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Déconfinement graduel : ce que le gouvernement ne devra vraiment pas louper
©Thomas SAMSON / AFP

Risques de rechute

Edouard Philippe a annoncé que la sortie du confinement se fera probablement par étapes. Voilà les points sanitaires à surveiller pour ne pas se rater.

Pierre  Bentata

Pierre Bentata

Pierre Bentata, Fondateur de Rinzen, cabinet de conseil en économie, il enseigne également à l'ESC Troyes et intervient régulièrement dans la presse économique.

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Quelle analyse portez-vous sur les propos tenus par Edouard Philippe aux députés de la mission d’information sur l’épidémie de coronavirus ?

Jean-Yves Le Goff : Je répondrai sur 2 pôles :  le déconfinement et le tracking.

La question du déconfinement est redoutablement complexe selon le Premier Ministre, car il n'y pas de précédent, de process écrit.

Oui le déconfinement est complexe, mais on peut peut-être le simplifier quelque peu en s'inspirant de la Corée du Sud où il est vrai qu'un déconfinement total a été fait sur des lieux et une région celle de Daegu (ville de la secte religieuse contaminée massivement).

En appliquant ce que je préconise dans la 2eme partie : multiplier les tests PCR et tests sérologiques, dépister au maximum, traiter les patients positifs et surtout les isoler pendant une vingtaine de jours. Le tout associé au port du masque obligatoire pour sortir, travailler et aux mesures barrière qui sont essentielles aussi.

Bien sûr, il faudra étudier les déconfinements partiels, progressifs en fonction de l'immunité des Français (soulignant l’importance fondamentale des tests sérologiques, de leur fiabilité, et de leur nombre), en fonction des régions (cluster ou régions faiblement contaminées) des classes d'âge (patients âgés beaucoup plus exposés).

Mais tout ceci sera au mieux lisser, édulcorer en appliquant les techniques sud-coréennes qui ont réussi à être en décroissance importante de l’épidémie sans confinement et avec une économie  en bonne  marche.

Mais je rappellerai qu’avant de parler de déconfinement, il faut que le confinement dure le moins longtemps possible et soit le plus efficace. Et donc qu'il faut appliquer ces 3 éléments préconisés dans la 2-ème partie (PCR , Tests sérologiques et  traitement) dès maintenant en dehors des tests sérologiques qui ne sont pas encore utilisés à l’heure actuelle.

Concernant le tracking, c'est à dire l'utilisation des données de géolocalisation, je pense qu'il faudrait les utiliser pour les patients + sur la base du volontariat peut-être, pour lutter contre la propagation de l’épidémie. On parle de restrictions de libertés, soit. Mais la plus grande des restrictions de liberté n'est-elle pas le confinement total ? 

L'essentiel est de sortir le plus vite du confinement, au prix peut-être de quelques mois de géolocalisations des formes positives ?

Alors que le pic de l'épidémie est sur le point d'être atteint en Italie, la question de la relance de l'économie se pose désormais. Comment est-il possible de relancer l'économie du pays alors que des malades du Covid-19 demeurent au sein de la population ?

Pierre Bentata : Avant d'essayer de répondre, il faut préciser une chose: le terme de relance doit être oublié car ce qui n'a pas été produit en raison du confinement représente autant de richesses que l'on ne pourra produire plus tard. Puisque les entreprises n'ont pas davantage de moyens techniques qu'avant la crise, et puisque toutes les économies ont tourné au ralenti, il ne faut donc pas penser à une relance, mais plutôt à un redémarrage. 

Cela étant dit, l'économie du pays ne pourra repartir qu'à deux conditions: d'abord, il faut permettre au maximum de personnes et d'entreprises d'aménager leur façon de travailler - ce qui revient à flexibiliser l'ensemble des normes de travail - et faciliter le retour au sein des entreprises pour les activités qui ne peuvent fonctionner autrement. Je pense notamment à la construction ou à l'industrie. Ce qui nous amène à la seconde condition: redonner confiance aux citoyens, sans quoi, ils n'auront ni l'envie ni la motivation nécessaire pour retourner au travail. Or, la confiance dépend des mesures mises en œuvre par les pouvoirs publics. Sur ce plan, des tests massifs permettant de dépister rapidement, de confiner les personnes atteintes et de couper la chaine de contamination sont essentiels. 

Sans cela, il sera impossible de prévenir une nouvelle vague de contagion tout en favorisant une reprise. 

Comment des tests à grande échelle peuvent-ils permettre de relancer l’économie française ?

