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1957, 1968 : petits (et utiles) rappels des années de pandémie
©SEBASTIEN BOZON / AFP

La mort a un passé

Des millions de morts. Enterrés et oubliés.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Chaque mort du coronavirus est un mort de trop. Chaque décès dû à ce virus est une tragédie. Pour celui qui en meurt, pour sa famille, pour ses proches. Mais le deuil s'impose-t-il pour tout un pays, pour toute la planète ? La tristesse et surtout la terreur sont, en effet, devenues nos compagnes et se propagent encore plus vite que le virus. 

En 1957, le monde entier fut frappé par ce que l'on a appelé "la grippe de Hong-Kong". Comme aujourd'hui elle venait de Chine. C'était il y a plus de soixante ans et pourtant les avions ne transportaient pas encore des centaines de millions de passagers.

Le virus, lui, voyageait très bien. Il fit environ un million de morts dont cent mille aux Etats-Unis et des dizaines de milliers en France. Des hôpitaux surchargés, des médecins débordés. Comme aujourd'hui. La pandémie dura un an. La guerre d'Algérie entrait alors dans une phase sanglante et De Gaulle revenait au pouvoir. De cela, on s'en souvient. Pas de " la grippe de Hong-Kong".

Dix ans plus tard, nouvelle pandémie. Elle était partie du Yunnan d'où son nom : "la grippe asiatique". Le bilan fut encore plus effroyable que celui occasionné par la grippe de Hong-Kong : deux millions de morts, au moins trente mille en France. L'année 1968 vit les barricades de mai s'élever en France, et les chars soviétiques entrer dans Prague. De cela, on s'en souvient. Pas de "la grippe asiatique". 

En 1957-1958, 1968 la planète ne s'est pas arrêtée de tourner ni de vivre. Que s'est-il passé depuis pour que nous soyons confinés dans la peur et l'angoisse. Deux explications s'offrent à nous.

L'information galope encore plus vite que le virus. Elle nous envahit, nous étouffe à chaque minute. Nous savons -car on nous le fait savoir en permanence- que tel jour il y a eu tant de morts à Aubervilliers, à Londres, à Téhéran ou à New-York. Nous vivons avec ces morts qui nous accompagnent au quotidien et d'une certaine façon nous en mourrons en nous éteignant.

Quelque chose d'autre également a changé. Nos sociétés, en quête de bonheur et de sérénité, n'acceptent plus la mort. Naguère considérée comme une douloureuse fatalité, elle est de nos jours hors-la-loi. Dans les années 1967-1958, 1968 on lui payait tribut. De nos jours, on pense qu'on peut s'en affranchir. C'est une erreur.

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