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Coronavirus : comment la technocratie nous a méthodiquement mené dans le mur
©Thomas SAMSON / AFP

Faites entrer l’accusé

L’épidémie de Coronavirus a dévoilé au grand jour les lacunes de la technocratie française. Dr Yves Roucaute invite le pouvoir politique à en tirer des leçons.

Yves Roucaute

Yves Roucaute

Yves Roucaute est philosophe, épistémologue et logicien. Professeur des universités, agrégé de philosophie et de sciences politiques, docteur d’État en science politique, docteur en philosophie (épistémologie), conférencier pour de grands groupes sur les nouvelles technologies et les relations internationales, il a été conseiller dans 4 cabinets ministériels, Président du conseil scientifique l’Institut National des Hautes Etudes et de Sécurité, Directeur national de France Télévision et journaliste. 

Il combat pour les droits de l’Homme. Emprisonné à Cuba pour son soutien aux opposants, engagé auprès du Commandant Massoud, seul intellectuel au monde invité avec Alain Madelin à Kaboul par l’Alliance du Nord pour fêter la victoire contre les Talibans, condamné par le Vietnam pour sa défense des bonzes.

Auteur de nombreux ouvrages dont « Le Bel Avenir de l’Humanité » (Calmann-Lévy),  « Éloge du monde de vie à la française » (Contemporary Bookstore), « La Puissance de la Liberté« (PUF),  « La Puissance d’Humanité » (de Guilbert), « La République contre la démocratie » (Plon), les Démagogues (Plon).

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On ne devrait jamais tourner le dos à un danger pour tenter de le fuir. Si vous le faites, vous le multiplierez par deux » pensait Winston Churchill. Face au coronavirus, nous pourrions rire de ce gouvernement qui joue au Père Ubu, prompt à prendre le large face au danger et déjà prêt à s’attribuer les mérites de la victoire quand celle-ci sera avérée. Hélas !, le temps n’est pas au rire. La France se terre, la France souffre, la France pleure ses morts et ses blessés. Le temps n’est pas aux bûchers des vanités gouvernementales non plus. Émue, unie, reconnaissante, la France vole au secours des plus fragiles, des plus isolés, des plus âgés et applaudit dans les larmes ces soignants qui prennent le risque de leur vie pour la sauver et ces boulangers, comme ceux du XVème arrondissement de Paris, qui livrent l’Hôpital Pompidou

Pourtant écoutez bien, et vous entendrez enfler une juste et sourde colère devant l’incompétence, la morgue et l’irresponsabilité de ce gouvernement ébranlé à la moindre brise, effondré quand vient la crise. Un quarteron de technocrates, appuyé sur de prétendus experts, quelques aficionados médiatiques et des élus conservateurs, qui est allé de tergiversations en rodomontades, attendant la succession des « phases » d’évolution comme d’autres regardaient les chars passer lors de la débâcle de 1940. Et aujourd’hui encore, incapable de prendre les mesures nécessaires pour tests, masques, gants, confinement total, désinformant même encore et toujours sur les vrais facteurs de transmission.

Le temps n’est pas encore au procès général, mais il viendra.  Il commence déjà.  600 médecins et infirmiers portent plainte contre le gouvernement et l’ancienne ministre Agnès Buzyn, qui a eu la lâcheté de se taire au lieu de sonner l’alarme et qui, en avouant à moitié sa faute, ne peut être qu’à moitié pardonnée. Les Français sont généreux mais ils ont la tête chaude comme disait le philosophe Hegel, et, plus qu’en Italie, il n’y a jamais loin du Capitole à la Roche Tarpéienne.

