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"Une partie de badminton" : Heurs et malheurs d’un écrivain en mal d’inspiration. Un beau roman sur lequel souffle le délicat vent breton
©Capture d'écran Iceland

Atlanti-Culture

Serge Bressan pour Culture-Tops

Serge Bressan est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"Une partie de badminton"

De Olivier Adam
Editions Flammarion 384 pages

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THÈME

Il est écrivain, s’appelle Paul Lerner et a 45 ans. Il vivait en Bretagne, Saint-Malo, Dinard… Il a connu quelques succès, est venu vivre à Paris. Mais voilà, le succès est cabotin, insaisissable- oui, Paul Lerner a continué d’écrire mais ses nouveaux livres ont moins bien fonctionné. Alors, il décide de retourner d’où il venait, la Bretagne, et le moins qu’on puisse dire, c’est que, avec femme et enfants, ce retour cinq ans plus tard n’est pas celui d’un gagnant, d’un vainqueur. Un retour piteux- « La vérité c'est qu'il n'avait jamais rien compris à cette vie. Et qu'il avait toujours été incapable de s'y mouvoir ». Ses finances ont fondu, il accepte un poste de journaliste dans le journal hebdomadaire local. Et c’est, pour Paul Lerner, le début des galères. Manon, son ado de fille est malheureuse, ne se faisant pas à la vie en Bretagne et considérant que « ses parents avaient gâché sa vie » ; Sarah sa femme accumule les heures de voiture pour aller travailler à Rennes dans un lycée où elle donne des cours de Français aux migrants d'un centre d'accueil, et elle se désespère de leur couple entré dans l’ordinaire… et lui, il connaît une sacrée panne d’inspiration- un constat s’impose : « La vie s'acharnait à faire voler en éclats ses certitudes, ses fondations mêmes, celles qu'il croyait immuables, mais ça allait ».

Ainsi, Paul va apprendre la liaison de Sarah avec Lise, une amie de longue date ; la mort d’un ami écrivain perdu de vue depuis un si long moment et dont la disparition fait ressurgir quelques secrets… Et puis, il y a une mystérieuse jeune femme, elle donne l’impression de rôder tout près de Paul, qui est-elle ? Oui, « c’était ça, la vie. Des emmerdes, des deuils, des amitiés brisées, des secrets, des mensonges, des enfants qui partaient en vrille, des pépins de santé, des hauts, des bas, le grand manège, du grand n’importe quoi. Et il fallait s’en contenter. La regarder bien en face, telle qu’elle était, et s’y mouvoir debout ». Oui, la vie n’est pas vraiment une partie de badminton…

POINTS FORTS

- Tenu pour un « écrivain social », Olivier Adam développe, une fois encore avec  Une partie de badminton, deux thèmes qui lui sont chers : la classe moyenne et l’inadaptation sociale.

- L’art de l’auteur quand il s’attaque et mêle avec bonheur de nombreuses thématiques, parmi lesquelles le milieu intellectuel parisien loin, si loin de la France périphérique ; la nostalgie ; le mal-être, la morosité ; l’amertume ou encore la résurgence de secrets pourtant si profondément enfouis…

- A travers les heurs et malheurs du personnage principal Paul Lerner, la démonstration implacable que « la vie est un putain de sport de rue et non une partie de badminton ».-L’écriture d’Olivier Adam sans la moindre forfanterie et toujours délicieusement fluide.

POINTS FAIBLES

- L’accumulation de désillusions, de coups durs, de galères… à un moment, on a vraiment envie de dire « stop » !

EN DEUX MOTS ...

Avec son douzième roman- « Une partie de badminton », Olivier Adam continue à tracer son sillon. Une fois encore, avec ce texte autant social qu’intime, il met en scène son double- littéraire, c’est sûr ; personnel, peut-être… Et il signe un beau roman sur lequel souffle un délicat vent breton. C’est revigorant à souhait !

UN EXTRAIT

« Les ventes se concentraient désormais sur une poignée de titres et les autres étaient condamnés à la confidentialité. Il fallait créer l’événement pour s’en sortir. D’une manière ou d’une autre. Être la nouvelle sensation. Ou tenir un sujet qui attire les médias. Qui fasse le buzz. Provoque la polémique. Ou qui intéresse d’emblée les gens. Genre, la Seconde Guerre mondiale. La vie romancée de Trucmuche. Un phénomène sociétal du moment. Ou à défaut se foutre à poil. Seuls les très gros vendeurs ou les auteurs « médiatiques » pouvaient se contenter d’écrire ce qui leur chantait. Pour eux, le simple fait de publier un nouveau livre constituait d’emblée un événement ». 

« Peut-être fallait-il en finir avec tout ça. Ne plus revenir sur leurs pas. Repartir de zéro. S’inventer d’autres racines, d’autres attaches. Mais il s’emballait. Comme toujours. C’était dingue comme la perspective de fuir et de tout effacer avait le pouvoir de le regonfler à bloc, d’élargir ses poumons et son horizon. Pourtant il savait mieux que personne qu’en changeant de lieu on s’emmenait avec soi ».

L'AUTEUR

Né à Draveil (Essonne) le 12 juillet 1974, Olivier Adam est un écrivain et scénariste français. Après des études de gestion d’entreprises culturelles, il débute dans la vie professionnelle comme conseiller des collectivités locales dans leur politique culturelle. Il participe en 1999 à la création des Correspondances de Manosque en 1999 et travaille brièvement comme directeur de collection dans une maison d’édition. Il publie son premier roman en 2000 : « Je vais bien, ne t’en fais pas ». En 2002, après son troisième roman (« Poids léger »), il décide de se consacrer totalement à l’écriture et en 2004, pour « Passer l’hiver », il reçoit le prix Goncourt de la nouvelle. L’année suivante, il quitte la région parisienne pour s’installer en Bretagne, à Saint-Malo- il reviendra à Paris en 2014. Il publiera, sur un rythme régulier, des romans et aussi des textes pour la jeunesse.

En 2007, il a reçu le prix Roman France Télévisions pour « A l’abri de rien » et en 2013, il a été fait chevalier des Arts et des Lettres. Publié le 21 août 2019,  Une partie de badminton  est son douzième roman.

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