Partialité du service public : le deux poids, deux mesures médiatique<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Media
France Télévisions nominations journalistes droite gauche
France Télévisions nominations journalistes droite gauche
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

France Télévisions

La nomination de Stéphane Sitbon-Gomez, ancien porte-parole d’Eva Joly, à la tête des antennes et des programmes de France Télévisions ne soulève pas de critiques. La situation aurait-elle été la même si une personnalité de droite avait été choisie ?

Julien  Aubert

Julien Aubert

Julien Aubert est ancien député de Vaucluse, vice-président des Républicains

Voir la bio »

Atlantico.fr : Suite à l’affaire Obono, Louis de Raguenel ancien rédacteur en chef à Valeurs actuelles peine à trouver une place (Europe 1) alors qu’à l’opposé des journalistes de gauche eux ne sont jamais remis en question malgré des prises de positions parfois extrêmes. Y-a-t-il un deux poids, deux mesures sur le traitement réservé aux journalistes de droite et de gauche par leurs confrères ?

Julien Aubert : Du temps de l’ORTF, on protestait contre le côté unicolore de la télévision jugé comme docile à l’égard du pouvoir. Aujourd’hui c’est l’excès inverse. Il est étonnant qu’une rédaction puisse voter à la quasi-unanimité contre l’arrivée de Louis de Raguenel. Un tel exemple montre soit une attitude communément admise, soit une posture idéologique alors que les auditeurs ne sont pas unanimement de la même couleur politique.

Cette situation est inquiétante d’un point de vue général pour la liberté de pensée et d’opinion. Les journalistes agissent comme si la radio était à eux alors qu’elle appartient à trois groupes : un tiers aux propriétaires de la radio, un autre aux journalistes et le dernier aux auditeurs. Ces derniers ont aussi envie d’un balancement dans la manière de traiter l’information. Le fait de mélanger des gens qui ont des opinions différentes conduit à une meilleure forme de neutralité.

La nomination de Stéphane Sitbon-Gomez, ancien porte-parole d’Eva Joly, à la tête des antennes et des programmes de France Télévisions semble ne poser aucun problème dans les débats. La situation aurait-elle été la même si une personnalité de droite avait été choisie ? 

Sans faire de la politique fiction, on est forcé de reconnaître que l’on peut avoir des opinions très radicales de côté gauche sans que personne ne s’en émeuve. J’ai aussi été frappé par le fait que Geoffroy Lejeune soit remercié de LCI avec un licenciement sans aucune explication. On licencie un employé lorsqu’il émet une faute dans le cadre de ses fonctions non par conviction. Il y a un côté « chasse aux sorcières » et on veut éteindre médiatiquement certaines personnes pour leurs idées.

Il y a deux formes de dictatures, celles qui se mettent en place pour des idées nauséabondes et celles qui se mettent en place pour le bien commun. Dans les faits, cela ne change pas grand chose que l’on interdise à certaines couleurs politiques de parler, que l’on estime que leurs idées sont mauvaises, que l’on veuille avoir le contrôle de l’information ou que l’on veuille endoctriner le peuple, le résultat est le même : à la fin, le peuple n’a pas accès à la pluralité de l’information.

Avec une telle nomination, pouvons-nous craindre une orientation écologique des débats politiques sur le service public ? D’une manière plus générale, la mainmise d’une intelligentsia bien-pensante sur le média public ?

Il ne faut pas oublier que ce sont des collectifs et il y a une diversité d’avis. En revanche, on risque d’avoir ce qui s’est déjà produit. Quand les téléspectateurs n’ont plus leurs idées représentées sur une chaîne, ils la boycottent. Certains n’écoutent plus BFMTV car ils voient la chaîne comme une télé Macron et d’autres ne regardent plus CNEWS car ils la considèrent comme trop à droite. Le système Américain est plus honnête et affiche sa couleur, lorsqu’on écoute Fox News on sait que l’on est pas chez les Démocrates.

La mainmise de la bien-pensance sur le média public n’est pas récente. On a tort de croire que la gestion de l’information est une chose comme une autre à partir du moment où un enfant regarde la télévision plus d’heures dans la journée qu’il ne va à l’école. Par définition, le média représente pour lui une source non-négligeable lors de la construction de son identité citoyenne. Lorsque l’on voit des émissions dans lesquelles on se moque ouvertement des idées conservatrices tout en faisant de la propagande pour les idées progressistes, de-facto on modèle les esprits. Par conséquent, le pouvoir politique doit se mêler de l’information mais c’est un peu comme la justice, dans les détails il ne doit pas se préoccuper de ce que l’on montre à la télévision.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !