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Coronavirus : 12 réponses aux questions que tout le monde se pose
©ludovic MARIN / AFP / POOL

Santé

On entend malheureusement presque tout sur le coronavirus et il est parfois difficile de délier le vrai du faux. Pourtant il existe une seule et vraie réponse à ses questions. Voici une liste d’interrogations garantie sans fake news.

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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1. Quelle est la période d’incubation du coronavirus ? Combien de temps doit-on rester chez soi si on a peur d’être infecté ?

Stéphane Gayet : La période d'incubation moyenne est de l'ordre de 5 à 6 jours, avec des extrêmes partant depuis 3 jours et jusqu'à 12 jours. D'où la période de confinement de sécurité de 14 jours (en cas d'incubation de 12 jours, on verra les signes et symptômes apparaître dès le 13e jour, ce qui conduira à maintenir le confinement).

L'expression « mise en quarantaine » date des grandes épidémies meurtrières : choléra, peste, typhus, variole… Ce délai qui était alors empirique, reposant sur des observations médicales, s'appliquait aux navires, aux villes… On appliquait alors bel et bien un confinement de masse pendant quarante jours. Dans le règlement sanitaire international (RSI) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), on trouve toujours l'usage de l'expression « maladies quarantenaires. »

2. Est-on immunisé du coronavirus suite à un rétablissement du virus ?

L'immense majorité des maladies infectieuses virales aiguës sont immunisantes, mais plus ou moins. En revanche, celles qui évoluent sur un mode chronique ne le sont pas, par définition. La grippe, la rougeole, la rubéole, les oreillons, l'hépatite virale (aiguë) sont immunisantes. L'infection par le virus VIH ne l'est pas, bien sûr. Concernant l'infection à coronavirus SARS-CoV-2, elle est peu immunisante. C'est pourquoi elle a tendance à se prolonger dans le temps et à avoir une évolution biphasique : au bout d'une semaine, peut apparaître une reprise de la fière avec une dyspnée marquée (essoufflement). Il va sans dire que les personnes qui finissent par en guérir ont quand même développé une immunité, sans quoi l'infection persisterait.

3. Le coronavirus est-il dangereux pour les personnes souffrant d’asthme ? Et y-a-t-il un risque pour la santé des enfants en bas-âge ?

Depuis le début de l'épidémie à Wuhan, on a été frappé par le fait que beaucoup d'adultes d'âge moyen développaient une forme sévère en raison d'une pathologie pulmonaire chronique. Le tabagisme est fréquent, la pollution dans cette région est considérable et les conditions de vie sont à la limite de la salubrité pour beaucoup de personnes. L'asthme fait partie de ce type de pathologie favorisante. Mais contrairement à la grippe, on a l'impression que c'est d'avantage une dégradation de l'état des voies aériennes inférieures qui favorise les formes graves, plus que l'état de santé du système immunitaire.

Les enfants en bas âge et les adolescents ont un faible risque de forme sévère, sauf ceux qui ont les bronches abîmées par des infections virales ou bactériennes répétées dans leur petite enfance. En revanche, ce sont de grands disséminateurs de virus, indisciplinés eu égard à leur âge.

4. Peut-on attraper le coronavirus en touchant la barre du métro ou tout autre objet infecté par un porteur ? Si oui, combien de temps l’objet reste-t-il infectieux ?

Lorsqu'une personne malade tousse frontalement à 50 cm du visage d'une autre personne, le risque de contamination est de 90 % environ. Si cette personne malade tousse à 50 cm d'une barre de métro ou de tout autre objet dur et lisse, l'individu qui touche dans les minutes qui suivent, ce vecteur contaminé (tout élément permettant une transmission indirecte entre deux êtres humains), a un risque de contamination d'environ 35 %. Ce risque s'atténue donc avec les relais ; et il s'atténue aussi avec le temps, car le coronavirus est fragile sur le plan physique. Naturellement, il faut que les doigts ayant été ainsi contaminés soient portés sur l'une des muqueuses du visage : yeux, narines, lèvres et bouche. Ainsi, comme on l'a compris, le risque de contamination est maximal directement entre deux individus et il s'atténue au fur et à mesure que les virions sont déplacés de support en support (de relais en relais). En somme, la vraie mesure efficace de prévention est de se tenir à distance les uns des autres (1,5 mètre) et de fuir sur le champ les personnes qui toussent. L'autre mesure efficace consiste à parler le moins possible. La friction hydroalcoolique des mains toutes les heures n'est pas logique : vous faites une friction à 9 heures, à 10 heures et à 11 heures ; à 11 heures 20, vous touchez dans un transport en commun une barre contaminée et vous mettez dans la foulée une pastille dans votre bouche ; à 12 heures, vous faites une friction hydroalcoolique qui arrive trop tard, bien sûr : l'hygiène microbienne n'est pas un ensemble d'automatismes, c'est une discipline réflexive ayant pour objet la prévention de la contamination. Il faut préciser que les produits hydroalcooliques n'ont pas d'effet rémanent : le fait d'effectuer une friction alcoolique ne les protège pas pendant une heure.

