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"La clé USB" de Jean-Philippe Toussaint : l’art de rendre romanesque l’univers de l’informatique
©Capture d'écran // Librairiedoucet

Atlanti-Culture

Marie De Benoist pour Culture Tops

Marie De Benoist est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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La clé USB

De Jean-Philippe Toussaint

Les éditions de Minuit

192 pages

RECOMMANDATION

Excellent

THÈME

Le narrateur, Jean Detrez, fonctionnaire à la Commission européenne de Bruxelles, dirige une unité de prospective, qui tente de construire l’avenir. Il s’intéresse aux nouvelles possibilités de la blockchain et des bitcoins. Contacté par des lobbyistes, il s’empare de la clé USB de l’un d’eux et croit déceler une escroquerie organisée par des bulgares pour acheter avec des fonds européens des machines à « miner » en Chine et développer ainsi cette nouvelle technologie dans leur propre pays. Attendu à Tokyo, où il doit participer à un colloque, il passe secrètement par Dalian (Chine), visite la fabrique de ces machines  et découvre les mystères menaçants de la « blackdoor », porte dérobée, grâce à laquelle un contrôle caché des ordinateurs est rendu possible. Le vol de son propre ordinateur le déstabilise, il perd pied et se trouve brusquement renvoyé à sa vie personnelle.

POINTS FORTS

• Le thème du temps dans la vie du personnage principal : expert dans la préparation de l’avenir des européens,  il n’a aucune perspective dans sa propre vie, « enlisé dans un présent perpétuel » ; il prévoit un « blanc » de deux jours pour aller en Chine, comme s’il arrêtait la course du temps ; à la fin, le passé s’avèrera plus important que tout le reste.

• Un humour bien à lui : la caricature pleine d’ironie des lobbyistes et des eurocrates ; le vol de son ordinateur, raconté de manière burlesque, suivi de sa furie vengeresse contre des cintres antivol dans un hôtel ; un ton décalé qui mêle des éléments savants à des situations risibles.

• Une fin inattendue très personnelle et très belle dans son émotion contenue.

• Un style ciselé.

POINTS FAIBLES

• Des lecteurs renonceront peut-être à entrer dans ce monde complexe de la blockchain et des ordinateurs quantiques ! 

• Ils pourront être déconcertés aussi par le changement de registre des dernières pages.

EN DEUX MOTS...

Derrière une intrigue très rythmée, digne d’un roman d’espionnage, se cachent des propos plus intimes sans doute autobiographiques. Jean-Philippe Toussaint tente de rendre romanesque l’univers de l’informatique, tout en soulignant l’impasse d’une telle démarche.

UN EXTRAIT 

« Les lobbyistes sont … souvent d’anciens collègues recyclés dans le privé, qui … ont sauté le pas et sont passés de la lumière édénique de la Commission (qui défend, nul ne l’ignore, le bien commun) à l’ombre méphistophélique de la défense des intérêts privés. » p. 27 

« Je voyais une constante de mon caractère, une raideur, une rigidité, une difficulté que j’ai toujours eue à exprimer mes émotions. » p. 191

L'AUTEUR

Né en  1957, Jean-Philippe Toussaint a fait partie du courant minimaliste. Il a publié, entre autres, La salle de bain (1985), L’appareil-photo (1989), La télévision (1997), L’urgence et la patience (2012), Made in China (2017) et Le cycle de Marie en quatre tomes (2002-2013), dont deux ont obtenu un prix : Fémina pour Fuir en 2005 et Décembre pour La vérité sur Marie en 2009.

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