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Ce que les rats des villes sont devenus avec la pandémie
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Effets du confinement

De nombreuses vidéos montrant une présence importante des rats pendant la crise du coronavirus ont été relayées sur Internet. Les rats s'adaptent-ils aux événements ? Leur nombre a-t-il diminué avec la pandémie du Covid-19 ?

Pierre Falgayrac

Pierre Falgayrac

Pierre Falgayrac est ingénieur pédagogique, expert en hygiène et sécurité. Au cours de sa carrière professionnelle, commencée dans les années 80 en tant que créateur et gérant d’une PME de propreté et 3D, il a été conseillé prud’homme employeur, représentant des employeurs au Conseil d’Administration de la Caisse d’Allocations Familiales des Pyrénées Orientales et professeur de biotechnologies en Lycées professionnels.

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Atlantico.fr : Mais qu’ont bien pu faire les rats pendant le confinement ? De nombreuses vidéos ont circulé sur la toile sur une arrivée massive des rats pendant le confinement. Les rats ont-ils pullulé plus que la normale pendant cette période ? 

Pierre Falgayrac : Toutes les vidéos que l’on peut voir encore aujourd’hui montrent des rats en train de chercher ou de consommer de la nourriture ou tout simplement de rentrer vers leur terrier. Le rat n’est pas un animal qui se promène, lorsqu’il a un instant de calme c’est dans son terrier.

Durant le confinement, il y avait beaucoup de moins de nourriture aux endroits habituels, le rat s’est donc mis à la recherche de nouvelles sources de victuailles. Les rats aperçus en plein jour sont simplement des rats affamés. Leur quotidien est le contraire du notre, ils vivent la nuit et sont nyctalopes. Un rat passe les trois quarts de son temps dans son terrier, il n’en sort que pour manger et durant cette période d’éveil il fait plusieurs repas. Un rat consomme entre 5 et 10 % de son poids chaque jour mais ne mange jamais en une seule fois ce dont il a besoin.

Les rues où l’on trouve une forte concentration de restaurant n’offraient plus de nourriture pour eux à cause des fermetures d’établissements et les parcs et jardins propices aux pique-niques étaient désertés, ils ont dû donc changer de garde-manger. Et, si ces endroits n’offraient pas de nourriture la nuit, ils ont dû chercher aussi la journée. C’est ainsi que l’on a assisté au spectacle dans des villes comme Paris. 

Les rats affamés ne sont-ils pas morts de faim provoquant ainsi une diminution de la population ?

Une chose est certaine, elle n’a pas contribué à la reproduction des rats. Les femelles, ne trouvant pas suffisamment à manger, ont refuser de se laisser couvrir par un mâle car elles ne pourraient pas alimenter leur progéniture. Quand il y a famine, cela marque un arrêt de la reproduction, il y a donc moins de rats mais on les voit d’avantage car ils cherchent à s’alimenter. 

Leur population a stagné pendant cette période car il n’y a pas eu de reproduction. Une femelle est apte à la reproduction une fois tous les deux à trois mois ce qui amène à quatre reproductions par an en ville. Quand le quotidien va revenir à la normale, il faudra attendre une dizaine de jours afin que les femelles s’habituent au retour d’une quantité suffisante de nourriture, et acceptent de se laisser couvrir.

Le rat s’adapte-t-il aux événements ? 

Le surmulot est présent dans les campagnes françaises depuis au moins le IV ème siècle. Sur le site Gallo-Romain de Tarquimpol, non loin de Metz, ont été trouvées des traces de présence de rats ainsi que des dispositifs de piégeage à l’extérieur des bâtiments. Il ne pouvait s’agir que de surmulot, qui aime les endroits frais et humide, et non de rat noir, aimant les endroits secs et élevés. C’est la puce du rat noir qui inoculait la peste. Il a fallu attendre la fin du XIXème siècle pour comprendre le fonctionnement de la peste (A. Yersin, PL Simond, W. Bacot).

Le rat noir a périclité en ville lorsque l’on commenca à ranger dans les greniers des chiffons, papiers et vieux meubles, au lieu de grains et fruits secs. La consommation au XIXème siècle a évolué, l’alimentation est devenue plus carnée, ce qui a amené le surmulot, carnivore, à s’installer dans nos villes à la place du rat noir granivore. Depuis les ruisseaux et rivières où se jetaient les égouts, le surmulot a investi nos villes. C’est à cette période que le préfet Eugène Poubelle a sorti un décret pour l’installation de containers, avec un couvercle suffisamment lourd pour qu’aucun animal ne puisse le soulever aisément. Le rat noir a périclité avec la non-utilisation des greniers et le surmulot s’est installé. Le type d’espèce a changé.

Pouvons-nous associer le rat a notre consommation de nourriture ? 

C’est indéniable, ce qui attire les rats ce sont les odeurs de nourriture. Ce qui les fixe c’est la possibilité d’accéder à celle-ci et de pouvoir nidifier à quelques mètres, cinq mètres ou dix mètres. Il est rare qu’un surmulot fasse plus de 25 mètres pour aller manger. Si on supprime une des deux causes, comme la présence de nourriture, il migre. Au XIXème siècle on l’appelait d‘ailleurs rat migrateur.

Si on doit évoquer le cas de la capitale française, il y a trois problèmes qui explique la présence des rats : 

- Les travaux du Grand Paris qui chassent les rats de leur terrier 

- Le service des égouts car ils n’ont pas de prérogatives à dératiser 

- Le SMASH (Service municipal d’actions de salubrité́ et d’hygiène). Paris est la seule ville mondiale à avoir un service interne de dératisation, cela pourrait être une bonne chose mais ici c’est un problème car il ne fait pas évoluer ses méthodes.

Il faut savoir que le rat nous connait mieux que nous ne le connaissons. 

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