On estime que la persistance virale sous forme infectieuse dans l'environnement n'excède pas 3 heures. Le risque est alors devenu faible à ce terme. Mais cela ne concerne que les virus respiratoires enveloppés, dont le coronavirus.

5. Se rendre dans une piscine publique n’est-il pas dangereux en période de pandémie ?

La piscine ne présente aucun risque, sauf dans les vestiaires. Au contraire, il faut faire de l'exercice physique pour aider le système immunitaire à se maintenir et se renforcer. C'est donc la bonne période pour aller à la piscine, mais attention aux transports en commun pour s'y rendre.

6. Le port de masque limite-t-il la contamination et évite-t-il de contracter la maladie ?

Le port du masque chirurgical ou masque de soins ou masque antiprojection ne protège pas efficacement la personne qui le porte, mais on continue à voir des personnes porter ces masques dans les gares et les transports en commun ; de toute évidence, beaucoup de personnes n'ont rien compris. Ces masques sont une fausse protection et leurs porteurs du coup se croient autorisés à s'affranchir des vraies mesures protectrices. C'est affligeant, c'est un échec de communication, certes largement inspiré du spectacle des foules de Chinois dans les rues avec un masque non protecteur.

L'usage de ces masques se conçoit essentiellement à domicile, quand une personne est malade et pour protéger les autres.

Les vrais masques protecteurs (FFP2) sont réservés aux milieux de soins.

7. Les chaleurs du printemps viendront-elles à bout de l’épidémie de coronavirus ? Les climats chauds ou froids influent-ils sur la propagation du virus ?

Plus l'air est chaud et plus il est humide. L'air chaud et humide limite considérablement la transmission aérienne des virus par les micro gouttelettes. Plus l'air est froid et plus il est sec : cet air favorise au contraire la transmission aérienne de ces microgouttelettes. C'est l'une des raisons pour lesquelles les infections respiratoires virales sont fréquentes au cours de la saison froide. Cela devrait se traduire par une faible intensité du phénomène épidémique dans les pays ayant un climat à la fois chaud et humide (mais hélas, dans ces pays, il est fréquent d'observer un non-respect des mesures barrière, pour des raisons à la fois culturelles, éducationnelles, matérielles et souvent religieuses : le fatalisme).

8. Si l'on a plus de soixante ans et que l’on est assesseur, n’est-ce pas là un comportement à risque ?

La personne qui est un aidant pour une personne malade est bien entendu très exposée au risque de contamination par le coronavirus, dans l'hypothèse où cette personne serait effectivement atteinte de l'infection CoVid-19. La personne malade doit porter un masque antiprojection. Elle doit parler le moins possible. Il est utile d'humidifier l'air de façon importante, en raison de ce que nous avons vu. Certaines huiles essentielles antivirales peuvent constituer une aide utile. L'assesseur a tout intérêt à effecteur un bain de bouche et un gargarisme au moins 3 à 4 fois par jour, avec un produit antiseptique ORL : BETADINE ORL (verte), ELUDRIL. Attention, beaucoup de produits ne possèdent pas vraiment les propriétés antiseptiques qu'ils revendiquent pourtant.