Face à ce drame humain et à sa déplorable gestion, pour avoir écrit Le Bel Avenir de l’Humanité, je suis souvent interpellé : est-ce donc ainsi que nous allons vers ce monde merveilleux annoncé ? Oui, c’est ainsi. Cette crise sanitaire en porte la marque et en dit le sens. Nous vivons un moment de transition. Ce moment où s’intensifie le combat du camp du progrès, celui des partisans des sciences et des technologies qui ont donné l’alerte et réclamé le confinement sans avoir été écoutés, celui des soignants qui permettront de vaincre cette maladie malgré l’incompétence gouvernementale, celui des réseaux sociaux qui les soutiennent. En face ? Le vieux monde. Celui des technocrates ignorants, ivres d’eux-mêmes, arcboutés sur leur vision autoritaire et magico religieuse du « pouvoir », associés aux conservateurs étatistes, aux Ayatollahs de l’écologie à la Greta Thunberg ou à la Nicolas Hulot et aux apocalyptiques à la Yuval Noah Harari qui ont désarmé le pays par leur idolâtrie de la nature et les freins mis à la créativité humaine.

Ce combat du camp du progrès a bel et bien commencé dès fin janvier et s’est amplifié jusqu’à aujourd’hui.

Que nul ne dise que le Président Emmanuel Macron et le gouvernement ne pouvaient pas savoir, eux qui, par ailleurs, au nom du principe de précaution, se permettent d’arrêter les recherches en biotechnologies dès que piaille un groupe de pression. Nous fûmes nombreux à relayer l’alerte lancée par le docteur chinois Li Wen Liang sur la létalité et le danger de pandémie de ce virus, qui l’a tué le 7 février. Lui-même condamné au silence par les autorités qui, pour maintenir leur ordre, craignaient plus de laisser circuler cette information que le virus. Elle n’a donc servi à rien la mise en garde de l’Organisation mondiale de la Santé qui le confirmait ? A rien, les indications des laboratoires chinois qui conseillaient le confinement ? Chine et Corée du sud ne démontraient-ils pas une nette décrue par cette stratégie dès le 27 février ?

Épistémologue, je ne fus pas le seul lanceur d’alerte à exiger la nécessité du confinement, dès que furent confirmés les modes de transmission de ce coronavirus. Devant l’impudence de ces technocrates, j’ai même relayé les travaux dirigés par le Professeur Vincent Munster du Centre de virologie d’Hamilton, dans l’Alabama, cosignés par des universitaires de l’UCLA (Californie) et de Princeton connus dès le 9 mars, diffusés massivement le 13 mars par la célèbre revue MedRxiv, consultable en ligne.

Durée de survie du virus ? Jusqu’à 4 heures sur le carton, 3 jours sur le plastique (en moyenne 16h) et l’acier (en moyenne 12h). Transmissible par les airs ? Oui. Jusqu’à 3 heures. Confirmant ce qui était suspecté dès le 12 février dans une publication de l’Anesthesia Patient Safety Foundation qui s’appuyait sur les études du SARS-CoV, un autre coronavirus. Les travaux de 18 laboratoires américains, et de quelques laboratoires chinois accessibles, confirment le fait à peu de différences près.

Mais au lieu de reconnaître l’erreur, après tout humaine, la technostructure outragée qui craignait moins les morts que de reconnaître s’être trompée, se mit à dénoncer les lanceurs d’alerte. Psychorigide comme toute bureaucratie elle avait décrété en janvier que se laver les mains et se tenir à un mètre de distance suffisait et des morts, par les voies non réglementaires prévues, elle allait continuer à s’en laver les mains.

Persistant dans son errance, malgré les condamnations scientifiques internationales et les protestations de l’immense majorité du corps médical français, et l’opposition de certains politiques éclairés par les sciences, il fut exigé de voter le dimanche 15 mars, en pleine débâcle sanitaire. Reculer les élections de quelques semaines ? Pas possible, sinon la démocratie serait perdue ! Cartons, enveloppes et bulletins de vote avaient-ils été vaccinés par quelque Jupiter de fortune ? Isoloirs, air et salles immunisés par les prières de ses saints ? Assesseurs et citoyens appelés à dépouiller protégés par l’esprit saint élyséen au point de purifier les minuscules gouttelettes propulsées dans l’air à plusieurs mètres à la moindre parole, même prononcées à voix basse, connues  depuis 1880 grâce à Karl Flügge? Oui, toutes ces inepties, « en même temps ».

