L’Allemagne mobilise 1300 milliards d’euros pour se sortir de la crise... La France 3 fois moins, cherchez l’erreur<!-- --> | Atlantico.fr
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Angela Merkel Emmanuel Macron plan de relance aide économique
Angela Merkel Emmanuel Macron plan de relance aide économique
©JOHN THYS / POOL / AFP

Atlantico Business

Angela Merkel endette les Allemands pour des années et pour l’instant, les Allemands applaudissent. La Chancelière aura réussi sa fin de mandat en faisant le contraire des principes qui ont balisé son parcours politique pendant les vingt dernières années.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La parole est frappante, quand le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, s’excuse presque pour demander au Parlement l’autorisation d’emprunter plusieurs dizaines de milliards d’euros pour couvrir les frais de soutien et de relance. Ça s’est passé hier, lors de la présentation du projet de budget pour 2021 qui prévoit, pour la première fois depuis une dizaine d’années, un budget en déficit. A la faveur de la crise du Covid, l’Allemagne serait-elle devenue keynésienne avec la crise du Covid?

Le gouvernement allemand n’hésite en tout cas plus à endetter le pays, pour ce qui va être probablement le dernier budget de l’ère Merkel.

De champion de l’austérité, le pays va devenir un champion de la dépense et de l’endettement. L’Allemagne a brisé tous les tabous économiques qu’elle avait mis en place depuis son rebond dans les années 2000. Déjà, parce qu’Angela Merkel a utilisé le même refrain qu’Emmanuel Macron pour rassurer l’opinion. Elle sauvera l’économie allemande, « quoi qu’il en coûte ». Et cela a quand même beaucoup coûté à l’Allemagne :

Près de 1300 milliards d’euros ont été mis sur la table par les Allemands dans un vaste programme de soutien. Entre des prêts garantis par l’Etat, le financement de chômage partiel, la baisse de la TVA (baisse de 3 points préférés à la prime à la casse automobile), jusqu’à la fin de l’année pour soutenir la consommation. Et dont un plan de relance de 130 milliards d’euros, qui promet des investissements dans le climat, le numérique, d’une ampleur encore jamais égalée.

Ensuite, ce revirement de situation a surtout impressionné parce qu’il s’est fait avec un pragmatisme et une rapidité impressionnante. Le plan de relance à 130 milliards d’euros a été annoncé début juin, soit trois mois avant le plan de relance français de Jean Castex. La baisse de TVA était effective dès l’été pour permettre à la consommation allemande de repartir. On est donc sur une politique keynésienne qui mise avant tout sur la relance de la demande, quitte à ne pas présenter des comptes publics zéro défaut.

C’est une révolution parce qu’en Allemagne, c’est écrit dans la Constitution que le gouvernement ne peut pas recourir à un déficit de plus de 0,35% de son PIB. C’est le Schwarze Nulle, littéralement « pas au-dessus de zéro », où toute dépense doit être financée par une recette plutôt que par de la dette. Sauf que, quand l’économie s’effondre, les recettes fiscales sont moins nombreuses à rentrer dans la caisse et déséquilibrent les projets. Cette année, pour 2020, le déficit a dérapé à 3% du PIB, année exceptionnelle, la trajectoire devrait déjà être descendante pour les années suivantes.

Pour autant, l’Allemagne, en prévoyant un recours à la dette de près de 100 milliards d’euros, ne se met pas totalement dans le rouge. Durant toutes ses années de bonne gestion et de budget en excédent, l’économie allemande a pu mettre de côté un « coussin » de sécurité, des réserves dans lesquelles puiser en cas de coup dur et à l’origine destinée à financer l’accueil de migrants. En comparaison aux autres pays européens, d’ailleurs, l’endettement allemand reste maitrisé car la dette publique atteint 75% du PIB, quand la France, l’Espagne ou l’Italie ont dépassé les 100%.

Aujourd’hui, Angela Merkel a un boulevard pour relancer son pays par l’investissement et l’endettement, non seulement parce qu’elle va bientôt quitter le pouvoir, mais aussi parce que le débat a bien du mal à se mettre en place dans son parti, comme dans son opposition. Les Conservateurs, dont elle fait partie, avait fait un sacrosaint principe de l’équilibre budgétaire, mais ne viennent pas contester les dépenses qui ont été faites. Et les sociaux-démocrates, qui font partie du gouvernement puisque le ministre des finances est un des leurs, a bien du mal à trouver sa position. Donc pour l’instant, la Chancelière trace sa route et vite, sans contestation.

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