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Terrorisme
Le terrorisme : la phase extrême de l’altérité
©HAIDAR HAMDANI / AFP

Bonnes feuilles

Jean-Michel Oughourlian publie "L'altérité : de qui souffrez-vous ?" aux éditions Desclée De Brouwer. L'auteur s'attache à démontrer que les mécanismes toxiques et pathogènes à l'oeuvre dans les maladies physiques et dans les troubles mentaux ont une cause commune : l'altérité. Extrait 2/2.

Jean-Michel Oughourlian

Jean-Michel Oughourlian

Neuropsychiatre (il a dirigé le service de psychiatrie de l'Hôpital américain de Neuilly) et psychologue (discipline qu'il a enseignée à la Sorbonne), disciple de René Girard avec qui il a coécrit le best-seller Des choses cachées depuis la fondation du monde, Jean-Michel Oughourlian a mis en place la psychologie mimétique et exerce, depuis cinquante ans, à travers son prisme. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Le Troisième Cerveau et Cet autre qui m'obsède.

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Le terrorisme naît du fanatisme. Celui-ci se caractérise par le choix d’un modèle unique, à l’exclusion violente et agressive de tous les autres. C’est l’extension de l’emprise d’un modèle unique entraînant un asservissement mimétique à ce modèle et le désir inévitable de se soumettre entièrement à lui et de combattre farouchement tous les autres.

Au plan individuel, cette situation psychologique a été décrite par Pierre Janet comme un effet secondaire négatif de l’hypnose, qu’il appelait « la passion somnambulique et le besoin de direction».

Le moteur du terrorisme, c’est non seulement le choix fanatique d’un modèle unique et indiscutable, mais la rivalité mimétique avec les autres adeptes de la même cause. Affreuse compétition dans l’horreur: untel a tué dix mécréants en se sacrifiant. Je vais en tuer davantage pour être plus méritant aux yeux de mon modèle.

C’est pourquoi j’ai depuis longtemps expliqué que les toxicomanies actuelles sont une mode mimétique qui ne peut se combattre que par l’émergence d’un modèle plus attractif, d’un but plus exaltant, d’une ambition collective plus mobilisatrice, et pas du tout par la répression policière ou la relégation psychiatrique. De la même façon, je pense que le terrorisme et le fanatisme islamistes se nourrissent de la déliquescence du modèle culturel et religieux occidental. L’islamisme n’est pas la faute de l’islam, mais la nôtre.

Chacun a besoin d’un modèle, imposé ou choisi. Dans Valeurs actuelles du 4 au 10 juillet 2019, Boualem Sansal écrit très justement:

« Avec leurs allures d’ascètes fiévreux, leur cruauté sans bornes et leur amour obsessionnel de la mort, les talibans et leur régime ont terrifié et fasciné des milliers de jeunes desperados à travers le monde, mais aussi des rejetons de la bourgeoisie… Ils étaient des modèles à suivre, et on sait l’importance du modèle dans la culture islamique. L’imitation du prophète, des califes, des martyrs, des maîtres, des cheiks, des chefs, des pères, des grands frères, est un chapitre essentiel de l’éducation islamique. “En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle, pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment (Sourate 33, verset 21)”.»

Il ne s’agit pas de désintoxiquer le toxicomane ni déradicaliser les fanatiques, ce qui revient à essayer de critiquer et de décrédibiliser leurs modèles. Vaine et inutile entreprise.

Il s’agit de reconstruire notre modèle occidental, de le rendre attractif, puissant, séduisant, capable d’attirer à lui ceux qui sont ailleurs. Ce n’est pas en nous excusant et en relativisant notre culture, nos valeurs, nos actions, nos ambitions que nous entraînerons les autres à nous rejoindre.

A lire aussi : L’altérité sans rivalité : les bienfaits insoupçonnés du port du masque

Extrait du livre de Jean-Michel Oughourlian,  "L'altérité : de qui souffrez-vous ?", publié aux éditions Desclée De Brouwer

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