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Comment le Coronavirus a mis en évidence les gadgets et outils tech vraiment essentiels... et les autres
©John MACDOUGALL / AFP

Minute-Tech

Alors que les aficionados de tech pariaient sur un futur fait de drones, du "tout-robotisé" etc., il semblerait que cette période de confinement nous ait inculqué une chose : qu'il nous suffisait seulement d'un ordinateur et d'une bonne connexion internet pour nous divertir.

Jean-Paul Pinte

Jean-Paul Pinte

Jean-Paul Pinte est docteur en information scientifique et technique. Maître de conférences à l'Université Catholique de Lille et expert  en cybercriminalité, il intervient en tant qu'expert au Collège Européen de la Police (CEPOL) et dans de nombreux colloques en France et à l'International.

Titulaire d'un DEA en Veille et Intelligence Compétitive, il enseigne la veille stratégique dans plusieurs Masters depuis 2003 et est spécialiste de l'Intelligence économique.

Certifié par l'Edhec et l'Inhesj  en management des risques criminels et terroristes des entreprises en 2010, il a écrit de nombreux articles et ouvrages dans ces domaines.

Il est enfin l'auteur du blog Cybercriminalite.blog créé en 2005, Lieutenant colonel de la réserve citoyenne de la Gendarmerie Nationale et réserviste citoyen de l'Education Nationale.

Voir la bio »

Atlantico : Pensez-vous que nous en ayons trop fait en matière de développement technologique (drones, gadgets etc.) et que cela a eu raison de notre engouement pour ces produits ? Voyons nous les limites de la technologie dans nos vies de tous les jours ? 

Jean-Paul Pinte : La pandémie est venue mettre en évidence les progrès de la technologie numérique et ses apports dans ces conditions de crise inédites. Elle aura eu cela de bon que de pouvoir booster l’enseignement en ligne, le télétravail dans les institutions concernées comme dans les entreprises. Pour les usagers des jeux vidéo le phénomène n’a fait que s’accentuer.

Les jeux vidéos et l’internet, dont l’utilisation excessive ou prolongée suscite depuis les cinq dernières années des débats passionnés, sont aujourd’hui appelés à la rescousse pour aider à l’équilibre mental des gens confinés, indépendamment de leur âge.

Il y a fort à parier que le monde post-pandémique prendra un autre tournant et conservera ces modes opératoires dans les façons de travailler et que beaucoup n’auront plus d’excuses pour les utiliser.

La course effrénée aux technologies de ces dix dernières années a certes permis de faciliter la vie de tous les jours en y ajoutant des risques mais elle vient aussi de démontrer que dans la situation de blocage imposée par le confinement les technologies de base du Web 2.0 ou Web social couplées à un ordinateur et plus communément aujourd’hui à un Smartphone demeuraient suffisantes avec les réseaux sociaux pour assurer le contact et maintenir un minimum de relations afin d’éviter la solitude et parfois l’ennui.

Depuis de début de l’épidémie les entreprises technologiques collaborent pourtant étroitement avec les soignants, les universitaires et les institutions du monde entier afin d’utiliser au mieux la technologie, tandis que le virus continue de se propager dans de nombreux autres pays.

C’est comme si toutes les innovations dont on nous a rappeler et vanter les mérites (objets connectés, Intelligence artificielle, etc.) n’avaient plus lieu d’être dans la crise actuelle et devenaient des artefacts inutiles face à l’impuissance des états devant ce nouveau virus.

Comme une sorte d’arrêt à la disruption technologique qui nous empêchait parfois de s’adapter aux évolutions devenues trop nombreuses.

La technologie nous permet en cette période de "distanciation sociale", de jouer, de travailler, manger, garder le contact avec ses proches et n’est-ce pas là l’essentiel ?

