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Coronavirus : le COVID-19 va-t-il pousser la zone euro vers la récession ?
©KAZUHIRO NOGI / AFP

Contamination de l'économie

L'épidémie de coronavirus provoque des bouleversements dans l'activité de nombreuses villes en Chine. Le ralentissement économique se propage à d'autres régions du monde. Plusieurs pays sont dorénavant touchés par le virus comme l'Italie, la Corée du Sud ou l'Iran. Ce virus pourrait fortement impacter la croissance mondiale suite à l'arrêt de l'économie chinoise.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Au bord en tout cas, parce que le virus touche un corps dont les trois principaux membres, Italie, Allemagne et France étaient déjà affaiblis ou malades, pour des raisons propres à chacun, avant son arrivée.

229 cas confirmés de COVID-19 mardi 25 février : l’Italie est brutalement frappée. On ne sait encore comment. C’estle troisième pays du monde après la Chine (77 700 cas, ce même mardi 25 février) à être touché par le virus, derrière la Corée  du sud (900 environ à la même date). Le choc est sévère parce qu’il est soudain et surprenant, entrainant inquiétudes, quarantaines, villages qui se barricadent et annulations de festivités. Ainsi, l’Italie est sans doute le cas économique le plus sérieux de la zone, avec déjà une baisse du PIB de 0,3% au quatrième trimestre 2019 et une longue série de quatre trimestres de croissance anémique à 0,1%. 

L’Italie est une économie qui stagne, malade en fait depuis longtemps, avec une crise industrielle longue, des PME trop petites et qui investissent trop peu, une population en baisse, sans compter la gangrène de la maffia qui se répand et une crise politique endémique. Pas de surprise donc si ce pays est surendetté, avec encore trop de banques trop petites, encore percluses de crédits douteux, même si des efforts considérables sont faits pour les réduire. La dette publique égale 140% du PIB, le déficit budgétaire 2,2% du PIB. La politique des taux bas de la Banque centrale européenne, ses achats de bons du trésor et son soutien direct aux banques italiennes, comme à toutes d’ailleurs mais dont elles avaient plus besoin que d’autres, par des prêts à taux bas pour qu’elles achètent des bons du trésor « se refassent » des marges a fait tout ce qu’elle a pu. La question d’une restructuration de la dette va donc monter dans les marchés. L’Italie est le seul pays de la zone euro, avec la Grèce, où le rendement du bon du trésor à 10 ans est monté lundi  24 février (de 5 points de base) – on le vend parce qu’on en a peur, alors qu’ila baissé ailleurs – on les achète, parce qu’on a moins peur d’eux !Mais « restructurer la dette » est-il possible avec les règles de la BCE qui n’est pas sensée détenir de bons de trop piètre qualité ? Que va-t-elle en faire ?

16 cas confirmés de COVID-19 en Allemagne, dans une économie à 0% de croissance au dernier trimestre 2019, après 0,2 au troisième. La consommation s’arrête, la dépense publique ralentit dans un pays qui est pourtant en fort excédent budgétaire et surtout l’investissement industriel baisse de 2%, après -1,4% au trimestre précédent. L’Allemagne industrielle se trouve au carrefour des tensions directes avec les États-Unis, où Donald Trump veut taxer ses belles automobiles, directes avec le Brexit, où le futur des modèles BMW se pose, indirectes avec les tensions Chine-USA, qui font ralentir  ses gros acheteurs, plus un marasme politique et bancaire croissant. Marasme politique, avec la succession compliquée d’Angela Merkel et l’affaiblissement parallèle du Parti socialiste allemand (SPD) dont on ne voit pas l’issue. Marasme bancaire avec la diète sans fin de Deutsche Bank et de Commerzbank, sans que l’on sache vraiment ce qui se passe dans les nombreuses et inefficaces banques et caisses d’épargne du pays.

12 cas confirmés de COVID-19 en France, après -0,1% de croissance au quatrième trimestre 2019 et une baisse des prix de -0,4% en janvier, sous les effets des baisses de prix des soldes tandis que les prix de l’alimentation et de l’énergie ralentissent. La fin de l’année 2019 voit en effet des ménages dont la consommation ralentit : +0,4% après +0,2%, surtout des investissements d’entreprises qui ralentissent très fortement, de +1,3 à +0,3% du 3ème au 4éme trimestre, tandis que les entreprises continuent de puiser dans leurs stocks. Le climat des affaires reste stable en février, notamment avec une amélioration prévue des carnets de commandes. Mais ceci est fragile dans un pays en tensions politiques fortes, entouré de ses principaux partenaires en difficulté. 

Au total, COVID-19 puissant avec un affaiblissement permanent en Italie, COVID-19 modéré avec des attaques puissantes contre BMW et Mercedes en Allemagne, COVID-19 modéré avec des Gilets jaunes et les grèves sur la réforme des Retraites en France, le tout dans une atmosphère politique délétère dans chacun, plus une difficulté à dépenser 0,01% du PIB européen pour cadrer son futur, on comprend que le climat s’alourdisse ! Ce qui retient la zone euro au bord de la récession, c’est l’idée que la Chine va tout faire et tout dépenser pour repartir et que la Banque centrale américaine est la seule à pouvoir baisser ses taux si nécessaire, en attendant la réélection de Trump. La non-récession en Europe ? C’est les autres !

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