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Le nombre de catastrophes naturelles meurtrières n’a cessé de diminuer (et leur impact sur l’économie mondiale avec)
©François Laplante-Delagrave / AFP

A rebours

Contrairement à ce que l'on entend régulièrement, les catastrophes naturelles tuent aujourd'hui bien moins qu'il n'y a de cela 100 ans. Pourquoi ? Notamment parce que nous sommes plus résilients notamment grâce à la croissance économique.

Ferghane Azihari

Ferghane Azihari

Ferghane Azihari est journaliste et analyste indépendant spécialisé dans les politiques publiques. Il est membre du réseau European students for Liberty et Young Voices, et collabore régulièrement avec divers médias et think tanks libéraux français et américains.

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Atlantico : Le taux de mortalité lié aux catastrophes naturelles est en baisse partout (inondations, sécheresse, séismes etc). Pourquoi cela? Est-ce dû à la croissance économique, aux innovations technologiques ?

Ferghane Azihari : Aujourd'hui, on sait que la résilience des sociétés humaines et des civilisations croît avec la croissance économique, c'est-à-dire que la croissance économique permet de se montrer toujours plus productive, créatrice de richesses, ce qui de fait implique des systèmes de santé plus performants,  des infrastructures plus résistantes aux catastrophes naturelles. Des intellectuels comme Steven Pinker dans Le triomphe des lumières ou encore Johan Norberg avec Progress: Ten reasons to look forward to the future, ont montré que plus les sociétés sont riches, plus elles ont les capacités à résister face aux dangers que nous impose parfois la nature.  Ce constat remet en question les solutions décroissantistes qui lient la sécurité environnementale à la baisse de production globale de richesses. C'est un contresens. Cette doctrine laisse entendre qu'il y aurait d'un côté les sociétés riches qui seraient des enfers environnementaux, et de l'autre les sociétés pauvres qui seraient des paradis. Cette lecture est tout à fait erronée car certes les sociétés pauvres émettent beaucoup moins de CO2, mais elles connaissent d'autres fléaux environnementaux plus graves, que l'on peut combattre depuis deux siècles, grâce aux révolutions industrielles qui se sont succédées. Le développement technologique est un corollaire de la croissance économique. La croissance économique résulte en partie du progrès technique et ce dernier permet aux civilisations d'être plus adaptées lorsqu'il y a des catastrophes naturelles. En 2010, Haïti a connu plus de 230,000 décès à la suite d'un séisme de 7. Quelques semaines plus tard, le Chili subit un séisme plus violent qui ne fait "que" 525 morts et 23 disparus. La différence est liée au fait que le Chili est un pays développé et Haïti un pays en voie de développement. Le Chili a par exemple des infrastructures et des technologies antisismiques qui font que les bâtiments résistent mieux, les êtres humains sont mieux protégés et bénéficient de meilleures informations. Dans un pays pauvre comme Haïti, lorsque la nature vous frappe, vous n'avez pas beaucoup de moyens de faire face à elle. L'idée que la richesse nous expose à des dangers environnementaux remonte à Rousseau. Lors du tremblement de terre à Lisbonne, il écrit à Voltaire et dit que si les habitants de Lisbonne avaient subi autant de dégâts, c'est parce qu'ils ont commis l'erreur de se regrouper dans cette grande ville et de fait, la civilisation et l'urbanisation auraient exposé l'humanité à des dangers qui auraient été existants dans l'état de nature.

Ce graphique contredit les discours alarmistes. Pourquoi continue-t-on à médiatiser ces discours?

Le discours écologiste aujourd'hui est animé par un anticapitalisme rance. Dans la mythologie capitaliste, il y a une volonté de croire que le capitalisme conduit à l'effondrement des sociétés dites "de pratique".  L'écologie est le nouveau réceptacle de ces ressentiments anticapitalistes alors que toute la littérature économique montre au contraire que la problématique climatique est in fine une problématique de développement économique. Certes le réchauffement de la planète va générer de nombreux problèmes dans plusieurs pays comme les maladies tropicales dans les pays chauds, des inondations, des intempéries mais tous les économistes sérieux expliquent que ces problèmes seront réduits par plus de développement économique. Le paradoxe du discours décroissant est le suivant. On conspue une richesse au nom d'un danger que cette même richesse peut mitiger. C'est un très mauvais calcul. En 1970, un cyclone a tué 500,000 personnes au Bangladesh. En 1991, un autre cyclone d'intensité similaire, fait 139,000 morts. En 2007, même intensité, même pays, 15,000 morts. Que s'est-il passé entre 1970 et 2007 ? Le Bangladesh s'est développé, il a connu une croissance économique et même si ce sont 15,000 de trop, le développement économique a permis à la population d'être plus résiliente.  A nouveau, il faut que les écologistes mettent leur anticapitalisme de côté pour réaliser que la civilisation industrielle, loin d'être l'ennemie de la sécurité environnementale, est au contraire son alliée la plus précieuse.

Est-ce que les projections vont continuer dans ce sens ? Peut-il y avoir un retournement de situation ?

Tout dépendra du climat intellectuel et idéologique. Si les sociétés futures renoncent au capitalisme, se battent pour la décroissance, je prédis des catastrophes humanitaires comme on peut les voir ailleurs. Si l'on prend un pays comme le Venezuela qui a divisé son PIB par deux en quelques années, je ne pense pas qu'ils vivent la sobriété heureuse d'un Pierre Rabhi. Je pense au contraire qu'il y a une résurgence de la famine, des maladies, tout simplement car quand les êtres humains sont plus pauvres, ils s'exposent à des fléaux traditionnels qui ont gangrené notre existence depuis des millions d'années.  Si demain l'humanité poursuit sa réforme vers une économie plus libérale, plus innovante, plus productive, avec une technophilie qui fait que l'innovation technologique des OGM qui résistent à la sécheresse, des dispositifs toujours plus astucieux pour nous adapter à notre environnement, si l'humanité continue dans cette voie-là, alors il n'y a aucune raison de penser qu'elle s'expose à des périls insurmontables. 

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