9. Toujours pour les plus de soixante ans, est-ce raisonnable d’aller voter ?

Il faut mesurer le risque. L'idéal est de choisir l'heure où l'affluence est la plus faible. Il faut garder ses distances (1,5 m) et fuir les personnes qui parlent, surtout si elles parlent fort. Parmi les personnes qui tiennent le bureau de vote, celles qui se singularisent par une toux manifeste, devraient impérativement porter un masque. Ce serait une mesure avisée et cette fois adaptée de surchauffer les bureaux de vote et d'en humidifier l'air. Mais les experts qui rédigent les recommandations officielles sont des experts doctes et sûrs d'eux.

C'est en définitive à chacune et à chacun d'apprécier son risque, afin de prendre la bonne décision. C'est délicat, c'est un vrai dilemme.

10. Le Coronavirus est-il plus dangereux que la grippe ?

Le danger du coronavirus est lié au fait que toute la population est immunologiquement naïve vis-à-vis de ce nouvel agent infectieux viral. La comparaison entre la grippe et le CoVid-19 est délicate.

Le coronavirus s'attaque surtout aux personnes qui ont un appareil respiratoire déjà affaibli ; la grippe aux personnes dont le système immunitaire est faible. C'est sensiblement différent ; bien sûr, on peut avoir les deux en même temps…

L'épidémie de grippe est toujours active (deux souches de virus A très pathogènes circulent) ; voici l'ordre de grandeur du phénomène épidémique grippal en France depuis son début en octobre :

- 1 500 000 cas de syndrome grippal ayant donné lieu à une consultation ;

- 15 000 cas de grippe confirmés par un prélèvement (mais ce chiffre ne renseigne en rien sur le nombre réel de cas) ;

- entre 800 et 900 cas graves hospitalisés en réanimation ;

- entre 7000 et 8000 décès probablement attribuables à la grippe (il faut savoir que l'immense majorité des décès liés à la grippe surviennent chez des personnes âgées que l'on n'hospitalise pas en réanimation).

11. Quels sont les symptômes du coronavirus ?

Les principaux symptômes et signes de l'infection CoVid-19 sont un état fébrile (en général au moins 38 °C), une grande fatigue et une toux sèche (on ne crache pas). Les signes habituels de la grippe (céphalées ou maux de tête, rhinite, mal de gorge et douleurs musculaires) sont beaucoup moins fréquents et marqués, voire absents.

Au début, le tableau n'inquiète pas et on a tendance à négliger ces symptômes et signes. L'infection peut évoluer de façon assez bénigne pendant 8 à 10 jours, voire un peu plus, avant de guérir sans séquelle. Mais une grande fatigue (asthénie) va généralement persister quelque temps, avant de s'effacer. Cela correspond à 80 % des cas.

Dans 15 % des cas, après 7 à 10 jours, une dyspnée (essoufflement) peut se constituer : elle est angoissante, c'est comme une impression de noyade progressive. Ce sont ces formes que l'on hospitalise ; ces malades finissent par guérir, parfois au prix d'une insuffisance respiratoire chronique par fibrose post-infectieuse (mais cela reste rare).

Ce sont les 5 % restants qui nécessitent une hospitalisation en réanimation et en général une assistance respiratoire, soit par ventilation mécanique par respirateur avec intubation trachéale, soit par ventilation non invasive (VNI) pour les cas qui sont les moins critiques.

12. Un patient déjà malade fournit-il un terreau propice pour le coronavirus ? Se combine -t-il à la maladie pour créer une nouvelle mutation ?

C'est surtout l'état préexistant de son appareil respiratoire qui est déterminant. Le coronavirus est un gros virus à ARN qui est assez remarquable par sa stabilité génomique, car ce génome, contrairement aux autres virus à ARN, a un dispositif de relecture et de réparation lorsqu'il est répliqué par la cellule. Le risque de mutation stable est donc considéré comme très faible avec ce coronavirus. Cependant, son génome possède une capacité de s'adapter quand c'est nécessaire (la mutation est un accident, l'adaptation est une faculté, c'est différent).

Habituellement, avec les zoonoses (maladies infectieuses de l'animal pouvant passer plus ou moins facilement à l'Homme), les transformations éventuelles d'un virus se déroulent chez l'animal (cas du porc pour le virus grippal A). Avec ce virus qui est en phase épidémique humaine, une transformation de son génome, produisant une nouvelle souche à la fois virulente et très contagieuse, n'est pas la préoccupation actuelle des virologues.

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