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Hausse ou baisse : quel impact redouter de la crise du coronavirus sur l’immobilier ?
©LOIC VENANCE / AFP

Transactions immobilières

Les transactions immobilières ont redémarré suite au déconfinement. Quelle est la réaction du marché ? Quelles sont les perspectives dans le domaine de l'immobilier avec la crise économique suite à la pandémie de coronavirus ? Les villes vont-elles être désertées au profit des campagnes ?

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico.fr : Le déconfinement sonne la reprise des transactions immobilières. Comment réagit le marché de l'immobilier en France ? Les ventes et achats baissent-ils ? 

Philippe Crevel : Après un arrêt sur image qui a duré près de deux mois, le marché de l’immobilier a vite redémarré. Les notaires des grandes villes font l’objet de nombreuses demandes de cessions. Les acheteurs comme les vendeurs veulent au plus vite conclure les opérations engagées bien souvent avant le confinement. Il y a un évident effet rattrapage qui ne devrait pas néanmoins compenser l’arrêt des ventes constaté entre mars et mai. La crainte d’une hausse des taux d’intérêt ou du resserrement du crédit incitent les ménages à accélérer leur projet d’achat. La pierre, en outre, joue toujours son rôle de valeur refuge. En étant resté bloqué deux mois dans leur logement, certains peuvent estimer qu’il est plus temps d’en changer. Dans un tel contexte, le marché n’est pas baissier. Les résultats du premier trimestre 2020 qui incluent le début de confinement indiquent clairement que les prix restaient orientés à la hausse. Les prix ont continué à augmenter. Par rapport au trimestre précédent, la hausse est de 1 %. Sur un an, la hausse des prix des logements s’accentue avec une progression de 4,9 %. Dans le détail, les prix des logements anciens croissent de +1,2 % (après +0,2 % au trimestre précédent). En revanche, ceux des logements neufs diminuent de 0,2 % (après +1,1 % au trimestre précédent). Sur un an, les prix des logements anciens s'accroissent plus vite (+5,0 % sur un an) que ceux des logements neufs (+3,9 %). Pour les ventes actuellement réalisées, entre les prix demandés et les prix de vente réellement enregistrés par les notaires, il peut y avoir des écarts. Si les acheteurs sont nombreux, les vendeurs souhaitent également rapidement vendre par crainte d’avoir à subir une baisse des prix à l’automne. Ce comportement peut justement autoréaliser la baisse.

Quelle sera la situation du marché avec la crise économique à venir ?

Il convient de souligner qu’il n’y a pas un marché immobilier mais une multitude de marchés immobiliers. Les marchés sur lesquels investissaient des étrangers comme dans le cœur de Paris ou sur la Cote d’Azur risquent d’être touchés par les restrictions de circulation et la fermeture des frontières. Les villes frappées de plein fouet par la crise comme Toulouse pourraient connaitre des évolutions différentes de celles qui continueront à accueillir des habitants.

Le resserrement du crédit devrait limiter les capacités de financement, en particulier des primo-accédants. Les banques, face au risque de défaut de paiement, devraient, en effet, être plus exigeantes. Sous la pression de la Banque centrale européenne, elles avaient déjà, en début d’année, décidé d’appliquer un taux maximum de 33 % des revenus pour les crédits. Elles avaient également réduit le nombre de prêts de très longue durée. Si le chômage s’accroît dans de forte proportion d’ici la fin de l’année, le nombre d’acheteurs devrait se réduire. Si par malheur, une deuxième vague survenait, cela aurait un effet délétère peu favorable au marché immobilier.

Par suite du confinement, de nombreuses personnes ont pu goûter aux joies de la campagne. Allons-nous assister à une désertion des villes pour la campagne ?  

Avec le confinement, des centaines de milliers d’urbains auraient goûté aux charmes de la nature, de la campagne. Certains imaginent certains pourraient réaliser un retour à la terre. Ce phénomène sera marginal du moins dans sa forme extrême. Les Français ont, ces dernières années, opté pour les grandes villes car elles concentrent non seulement les emplois mais aussi les services, santé, éducation, loisirs, sports, etc. Pour des familles ayant des enfants d’âge scolaire, l’installation en milieu rural n’est pas aisée. Par ailleurs, la multiplication des déplacements pour le travail est une source de coûts et de fatigue. Le télétravail se développe mais suppose néanmoins des retours réguliers au bureau. En revanche, et cette tendance était déjà constatée avant la crise sanitaire, des ménages pourraient chercher à partir des grandes métropoles et privilégier des villes à taille humaine où il est possible d’avoir une maison tout en ayant accès à des services de qualité. Des villes comme Angers, Tours, Orléans, Reims, Avignon, Aix, Ajaccio pourraient continuer à attirer des habitants. Pour être viable, l’exfiltration des grandes métropoles suppose que le lieu d’implantation, en plus des services, soit bien desservi par les transports. Cela suppose au minimum une liaison ferroviaire à grande vitesse et un ou plusieurs axes autoroutiers. Des communes touristiques bien équipées en services de proximité et bien reliées à une grande ville pourrait également être attractive. Dans tous les cas, ce sera un marché de niche.

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