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"Un diplomate mange et boit pour son pays" de Stéphane Gompertz : un ambassadeur témoigne
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Atlanti Culture

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"Un diplomate mange et boit pour son pays"

De Stéphane Gompertz 

Editions Odile Jacob, 216 pages. 

RECOMMANDATION
Bon


THÈME
Derrière la formule imagée d’un collègue africain un soir de réception, Stéphane Gompertz démystifie un métier caricaturé, associé aux mœurs du temps jadis et au prétendu train de vie des ambassades. L’intention est louable et même neuve tant les écrits de diplomates, à l’exception de quelques rares « Mémoires » passées à la postérité, sont réservés aux seuls destinataires des fameux TD (télégrammes diplomatiques) ignorés du grand public auquel s’adresse ce livre. L’auteur nous guide avec un sérieux alerte et pédagogique, teinté d’un humour subtil, sur les chemins de la diplomatie française.

POINTS FORTS
Au « Département », un oui veut dire peut-être et un peut-être ressemble à un non qui ne prononce jamais son nom. Ici, les mots sonnent clair et vrai, mélangeant des généralités nécessaires, des cas concrets instructifs, des anecdotes souriantes, des principes et des leçons à caractère pédagogique pour ceux qui voudraient s’essayer à ce qui reste une aventure à part : représenter son pays, comprendre et traduire ce qui est masqué, inscrire l’immédiateté de l’exigence politique dans le temps long culturel et historique des peuples et des nations, nouer des relations de confiance avec des amis qui se comportent en ennemis. Et réciproquement. Inutile de préciser que de tels enjeux et circonstances exigent, tant dans les hautes sphères que dans la boue du terrain des hommes, des professionnels rompus à ces équilibres subtils, à une intelligence complète des situations et à un doigté tout…diplomatique.

Au bilan, l’auteur nous rassure à l’expérience de son parcours dans ses premiers postes en ambassade, en Ethiopie qu’il a beaucoup aimée puis en Autriche, au Quai d’Orsay comme auprès des organisations internationales, sur l’état de la diplomatie française dont le sort est parfois lié à sa cuisine.

POINTS FAIBLES
Attiré par la saveur du titre, je dois avouer une légère frustration. La diplomatie racontée ici ne sollicite guère les références exceptionnelles de la mémoire du Quai. Elle paraît un peu générique, labourée en surface, avec trop peu de tripes, de tempéraments à l’oeuvre, de débats de consciences, de coulisses obstruées, de secrets locaux mis à jour comme des trésors. Derrière la belle retenue de l’auteur, connu comme un grand professionnel, la part humaine exportable du beau métier d’ambassadeur se dévoile trop peu.

EN DEUX MOTS
Un guide, un cours, un témoignage, un ouvrage utile à ceux qui veulent décoder un monde à part dans le monde et vivre quelques heures instructives en ambassade.

UN EXTRAIT
- “ A vrai dire, certains ambassadeurs sont plus Excellences que d’autres”.
- “ Il faut prendre le temps d’être bref”.
- “ Il y a des cas où l’absence d’instructions est assez confortable”.
- “ Notre mission était double : associer la propagande à la câlinothérapie”.
- “ Notre défense du français est souvent hypocrite”.

L'AUTEUR
Stéphane Gompertz, né en 1949, ancien élève de l’école normale supérieure, agrégé de lettres, a d’abord été universitaire avant son passage à l’ENA (1981) et de devenir diplomate. Il a été en poste au Caire, à Londres, directeur d’Afrique au Quai d’Orsay et ambassadeur en Ethiopie et en Autriche. Aujourd’hui, conseiller d’un fonds d’investissement à impact, il enseigne et œuvre au sein de plusieurs associations. Il est l’auteur, avant celui-ci, de trois ouvrages parmi lesquels Malgré Rothko : essai, 2008 et Le sourire en chemin : chroniques éthiopiennes, 2011, aux éditions L'Ange minotaure.

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