Les apéros virtuels et les happy hours ont pris leur envol. Ces rendez-vous incontournables de la vie de nombreux jeunes professionnels, se sont transformés en événements sociaux numériques. Sans la technologie actuelle, la distanciation sociale aurait été synonyme d’isolement total et il faut se réjouir de son existence. Ceci vient alors bouleverser les avis selon lesquels la technologie numérique serait une menace pour les interactions humaines et le bonheur en général.

Certes, il faut noter qu’il n’y aura pas de réelle rupture d’innovation technologique après la pandémie car depuis le début les entreprises technologiques collaborent étroitement avec les soignants, les universitaires et les institutions du monde entier afin d’utiliser au mieux certaines technologies tandis que le virus continuait de se propager dans de nombreux autres pays. Il y a trop d’enjeux pour les grands de l’Internet qui, malgré leur élan bloqué par la crise n’ont pas tarder à se positionner et à réorienter leur stratégie de développement vers de nouvelles applications comme celle du StopCovid ou sont alliées Apple et Google pour créer un système de traçage des personnes infectées.

Dans un autre axe de développement depuis des années les robots Boston Dynamics intriguent et semblent tout droit sortis d’un film de science-fiction, mais aujourd’hui nous sommes dans la réalité et ils sont bien réels. Boston Dynamics explique que Spot (c’est le nom de ces robots) est utilisé par un hôpital de Boston afin d’aider le personnel médical à soigner les patients. Les États-Unis comptent désormais plus de 50 000 cas recensés, c’est pourquoi tout type de renfort est bienvenu.

Aujourd’hui, l’hôpital de Boston utilise ces robots comme intermédiaires entre les malades et les médecins. Les professionnels de santé restent à distance et observent ce que voit le robot depuis une tablette. Cela permet d’échanger avec les patients sans contact direct nous signale cet article.

Un robot chien auprès du personnel soignant.

Le robot-chien Spot est devenu docteur depuis le début de l'épidemie. La quadrupède de Boston Dynamics accompagne le personnel médical du Brigham and Women's Hospital de Boston.

Cette prise de conscience va-t-elle renforcer la puissance des grands groupes comme Google ou Netflix par exemple dans le monde post-confinement ?

Les Grands d’Internet n’ont pas attendu pour s’adapter à nos modes de conso-divertissement qu’ils surveillent de longue date et pendant le confinement, des géants comme Netflix, Spotify, Google, Insta et Facebook ont innové encore, proposant contenus inédits ou fonctionnalités nouvelles sur leur plateforme.

Rien que la semaine du 23 mars, l'application Netflix a été téléchargée 8,3 millions de fois dans le monde, contre 4 millions hors confinement.

Depuis sa dernière mise à jour, Instagram propose un co-watching, soit un appel vidéo à plusieurs avec partage de photos et vidéos. Le réseau social lance également de nouveaux autocollants dans les stories pour avertir des gestes barrières comme le 'StayHome'.

Face à une baisse d'écoute entre 10 et 23% dans le monde depuis le début du confinement, Spotify, plateforme d'écoute musicale, propose depuis le 31 mars une offre destinée aux enfants : Spotify Kids, comprenant musiques et podcasts dédiés.

Facebook améliore sa fonctionnalité Live et la rend plus accessible. Le géant Facebook a même lancé la fonction ''audio-only'' permettant aux utilisateurs avec peu d'accès internet de ne pas être coupé complètement pendant l'épidémie du Covid-19. Les équipes de Facebook surveillent de près la propagation d'informations pour empêcher les fake-news de se développer après un signalement ou en supprimant les faux contenus. Pour sensibiliser son public, Facebook va même jusqu'à ralentir la création et les notifications d'évènements pendant le confinement.

Le site e-marketing nous indique que, depuis le 6 avril, le réseau social publie des données de sa base d'utilisateurs pour aider les chercheurs à lutter contre la propagation de l'épidémie. Trois cartes quotidienne sont publiées : les ''Data for Good'' créée en 2017, elles informaient les organisations humanitaires. Désormais, la première carte indique la probabilité d'être en contact avec une personne d'une zone de confinement différent. La seconde permet aux épidémiologistes de définir les régions nécessitant de l'aide et la dernière mesure le respect des règles de confinement dans les régions.