Jean-Yves Le Goff : Il n’y a pas de relance de l’économie française possible sans une reprise du travail pour le plus grand nombre de Français. Sortir des mesures du confinement total devient donc un enjeu essentiel, central. A mes yeux, pour juguler, terrasser une maladie, il n’existe qu’une seule méthode : diagnostic et traitement. Si on sort de ces sentiers battus, la maladie perdure et le confinement se prolonge avec d'autant moins d'efficacité sur l'épidémie.  

Dans le cas précis du Covid-19, multiplier les tests (PCR et tests sérologiques) est notre principale chance pour amorcer la fin du confinement, en tout cas pour l'amorcer quelque peu. Dans ce but, il faut lever les cadenas administratifs pour autoriser les laboratoires de l’Inserm (un seul a proposé d'en faire 1000 par jour !) et du CNRS à effectuer des tests PCR sur tout le territoire ainsi qu'un maximum de labos privés.

Il est essentiel de savoir si les gens ne sont pas contaminants. Un vrai effort du gouvernement pour libéraliser les tests est impératif pour une sortie de crise. En Indre et Loire, certains laboratoires vétérinaires en proposaient 1000 par jour : refusé par administration... Imaginez donc ce qu’il est possible de faire à l’échelle nationale… 

La population doit être testée le plus massivement possible déjà pour toutes les formes symptomatiques. Si une personne est détectée positive au Covid-19, elle doit être isolée et son entourage mis en quarantaine réelle, et non en confinement et tester y compris les personnes asymptomatiques car possiblement contaminants. On sait que pour le Covid-19, les gens sont contaminants jusqu'à 20 jours, après le début des symptômes, sauf cas exceptionnels. La quatorzaine parait ainsi insuffisante.  Mais il faut donc d’ores et déjà mettre en application ces mesures d’urgence, pour amorcer la fin du confinement.

Ensuite il faut multiplier les analyses sérologiques, c’est à dire dépister si l’infection est ancienne ou récente par l’analyse des anticorps IgG et IgM. Les décisions du gouvernement ne doivent pas être freinées par l’influence de lobbies sur l'obtention, la faisabilité, la multiplication des tests sérologiques. Il faut dépister un maximum de gens avec ces tests sérologiques, qui sont produits actuellement aux États-Unis et en Chine. Si ces tests, qui s’effectuent par une prise de sang, déterminent qu’un patient est immunisé, il faut alors lever le confinement pour cette personne, tout en lui imposant le port d’un masque pour sortir pour ne prendre aucun risque. Elle pourra être réintégrée ainsi au sein de l’économie nationale. 

Si ces deux mesures sont prises de manière drastique et concomitamment (test PCR sur les personnes symptomatiques et leur entourage sur 20 jours et analyses sérologiques) nous pourrons faire sortir, avec des précautions (masques, mesures barrières), les personnes immunisées ou négatives aux 2 tests. Avec ces mesures de prudence, nous pourrons faire repartir l’économie plus rapidement et sur de solides bases au regard de l’épidémie. 

La troisième mesure essentielle concerne évidemment le traitement. À l’heure actuelle, nous n’avons qu’un seul traitement potentiel, celui du Professeur Raoult, médecin chercheur, virologue de notoriété mondiale, aux publications innombrables, de très haut niveau... Son étude récente, quoique critiquable méthodologiquement, montre des résultats remarquables avec une très grande probabilité d’efficacité sur le coronavirus pour les raisons suivantes :

Le Professeur Raoult et son équipe travaille depuis 20 ans sur les différents autres corona virus avec des tests in vitro (en laboratoire sur des cultures de virus) et sur l'homme démontrant l'efficacité très importante du plaquenil comme traitement majeur.

Son étude concerne certes une cohorte de 24 cas non traités PCR + à 90% au 6ème jour versus 16 cas PCR+ seulement dans 25% des cas.

Des statisticiens interrogés par moi ont dit que la différence était si importante que de toutes façons elle était largement en faveur du traitement Raoult. Je ne crois pas que le Professeur Raoult et son équipe jouent leur réputation mondiale sur une partie de poker !

Par ailleurs, il existe une innocuité certaine pour un médicament utilisé depuis plus de 50 ans, avec des précautions cardiologiques basiques (ECG) et un dosage du potassium dans le sang.

Mais rappelons que pour montrer sa pleine efficacité, ce traitement associé à l'azithromycine doit être administré au début, pour les formes symptomatiques ou non.

Osons le Pari de Pascal :  il est plus avantageux de croire au bénéfice de ce traitement que de ne pas y croire…Vous ne perdez rien à croire !

