Coronavirus : la sécurité alimentaire de la planète moins en danger qu'on ne le redoutait<!-- --> | Atlantico.fr
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Hyper-marché carrefour Luc Vandevelde
Hyper-marché carrefour Luc Vandevelde
©HERWIG VERGULT / BELGA / AFP

Marchés et hypermarchés

La crise du Covid-19 a eu impact important sur la chaine de valeur industrielle. Une problématique qui concerne au premier chef le secteur agro-alimentaire et par voie de conséquence la sécurité alimentaire.

Pascale  Hébel

Pascale Hébel

Pascale Hébel est Directrice associée chez C-ways.

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Atlantico.fr : Ne joue-t-on pas à se faire peur ? Quel est l'impact réel de la crise sanitaire sur la production, le transport et la distribution de nourriture ?

Pascale Hébel : La crise sanitaire a eu un impact sur les importations de produits alimentaires réduisant l’offre dans de nombreux pays. Cela a conduit à des manifestations en Inde par exemple. En France, l’autosuffisance alimentaire est supérieure à 100 sur la base de d’énergie, de calories. Notre système alimentaire n’a pas subi de pénurie. Le système a été très désorganisé avec la suppression du débouché de la restauration hors foyer. Certains produits ont dû être détruits comme les pommes de terre destinés à la production de frites ou encore les produits issus de l’aquaculture. Certains ingrédients des produits alimentaires complexes étaient indisponibles. Certaines recettes ont dû être modifiées. Les services sanitaires ont dû revoir la réglementation et faire évoluer des labels de qualité comme le label rouge par exemple. La désorganisation a touché le secteur du transport qui a fortement augmenté ses prix. La demande s’est concentré sur des produits de base (pâtes, farine, œufs, …) qu’il a fallu transporter vers les lieux de consommation. Les circuits de distribution ont aussi dû s’adapter et les grands Hypermarchés ont perdu une grande partie de leur clientèle alors que les petits supermarchés, les hards discounters, le e-commerce et les circuits courts ont vu une explosion de la demande.

L'impact de Covid-19 sur la chaîne alimentaire mondiale a été jusqu'à présent "relativement modeste". Mais cela pourrait changer, entraînant une hausse des coûts alimentaires et une réduction de la gamme de produits pour le consommateur.

En France, les prix des produits frais comme les fruits et légumes ont augmenté pendant le confinement en raison de la fermeture des frontières. Les produits Français ont un coût de production plus élevé que les produits importés, les prix des fruits et légumes ont augmenté d’environ 10%. La gamme de produits a aussi très réduite pendant le confinement, les industriels préféraient se concentrer sur les segments les plus vendus. Depuis début mai, la hausse des achats s’est fortement calmée, on observe déjà des baisses des ventes, les consommateurs utilisent leurs larges stocks constitués dans les mouvements de panique initiaux. Les chaînes industrielles reviennent à la normale. L'impact de Covid-19 sur la chaîne alimentaire mondiale a été jusqu'à présent "relativement modeste". On peut supposer cependant que les prix pourraient être plus importants dans plusieurs pays si  nous passons à une production plus localisée. Un des avantages de la mondialisation est que la production se déplace vers l'endroit le moins cher mais pas nécessairement le plus intéressant en coût écologique. Si des tensions se mettent en place au niveau mondial, les prix des produits que nous produisons peuvent aussi augmenté car ils sont liés aux marchés internationaux. Des hausses de prix ont eu lieu en 2008 pour des raisons de fermetures de frontières et de récoltes agricoles très faibles. Les conséquences ont été très néfastes pour l’ensemble des acteurs alimentaires, à la suite des fortes hausses de prix (5% en un an), les consommateurs ont changé de régime alimentaire en développant une importante frugalité alimentaire (hausse des consommations de pâtes, riz et diminution des consommations de produits sucrés, viandes, …).

Que cela soit justifié ou non, la crise sanitaire a t'elle amorcé un changement majeur dans les canons de l'industrie alimentaire ?

Aujourd’hui il est trop tôt pour savoir ce qui va vraiment resté de cette crise. Les consommateurs achètent toujours de plus en plus de produits bio, locaux et continuent de consommer de plus en plus de produits végétaux et de moins en moins de protéines animales, ces tendances étaient déjà présentes avant la crise. Les entreprises ont très peu innové et ont limité leurs gammes pendant la crise sanitaire, elles vont reprendre leurs innovations en développant des nouveaux produits à bases de protéines animales et peut être immunisants.

Quelle est la capacité des circuits courts à se substituer à l'industrie agro-alimentaire actuelle ? Peuvent-ils prendre en charge la sécurité alimentaire globale ?

Les circuits courts rassurent les consommateurs et ont attirés de nombreux nouveaux consommateurs pendant le confinement. Avec le déconfinement, l’attirance vers ces produits est toujours très importante mais l’offre n’est pas suffisante pour nourrir le territoire Français. Le CIRAD (N. Bricas) a montré que seulement la moitié des départements Français peuvent être autosuffisants. Pour l’autre moitié les productions ne sont pas suffisantes. Certaines régions, comme le Bassin Parisien possèdent trop de monoculture pour alimenter toute la région parisienne. La relocalisation ne pourra pas se faire dans certaines régions peu productives ou trop urbanisées. 

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