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"Vous n'aurez pas le dernier mot" de Diane Ducret : que diable allait-il faire dans cette galère ?
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Atlanti Culture

Anne-Claude  Ambroise-Rendu pour Culture-Tops

Anne-Claude Ambroise-Rendu pour Culture-Tops

Anne-Claude Ambroise-Rendu est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

"Vous n'aurez pas le dernier mot"

De Diane Ducret 

Mise en scène : Jérémie Lippmann 

Avec Stéphane Bern 

INFOS & RÉSERVATION
Théâtre Montparnasse
31 rue de la gaité
75014 Pars
Tél. : 01 53 25 02 85
http://www.theatremontparnasse.com/
Du jeudi 17 octobre 2019 à 19h00 au lundi 16 décembre 2019. Lundi: 20h ; mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 19h ; dimanche à 18h

RECOMMANDATION
Bof


THÈME
Seul en scène composé à partir d’un montage de citations plus ou moins fameuses censées avoir été proférées par des personnalités dans l’ensemble célèbres à l’instant de leur trépas. Où l’on croise, entre autres célébrités, Shakespeare, Flaubert, Mazarin, Marie-Thérèse et Louis XIV, Catherine de Médicis, La Pompadour, Mata Hari, Hugo, Voltaire, Freud, Baudelaire, Jaurès, Clemenceau, Kant, Proust, Oscar Wilde, mais aussi un poilu de la Grande guerre à la veille de sa mort.

POINTS FORTS
La mise en scène est une réussite qui, à elle seule, donne son unité et sa tenue à ce spectacle, à la fois sobre et vivante.

Le décor est également assez réussi : composé d’un canapé Louis-Philippe sur lequel est jeté un manteau royal de fantaisie et qui est entouré de deux lustres, l’un simplement posé au sol. L’écran géant encadré de lumière contribue à animer la scène de portraits photographiques ou filmés et d’images d’archives évocatrices.

POINTS FAIBLES
Ils sont, hélas, de poids. 

* Stéphane Bern n’est pas un comédien et cela se voit. Il joue, non sans grâce au demeurant, de sa notoriété de défenseur du patrimoine, présentant au passage une vision de ce qui est patrimonial qui n’étonnera pas mais laisse tout de même un peu pantois : « une œuvre qui compte pour l’humanité ». C’est un peu court tout en n’étant ni très explicite ni très imaginatif, comme du reste cette invocation des « grands hommes ». 

* Les applaudissements qui saluent son entrée en scène sont à la fois délicieux et embarrassants, disant assez que ce que le public est venu voir c’est l’homme de télévision, le défenseur du patrimoine, l’animateur aimé beaucoup plus qu’un spectacle de théâtre.

* Et tant mieux au demeurant, puisque le texte est exempt de cet esprit du XVIIIe siècle tant vanté qui, s’il avait été au rendez-vous, nous aurait valu quelques saillies d’une autre tenue. Si on ne peut guère lui reprocher ses approximations historiques (Voltaire n’est pas mort quai Voltaire qui alors s’appelait le quai des Théatins), on peut déplorer qu’il charrie autant de banalités et de platitudes.

* Tout ceci serait sans gravité si tout en prétendant faire de l’histoire, ce spectacle n’évacuait pas toute "historicité", et donc tout enjeu politique, le plus frappant étant la mort de Jaurès réduite à son supposé amour de la tarte aux fraises, comparé à la guerre des tranchées qui se déclenche ensuite, sans que ne soit mentionnée la raison de son assassinat, qui est quand même son pacifisme actif...

* Cet impair montre assez à quel point il est absurde de s'intéresser aux "derniers mots des écrivains", précisément parce que ce sont des écrivains. L’évocation des derniers instants de Proust dont les mots ultimes et fictifs auraient commencé par " longtemps je me suis couché de bonne heure" est pitoyable et relève du contresens décrivant un écrivain qui a cherché à travailler La recherche jusqu'à son dernier souffle …

EN DEUX MOTS 
A mi-chemin entre la représentation de patronage (de luxe tout de même) ou de collège et le cabotinage du one man show, ce spectacle offre une vision de la littérature et de l’histoire et de ce qui mérite d’être conservé dans « les annales » très conservatrice et convenue. On sourit parfois malgré la vulgarité de l’ensemble, mais on ne rêve pas, on n’apprend rien qu’on n’oubliera dans l’instant, on ne réfléchit pas, on ne s’émerveille pas, on ne frémit pas. Convoquer autant de grands esprits et de figures de pouvoir pour créer si peu de magie et d’émotion c’est bien dommage…

UN EXTRAIT
Flaubert : « Cette pute de Bovary va vivre et moi je vais mourir comme un chien ».

Louis XIV : « Je meurs mais l’Etat demeure ».

Mata Hari : « Eh ben c’est bien la 1ère fois qu’on m’aura pour 12 balles »

L'AUTEUR
Auteure de romans et d’essais dont certains furent composés à partir d’archives, Diane Ducret est aussi chroniqueuse de radio et de télévision (Europe 1, France 2 avec Secrets d’histoire en collaboration avec Stéphane Bern) et de magazines (Lire). Ses émissions, qui délivrent une vision de l’histoire de France organisée autour des têtes couronnées, font polémique depuis des années.

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