"Colbert, une source d’inspiration pour les décideurs d’aujourd’hui" de Marc-Daniel Seiffert et Jean Paul Méreaux : qui trop embrasse, mal étreint…<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Colbert, une source d’inspiration pour les décideurs d’aujourd’hui" de Marc-Daniel Seiffert et Jean Paul Méreaux : qui trop embrasse, mal étreint…
©

Atlanti Culture

Marc-Daniel Seiffert et Jean Paul Méreaux ont publié "Colbert, une source d’inspiration pour les décideurs d’aujourd’hui". "S’inspirer de Jean-Baptiste Colbert, au parcours si singulier, n’est pas le copier. Le colbertisme de demain peut se décliner à de multiples niveaux".

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

"Colbert, une source d’inspiration pour les décideurs d’aujourd’hui" de Marc-Daniel Seiffert et Jean Paul Méreaux

Eyrolles 332 p. 24 €

RECOMMANDATION
A la rigueur


THEME
A l’occasion du quadri centenaire de la naissance de Colbert, l’an passé  (1619-1683, né à Reims), les éditions Eyrolles publient, sous le même titre, Colbert, un ensemble de monographies sur des sujets variés dont certains n’ont qu’un lointain rapport avec le ministre de Louis XIV. Il s’agirait, selon les promoteurs de cet ouvrage, de décrire l’homme et son œuvre et surtout sa postérité via les diverses incarnations du “Colbertisme“ à travers les âges. C’est peu dire que le fil rouge de l’opus est ténu, puisqu’il traite aussi bien de la jeunesse et de la formation de Colbert, de son caractère et de ses méthodes de travail, que de la beauté de la forêt de Tronçais, de l’histoire –cursive - de la Chine au cours du dernier siècle, ou encore de la genèse du comité des vins de Champagne.

POINTS FORTS
En une époque où l’enseignement de l’histoire se passe de chronologie et ne s’attache guère aux personnages qui l’ont faite, il n’est pas inutile de rappeler qui fut Colbert, le rôle qu’il a joué auprès du roi soleil, les principes généraux qui ont guidé son action et les effets de sa politique qui a structuré la partie la plus solaire du règne (1661-1683). A noter que les auteurs ne cèdent que modérément au politiquement correct (code noir).

Bien entendu, les auteurs s’efforcent de définir le “colbertisme“, philosophie de l’action politique qui associerait une grande rigueur de gestion de l’Etat, un protectionnisme, éventuellement temporaire, visant à construire par effet d’imitation une industrie nationale, et une intervention marquée de l’Etat dans l’économie et dans la société. Nanti d’une définition aussi holistique, le colbertisme peut d’ailleurs recouvrir à peu près n’importe quoi, du programme de la Résistance en 1945, à la politique de Deng Xiaoping en Chine après la mort de Mao, en passant par le Concorde, le France ou le plan calcul.

POINTS FAIBLES
Quel peut être l’intérêt de publier cette collection de vignettes, inventaire à la Prévert ? Le colbertisme, concept assez flou tel qu’il est défini dans l’ouvrage sous revue, offre un ciment bien trop faible pour lier les thèmes retenus. Chaque thème, pris isolément, est traité de façon trop sommaire par retenir l’attention : les biographies de Colbert abondent, les histoires de la Chine contemporaine également, le comité des vins de Champagne a d’autres moyens de faire sa publicité et les traités de management n’ont guère besoin de faire référence à Colbert pour prôner la qualité.

Le style de l’ouvrage oscille entre la phraséologie des manuels scolaires de la III ème République, le langage technocratique des mémentos de gestion, le ridicule ou l’indigence. Quant à la vérité historique, elle souffre misère : où les auteurs ont-ils vu que Reagan avait détruit l’Etat providence initié par Roosevelt ? Louis XII n’est pas connu comme successeur de François 1er. Le traité de Paris ne date pas de 1753. L’ère Meiji n’est pas celle de l’empereur Hiro Hito…

Sur le fond, l’examen du colbertisme contemporain aurait pu être approfondie et contradictoire : la France contemporaine doit-elle au colbertisme une gestion calamiteuse des finances publiques, une centralisation stérilisante, une bureaucratie et des réglementations paralysantes, des citoyens qui attendent tout de l’Etat… L’héritage de Colbert, de ce point de vue, n’est-il pas précisément ce qui handicape la France par rapport aux pays concurrents en entravant l’initiative privée ? Toutes questions qui auraient mérité réponse !

EN DEUX MOTS
Un ouvrage de circonstance qui n’apportera guère à la gloire du grand Colbert !

UN EXTRAIT
«Dans ces conditions, le colbertisme économique comme idéologie politique recontextualisée n’est pas cause d’une décroissance industrielle et sociale comme il est parfois abusivement présenté». (Il est vrai qu’une seule phrase ne peut caractériser l’ouvrage compte tenu de la diversité des contributions retenues).

L'AUTEUR
Un collectif  regroupé dans une association Colbert 2019, créée à Reims en 2018, sous la direction de deux universitaires, lesquels sont maîtres de conférence en sciences de gestion à l’Université de Reims.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !