia assure une certaine prospérité à de nombreuses familles du village et contribue à son échelle à l’émancipation des femmes. La Révolution de Papyrus en Égypte n’aura finalement pas raison de son entreprise malgré les immenses difficultés rencontrées dans un pays gangréné par la corruption et l’incompétence et menacé par l’islamisme.

POINTS FORTS
Le livre est avant tout un hommage vibrant à une femme d’exception, Gaia. Ardéchoise aînée d’une famille nombreuse, elle a, très jeune, parcouru le monde seule avec une préférence marquée pour les destinations les plus dangereuses, finançant ses voyages grâce à la tapisserie, apprise sur le tas. Énergique (“une force ramassée”), convaincante, déterminée voire obstinée (“deux yeux verts perçants, maquillés de khôl”), courageuse, elle ignore la peur et le qu’en dira-t-on. Elle en impose en toutes circonstances, qu’il s’agisse de recruter un marin, de convertir une exciseuse en blanchisseuse ou de régler un différend avec un employé devant le grand Mufti d’Égypte. Elle est aussi sensible et généreuse, attentive à partager les fruits de sa prospérité avec les habitants et à aider les plus démunis.

Soumis à Gaia, moins puissants et plus vulnérables, les personnages de Luis et Mansour, les deux autres membres du trio de “va-nu pieds, chasseurs de beauté”, équilibrent avec bonheur la force vitale du personnage de Gaia.

L’Égypte et le Nil dessinent une toile de fond à la fois désespérante et attachante, bien mise en scène par l’auteure. Le temps grandiose des pharaons est révolu. Le pays est “déliquescent, sale, corrompu, irrécupérable”, gangréné par des pratiques moyenâgeuses comme l’excision. Gentils et fatalistes, les habitants de Gurnah survivent au gré de la venue des touristes. Même domestiqué par le barrage, le Nil conserve sa force et sa majesté nourricière. C’est le dernier pharaon d’Égypte.

POINTS FAIBLES
Les détails du contexte historique qui accompagne les années de formation de Gaia (décolonisation, mai 68..) ou ceux de l’attentat de Charlie Hebdo paraissent trop didactiques et ne servent pas le récit tout en ralentissant son rythme.

Puisqu’il s’agit d’un roman écrit à partir d’une rencontre de l’auteure avec les trois protagonistes sur place, l’histoire et le profil de Luis auraient pu perdre certains aspects par trop convenus.

EN DEUX MOTS 
Un roman qui donne à voir avec talent une personnalité inspirante et la possibilité d’un tourisme responsable dans le cadre majestueux du Nil de la Haute-Égypte.

UN EXTRAIT
Meryem, lavée et rincée, attrapait la main de Gaia de temps en temps par jeu, et lui caressait les cheveux. Alors Gaia recommença l’opération. Et elle la lava toute entière. Petit à petit, chaque pression de l’éponge effaçait les pensées noires momentanément. Gaia y trouva une satisfaction étrange, un apaisement. Puis elle sécha Meryem avec soin, l’habilla d’une robe propre qu’elle avait apportée, attacha ses cheveux épars, et l’aida à s’allonger sur la banquette qui lui servait de lit. Elle demeura assise au chevet de Meryem, et lui tint la main jusqu'à ce qu’elle s’endorme. (p. 176)

L'AUTEUR
Peintre puis écrivain, Yolaine Destremau séjourne régulièrement à Gurnah. La Française du Nil est son huitième roman après : L’ombre des jacarandas, 1990, Éditions Fix ; Ortiz, 1996, Éditions Fayard et Pocket ; Jours de souffrance, 1998, Editions Fayard ; Celle qui triomphe, 2006, Éditions Maren Sell ; White Noise, 2009, Éditions Pascal Galodé (Prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres) ; Numéros masquée, 2012, Éditions Pierre-Guillaume de Roux ; Des hommes et du cognac, 2017,  Éditions Pierre-Guillaume de Roux.

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