Et ainsi en diminuant la charge virale des patients+ vous diminuez les formes contaminantes en nombre et la durée de contamination pour les patients +.

Conjuguer, associer ces 3 éléments (tests PCR, sérologiques et traitement des cas +) permettrait une sortie du confinement plus rapide et plus efficace, induisant ainsi une reprise plus efficiente et plus progressive de l’Économie Nationale avec le port de masques obligatoire à l'extérieur et les mesures barrières, tous deux fondamentaux.

En France, quels secteurs d'activité doivent-ils être remis en route en priorité pour relancer efficacement notre économie ?

Pierre Bentata : La question n'est pas simple. D'un point de vue macroéconomique, il faut évidemment cibler les secteurs générant le plus d'emplois et d'activités. Mais cela implique de permettre à l'ensemble des fournisseurs et sous-traitants de travailler à nouveau, sans quoi, les secteurs moteurs se retrouveront sans  les produits intermédiaires nécessaires à leur production. 

Par ailleurs, la France reste un pays de services et les services marchands représentent 56% du PIB. Or, ces derniers sont assurés par un grand nombre d'entreprises, très diverses aussi bien dans leur taille que dans leurs missions. Dans ce contexte, la reprise ne devrait pas être envisagée de façon sectorielle mais globale: l'économie n'est pas un circuit, ni une machine dont on peu isoler certains rouages, tout interagit et doit coexister, sans quoi il est impossible pour les entreprises de prendre des décisions qui profitent aux consommateurs. 

J'insiste sur ce point fondamental: c'est la coexistence de tous les secteurs économiques et la liberté des prix qui fournissent l'information essentielle aux entrepreneurs concernant ce qu'ils doivent produire et comment le produire. Si nos gouvernants bloquent certains secteurs ou en ralentissent le fonctionnement, ils créeront des distorsions dans l'activité qui se traduiront par une surabondance de produits peu désirés et une pénurie de produits préférés par l'ensemble de la population. 

La crise sanitaire du Covid 19 et les profonds bouleversements économiques qu'elle a suscités engendreront-ils une réorganisation de nos mécanismes économiques à moyen terme ?

Pierre Bentata : Pour pouvoir faire quelques projections, il faut bien comprendre la situation actuelle et même passée. Depuis la crise des subprimes, nos fondamentaux économiques ne sont pas bons, justement parce que pour empêcher une crise plus grave, les gouvernements des principaux pays développés ont choisi d'injecter massivement de la liquidité et de faciliter le crédit. En conséquence, une grande partie de nos entreprises, et des Etats d'ailleurs, vivent au dessus de leurs moyens, dans une situation d'endettement déjà presque intenable.

Avec le confinement, la situation de ces entreprises s'est encore dégradée, au point qu'elles sont à présent dépendantes des injections de liquidités par la Banque Centrale Européenne et des crédits bancaires. En économie, on parle d'entreprises "zombies" car sur le plan strict de leurs flux de trésorerie et de leur capacité à générer des profits, ces entreprises sont déjà mortes. Si l'on ajoute à cela l'endettement massif des Etats eux-mêmes, et l'effondrement de la production qui résulte du confinement, on peut entrevoir les transformations à venir.

D'abord, plusieurs grandes entreprises considérées comme stratégiques mais déjà "zombifiées" vont devoir disparaître ou être nationalisées. Ensuite, un grand nombre d'entreprises, des TPE aux ETI, vont se retrouver en faillite, peu importe les injections de liquidités, car elles ne seront pas en mesure d'assurer un niveau de production suffisant et révèleront qu'elles ne génèrent pas assez de flux de trésorerie et donc de richesses. Cela provoquera une augmentation du chômage. Tout cela va inciter la population à attendre davantage de l'Etat, alors même qu'il est surendetté et a provoqué - quand bien même cela été nécessaire, l'histoire le dire - cette crise. Au plan national, on pourrait donc assister à un retour en force des Etats omniprésents, et donc à un repli des libertés entrepreneuriales et individuelles.

Enfin, sur un plan plus  global, la mauvaise gestion de la crise par les Chinois a révélé les défaillances intrinsèques des Etats autoritaires et fortement bureaucratiques. Cela va certainement inciter les entreprises européennes et américaines à se désengager de Chine pour mieux se recentrer sur leurs marchés fondamentaux. Si l'on combine cela avec ce qui précède, la situation future pourrait ressembler à une régionalisation de l'économie, avec des Etats jouant un rôle de premier plan dans les stratégies économiques. 

Pour les partisans d'un monde libre et de l'économie de marché, il faudra donc être très attentif dans les semaines à venir.

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