Et, le miracle du lundi 16 mars eut lieu : l’urgence de rester chez soi fut décrétée. Le virus avait soudain varié sous une troisième forme durant la nuit, inconnue des chercheurs mais non des parapheurs. Et d’un coup de baguette magique, la démocratie engloutie la veille si le premier tour n’avait pas eu lieu à l’heure prévue, devient sauvée en repoussant le second tour à une date inconnue. Et pour éviter d’avoir à avouer s’être une nouvelle fois trompé, une remise en cause sacrilège de son « pouvoir », le Président bavard, regardant la France dans les yeux, n’a pas une fois prononcé le mot maléfique de « confinement ».

Aujourd’hui encore, le combat du camp du progrès continue.

La guerre dîtes-vous ?  Je vois surtout une nouvelle ligne Maginot. Les gants seraient inutiles. Prenez ces plastiques, déballez ces cartons, soyez sans crainte: les matamores qui gouvernent se chargent  de verbaliser les virus qui se permettraient de passer la membrane cellulaire par liaison dangereuse par leur protéine S, inconnue des fichiers de police, de se balader dans le cytoplasme de la cellule avec leur brin d’ARN étranger, comme un sans papier, de travailler clandestinement avec ses 15 gènes pour finalement s’imposer et se multiplier dans le corps pour le Grand Remplacement, ce qui est formellement interdit. De quoi être rassuré ?

Les masques ? L’O.M.S  répète depuis le 3 mars que la pénurie de masques met en danger le personnel soignant et aussi ceux qu’ils soignent : sans masque, le virus va librement du médecin au quidam ordinaire et du quidam ordinaire au médecin ou à d’autres quidam ordinaires. Mais il y a l’exception française. La connaissance parfaite du double décimètre sur leur bureau éclaire nos technocrates : ce coronavirus mesurant environ 0,125 micron, les masques ne pourraient empêcher de passer des particules aussi petites. Sauf, quand ils s‘agit des soignants qui ont droit au masque, comme c’est indiqué dans un règlement trouvé sur une étagère, car alors cela servirait à quelque chose. Une étude de 2008, de l’Institut de santé des Pays Bas, démontrait pourtant que les masques en coton protégeaient à 60% contre des particules de 0,02 à 1,1 micron, 78% pour les masques chirurgicaux et 98,9% pour les masques FFP2. L’université d’Edinburgh a de son côté testé les masques chirurgicaux : ils arrêtent 80% des particules de 0,007 microns, un peu en dessous de la moyenne des filtres industriels… et même les mouchoirs en tissu protègeraient d’environ 28%.

Les masques en France seraient-ils victimes d’un sort maléfique connu des sorciers de l’Élysée ? Et cela au point de n’avoir pas pensé en produire ou en acheter depuis janvier ? Et de n’avoir pas distribué ceux qui existent ? Car les masques existent, beaucoup les ont rencontrés. Un stock des 150 millions. Finalement, dans sa grande bonté, il est décidé le 18 mars, plus d’un mois après l’explosion de la maladie, d’en livrer 25 millions aux « n’importe qui ». Les autres ? C’est peut-être pour une collection.

Afin de justifier leur incompétence, nos technocrates prétendent que leur comportement d’aujourd’hui serait dû à l’expérience de 2009. Roselyne Bachelot, ministre de la santé, pour prévenir le pays contre la grippe H1N1, avait alors commandé 95 millions de vaccins qui n’auraient « servi à rien ».  Diantre !, mais qui savait alors que cette grippe ne ferait pas des ravages quand  les chercheurs d’alors mettaient en garde ? S’il y avait eu des milliers de morts, l’aurait-on déclaré coupable ? N’est-ce pas le rôle des élus et des individus payés par les citoyens de prévenir la sécurité de leurs corps, premier des droits individuels, au lieu de courir après un bilan comptable pour économiser ? Et depuis début février, avons-nous une possible pandémie ou une pandémie avérée ? Alors,  où en est la production de masques ? Où sont les tests aussi ? 17 000 par semaine en France, 160 000 en Allemagne, cherchez l’erreur. 10 minutes pour tester en Corée, des journées d’angoisse en France. Donnez-nous des Roselyne Bachelot, je vous laisse les docteur Diafoirus.

