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Ces étudiants bloqueurs de facs qui plombent l’université française (et la majorité de leurs camarades)
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Université en colère ?

Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux dans lesquelles on peut y voir quelques étudiants prendre d’assaut d'amphithéâtres et empêcher la tenue des examens. Les fauteurs de trouble auraient notamment arraché des copies.

Pierre Duriot

Pierre Duriot

Pierre Duriot est enseignant du primaire. Il s’est intéressé à la posture des enfants face au métier d’élève, a travaillé à la fois sur la prévention de la difficulté scolaire à l’école maternelle et sur les questions d’éducation, directement avec les familles. Pierre Duriot est Porte parole national du parti gaulliste : Rassemblement du Peuple Français.

Il est l'auteur de Ne portez pas son cartable (L'Harmattan, 2012) et de Comment l’éducation change la société (L’harmattan, 2013). Il a publié en septembre Haro sur un prof, du côté obscur de l'éducation (Godefroy de Bouillon, 2015).

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Atlantico : Que pensez-vous de ces agissements ? Pourquoi les étudiants font-ils cela, qui plus est, à leurs propres camarades ?

Pierre Duriot : Ce type de comportement est récurrent dans le milieu étudiant. On est régulièrement dans la revendication violente de groupuscules militants, parfaitement connus et qui vont souvent dans le même sens, « non à la sélection », non au contrôle des acquis et du travail, non aux mauvaises notes... en résumé, avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est à dire, le résultat, sans le travail. Au final, ils ne défendent la plupart du temps que les intérêts de groupes constitués minoritaires, voire ultra-minoritaires, mais hyperactifs. On se souvient de cette revendication, en 2018, qui consistait à réclamer 10/20 de note, même en cas d'absence. Farfelu ? Pas tant que cela, c'est ce qui arrive en cas de mouvement empêchant la tenue des examens, ou des cours. Ainsi, en 2007, une diplômée en sociologie, se rappelle ainsi avoir reçu la moyenne d’office à ses partiels, en licence, à l’université Paris VIII, en raison du blocage de ce site basé à Saint-Denis, lors de la contestation de la « loi Pécresse ». Également, en 2016, l’Union nationale des étudiants de France avait assuré que de nombreux étudiants auraient bénéficié de ce traitement en 2016, à la suite des mouvements contre la loi Travail.

Dans ces actions, il est nécessaire d'identifier les fauteurs de trouble, la plupart du temps lié à l'ultra-gauche, ou à l'islamo-gauchisme, étant donné l'infiltration connue de ce syndicat par les Frères musulmans et largement évoquée par la presse en 2018.

On est sur la même ligne que la forme de nivellement qui a touché le bac et gonflé la demande de bacheliers en direction des facultés. Ce n'est pas parce toute une nouvelle population se voit désormais titulaire du bac qu'elle a le niveau pour intégrer une faculté. Se retrouvent donc dans ces « usines » du supérieur, tout un tas de gens qui n'ont rien à y faire, qui même parfois, ne mettent quasiment pas les pieds en cours et dont on peut subodorer qu'ils sont les animateurs de ces mouvements de gêne, à la limite de la violence et souvent même violents, avec une facture de cinq millions d'Euros à l'issue des troubles de 2018.

Ces agissements viennent de la part d'une minorité d'étudiants. Ce mouvement peut-il s'agrandir ? Si oui - et au souvenir de ce qu'il s'est passé en Mai 68 - que peut faire le gouvernement ?