Le 3 avril 2020 Google a rendu public les statistiques de localisation de ses utilisateurs issues de près de 131 pays dont la France. Ces données permettent aux professionnels de mieux comprendre les changements des tendances de déplacement des utilisateurs et ainsi adapter leurs horaires d'ouverture ou leurs offres de services durant le confinement.

Dans un autre axe de technologies Apple et Google travaillent à la mise en place d'une base technique commune pour avertir leurs utilisateurs en cas de contact avec un porteur du virus. 

C'est donc une sorte de guerre technologique qui s'instaure mais aussi de nouvelles collaborations inattendues...

L'industrie de la tech peut-elle être touchée de plein fouet par ce constat ? Les pays également ? (Chine par exemple)  

Les industries de la technologie sont habituées au changement mais pas forcément à ceux que nous vivons actuellement. Elles vont vite pour beaucoup se réadapter au contexte.

Certes, certaines d’entre elles risquent d’y laisser leur peau. En effet, l’impact de la propagation du coronavirus à travers le monde ne s’est pas fait attendre dans l’industrie de la Tech. Des interruptions de production en Chine, aux annulations d’événements internationaux, en passant par la chute des ventes, les pertes se chiffrent déjà en milliards de dollars.

Les développements de nouveaux produits technologiques sont à l’arrêt et le fonctionnement des services web pourrait à terme être menacé par la hausse du trafic due aux mesures de confinement. Le cataclysme a débuté lorsque le gouvernement chinois a pris des mesures de quarantaine fin janvier 2020 puis de confinement général mi-février de la population de Wuhan dans la province d’Hubei. La décision a provoqué la fermeture de nombreuses usines en Chine, puis dans d’autres pays comme la Corée du Sud qui fut durant plusieurs semaines le second pays le plus touché par l’épidémie.

La production de smartphones, d’ordinateurs, de moniteurs, d’objets connectés, de stations 5G, de fibre optique, de circuits intégrés, de batteries, ou encore d’innombrables pièces destinées à des usines d’assemblage est impactée de plein fouet. Lorsqu’elles ne sont pas fermées, les chaînes de production tournent désormais au ralenti dans les quatre coins du monde nous rappelle le site de l’Informaticien.com.

Selon un rapport publié par TrendForce, la production mondiale de smartphone devrait diminuer de 12 % rien que pour le premier trimestre 2020. D’autres secteurs, comme la fibre optique dont 25 % de la production mondiale est faite à Wuhan devrait accuser des baisses financières abyssales.

En France, les prévisions de croissance des jeunes pousses tricolores sont en nette baisse. Mais près de la moitié d'entre elles disposerait de plus de 12 mois de trésorerie pour tenir face à la crise.

Quelques géants technologiques tentent à leur tour de se faire aussi qualifier d''essentiels' pour pouvoir continuer de produire. La Semiconductor Industry Association (SIA) a ainsi cette semaine demandé au gouvernement américain d'agir dans ce sens. AMD, Intel, Broadcom, IBM et Qualcomm notamment sont membres de la SIA. Tant Intel qu'AMD ont déjà annoncé qu'ils ne s'attendent quasiment pas à connaitre des problèmes de livraison à cause de la propagation du covid-19, ce qui est quelque peu surprenant de la part d'entreprises qui, pour leur hardware, dépendent de toute une chaîne d'approvisionnement transitant par plusieurs pays. Dans son rapport annuel à l'attention des investisseurs, Dell a déjà mentionné qu'elle tiendrait compte dorénavant des pandémies, tout comme des catastrophes naturelles telles des inondations, sécheresses et feux de forêt.

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