Je vous laisse les Ayatollahs de l’écologie et les apocalyptiques aussi, et ces multiples comités éthic-toc inutiles et parasites qu’ils influencent, prompts à justifier conservatismes et routines, interdits et freins aux expérimentations sur les traitements et les innovations. Car ce sont eux, ces Nicolas Hulot pathétiques, qui offrent à la technostructure et à sa gestion verticale de la vie le simulacre de couverture morale et scientifique dont elle a besoin. Et ils sont aussi le premier vecteur de cet esprit malade qui a envahi la France et qui conduit à plus s’intéresser à la condition des rats de laboratoire qu’à la santé des humains.

Contre les idolâtres de la terre, le temps est venu de rappeler que ce coronavirus, le COVID-19 est un élément de la fameuse « nature » avec d’autres virus létaux, bactéries morbides, champignons, maladies génératives, maladies génétiques, mort même, tsunamis, tremblements de terre, volcans… Il ne doit rien à l’industrialisation, aux sciences, aux technologies ou à la déforestation de la France ou de l’Amazonie, que la grippe espagnole, la lèpre, le Candida auris ou la peste.

Aujourd’hui face aux coronavirus, comme hier, l’humanité doit mettre à la poubelle le logiciel des archaïques pour affronter la dite « nature ». Comment les humains ont-ils survécu aux maladies et aux changements climatiques qui ont fait disparaître 90% des espèces animales depuis le paléolithique inférieur ? Comment ont-ils traversé 12 glaciations et autant de réchauffements depuis 3,3 millions d’années ? Par cette certitude qu’il lui faut dominer les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les animaux domestiques et toute la terre. L’humanité d’abord.

Ce qui distingue l’humanité des animaux n’est pas le rêve absurde d’une harmonie avec un environnement, car cela ne se peut pas. Ce n’est pas non plus d’être « intelligent» (« sapiens »), Homo sapiens comme le prétend Yuval Harari qui tient à vendre aux benêts dans la confusions scientifique la plus extrême son conte à dormir debout d’une Super Intelligence qui viendrait nous bouffer, car les animaux, à des degrés divers, le sont évidemment aussi. Ce qui le distingue : c’est d’être créatif. L’humain est l’être qui transforme son environnement, créé des civilisations, amélioré son corps. Une tripe créativité. Il est « Homo creator ». Et respecter la nature, c’est d’abord respecter la nature créatrice humaine. Et combattre tout ce qui l’interdit, des pollutions aux idolâtries. La vraie morale dit l’humanité d’accord, l’humanité d’abord.

C’est ce qui se joue aujourd’hui. Contre technocrates, conservateurs, Ayatollahs de l’écologie et apocalyptiques, ce coronavirus révèle que nous ne souffrons pas de trop de progrès, mais de pas assez. Guerre à ce virus naturel ? Oui, j’en conviens. Elle passe par la solidarité avec nos soldats de première ligne, les soignants, mais aussi par une défaite des tutelles technocratiques qui doivent se plier aux exigences du savoir au lieu d’essayer de protéger leurs places. Un combat du camp du progrès contre les idolâtries de la Terre, de l’État, du Marché, du Pouvoir… qui construisent des lignes Maginot, empêchent l’explosion des nouvelles technologies, traquent les réseaux sociaux et, finalement, organisent la débâcle et menacent des vies. La revanche des enfants dJeux interdits. C’est aussi le sens du message de Winston Churchill qui, face au danger, poursuivait ainsi : «Mais si vous l'affrontez rapidement et sans vous dérober, vous le réduirez de moitié. » Puis totalement. Comme lui-même le fit.

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