Les départs d'incendies sociaux dans les facs sont des événements à haut risques pour les gouvernements. On compte dans l'histoire moderne, outre 1968, l'affaire Malik Oussekine, liée à la loi Devaquet, en 1986, où le gouvernement a dû battre en retraite. Les étudiants se mobilisent parfois contre des réformes ne touchant pas directement l’enseignement, par exemple pour le contrat d'insertion professionnelle, en 1994, ou pour le contrat première embauche en 2006, et font reculer les gouvernements. Devaquet et Villepin en ont fait les frais, entre autres. Plus récemment, les marches étudiantes et lycéennes, pour le climat, ont fait passer des moments d'équilibre au pouvoir. Ceci pour dire qu'on ne peut pas trop prévoir l'issue de ces premiers feux. Soit ils s'étouffent d'eux-mêmes, soit ils se propagent à l'ensemble des établissements, puis à l'ensemble de la société, avec des effets collatéraux. A la différence des salariés, les étudiants ne sont pas limités par le manque de leurs salaires pour faire des grèves et peuvent se lancer dans de très longues périodes de contestation : trois mois en 1976. On retrouve, la plupart du temps, à la manœuvre, des groupes et ligues, communistes ou révolutionnaires et les manifestations sont largement infiltrés de groupes radicaux, spécialistes en gros dégâts matériels. Le gouvernement doit donc surveiller les affaires de très près et empêcher les choses de dégénérer le plus tôt possible.

Toutes les filières sont-elles concernées par ces agissements ? Qu'en est-il dans les écoles d'ingénieurs par exemple ?

Non, toutes les filières ne sont pas concernées, au premier chef, les filières d'excellence, dans lesquelles le niveau d'exigence est élevé, dès l'entrée. On se retrouve alors avec des étudiants motivés, de très haut niveau, issus de milieu la plupart du temps, aisés, voire très aisés. Les préoccupations, les codes comportementaux, les objectifs professionnels, les niveaux de culture et d'éducation, ne sont pas les mêmes. Le public est radicalement différent et les mouvements de revendication beaucoup plus rares et ne prenant pas les mêmes formes. Qui entend parler de saccages à l'Essec, Mines, Polytechnique, Supelec, ou encore à l'Ecole nationale de l'aviation civile, ou à l'école nationale de la Marine marchande ?

Comment faire en sorte que ces d'étudiants violents cessent ces agissements ? Faut-il modifier le système de fonctionnement des facs et autres universités ?

Vaste question. A mon sens, il faut modifier le système éducatif dans son ensemble et organiser la sélection, doublée d'une orientation, à tous les niveaux de l'enseignement, à partir de la cinquième des collèges. Éviter ainsi que trop d'enfants ne se retrouvent à la mauvaise place, dans des cursus qui ne leur conviennent pas, ou qui dépassent leurs capacités cognitives, ou de travail. Il n'y a pas de honte à ne pas être scolaire et existent de multiples possibilités de vies en dehors de la réussite dans l'enseignement général et supérieur. Sur l'ensemble du cursus, il faut retrouver des cadres, une exigence de travail et de résultat, veiller à amener chacun au niveau qu'il peut atteindre et non pas décréter, par calcul électoral, un niveau que tout le monde doit atteindre. Les élèves se répartiront alors mieux dans les filières générales, les facultés, les grandes écoles et les filières professionnalisantes. Les très bons élèves partent dans les grandes écoles. Un certain nombre intègre déjà des filières professionnelles, avec plus ou moins de bonheur, puisque le tissu artisanal et industriel de la France part en loques. Entre les deux, un contingent massif se retrouve dans des facultés, parasitées par des « étudiants » n'ayant rien à y faire, obligées de pratiquer une sélection par l'élimination, se soldant par des gâchis spectaculaires, comme en médecine. Le coût de cette incurie a été évalué, par exemple, en 2017, à l'époque de Frédérique Vidal, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. L'échec à l’université a un coût financier d'environ 500 millions par an, mais aussi un coût psychologique et humain. Le taux d’échec des étudiants inscrits en licence, après quatre ans, atteint 60 %, alors que le diplôme doit normalement être obtenu en trois ans. Sachant qu'une année d'étude coûte 7000 euros aux contribuables, il serait temps, effectivement, d'avoir des exigences et de se préoccuper du bazar que mettent des groupuscules politisés.

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