Statues déboulonnées : la Martinique est-elle encore en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Josephine de Beauharnais Fort-de-France statue
Josephine de Beauharnais Fort-de-France statue
©Capture d'écran Youtube

Tristes tropiques

Selon toutes les apparences oui. Mais vous savez les apparences…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La Martinique est un département français. Ses habitants sont français. Ils bénéficient donc des mêmes droits que tous les autres Français. Et leurs devoirs ? Là c'est différent. 

Ce dimanche des manifestants "anti-esclavagistes" sont allés à Fort-de-France pour déboulonner les statues de Joséphine de Beauharnais et d'un flibustier colonisateur dont le nom m'échappe. Opération couronnée de succès. Et cela bien que les autorités aient été prévenues à l'avance. 

L'appel à déboulonner avait en effet été relayé plusieurs jours auparavant sur les réseaux sociaux. Or le préfet de la Martinique avait donné l'ordre à la police de ne pas intervenir. Une concession sans doute aux spécificités locales. 

Les employés de la mairie devant laquelle s'érigeait la statue de Joséphine de Beauharnais n'ont pas, eux non plus, réagi. Encore une spécificité locale ? Le maire de Fort-de-France, ému par les manifestants, a annoncé qu'il allait mettre en place une "Commission mémorielle". Elle sera chargée de définir les statues qui seront spécifiquement agréées. 

Pour celle de Victor Schoelcher, anti-esclavagiste mais blanc, c'est trop tard : elle a déjà été détruite. Il semblerait qu'en Martinique le déboulonnage des statues soit une activité ludique fournissant des transes voisines de celles du vaudou. 

On a bien du mal à comprendre pourquoi certains Martiniquais acceptent encore de supporter le joug de la France colonisatrice et esclavagiste. Pourquoi pas l'indépendance ? Ah ça non, il n'en est pas question ! La raison de cet attachement à la France est à trouver dans les queues qui tous les mois s'allongent devant les agences locales de la CAF. C'est là que les femmes viennent chercher ce que l'on appelle joliment là-bas "l'argent braguette". Une statistique éclairante pour expliquer ce qui précède : 60% des enfants martiniquais vivent avec une mère seule. 

Revenons à nos statues. Une fois que la "Commission mémorielle" aura fait le tri entre les bonnes et les mauvaises, il sera temps d'en construire d'autres. Pourquoi pas une statue représentant Frantz Fanon qui, dans Les damnés de la terre, appelait les colonisés à se venger du colon en violant sa femme ? 

Mais il y a mieux. Dieudonné devrait de son vivant être statufié à Fort-de-France. Il s'y était rendu il y a quelques années auréolé de son combat héroïque contre les "négriers juifs". Il y fut accueilli avec chaleur. Même que le vieillissant Aimé Césaire a cru bon de lui accorder une audience et de l'appeler "mon fils". Reste qu'une statue de Dieudonné serait exposée à bien des périls. Des Juifs excités tenteraient certainement de la détruire. Mais ils n y arriveraient pas. Car cette fois-ci le préfet de la Martinique enverrait certainement la police...

Ps : Il y a quelques jours Macron avait, avec un mouvement mâle du menton, déclaré : "il n y aura pas de statues déboulonnées !". Cette consigne a certainement été envoyée au préfet de la Martinique par pigeon voyageur. Un courrier plutôt lent. Puis en s'approchant des côtes de l'île le volatile a pris peur en entendant une foule crier : "A bas le pigeon blanc !". Et il a rebroussé chemin. Ce qui explique la passivité du préfet de la Martinique. 

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